Nous voici à la troisième génération des pianistes interprètes de Messiaen. Après Yvonne Loriod, puis les Beroff, Muraro, Aimard, c'est au tour de Bertrand Chamayou. Pour qui « les Vingt Regards sur l'Enfant-Jésus sont un véritable monument du XXème siècle » et dit avoir découvert cette immense partition dès son plus jeune âge. Magnifique marque d'humilité que de ne l'aborder au disque, et en concert, qu'à celui de la maturité. Une œuvre où s'exprime « la surprenante modernité de Messiaen » (Claude Samuel) comme un irrésistible attrait du monumental. L'interprétation du pianiste français est un modèle de fidélité au texte comme de ferveur musicale.
- ''Good Night !''
- Morceaux en forme de berceuse de Leoš Janácek, Franz Liszt, Sergei Lyapunov, Frédéric Chopin, Heitor Villa-Lobos, Mel Bonis, Edvard Grieg, Ferruccio Busoni, Helmut Lachenmann, Bohuslav Martinů, Mily Balakirev, Charles-Valentin Alkan
- Bryce Dessner : Song for Octave
- Bertrand Chamayou, piano
- 1 CD Erato : 0190295242435 (Distribution : Warner Music)
- Durée du CD : 55 min 15 s
- Note technique :




(5/5)
En ces temps de vitesse et de tumulte, il est réconfortant d'en suspendre le vol par une musique respirant calme et réflexion, empruntant au genre de la berceuse. Une constellation de compositeurs s'y sont consacrés, de Chopin à Busoni, de Brahms à Martinů, de Janáček à Mel Bonis. Et bien des russes. Bertrand Chamayou a eu la fière idée d'en proposer un savant florilège qui, plus qu'une collection de vignettes, est imaginé « comme un récit aux multiples inflexions, entre innocence et introspection ». À savourer sans modération.
La rubrique CD s’ouvre chaque vendredi à des disques déjà parus que la revue considère comme indispensables pour leur qualité musicale et technique.
Jouer l'intégrale de la musique pour piano solo de Ravel, c'est pénétrer au cœur de l'univers sans doute le plus secret d'un musicien qui a si bien maîtrisé la petite forme. C'est aussi un chalenge, qui n'est pas de nature à effrayer Bertrand Chamayou. Cet artiste de l'eau la plus pure y est d'emblée chez lui. On se souvient de son intégrale des Années de pèlerinage de Liszt (Naïve) qui fusa comme un coup de tonnerre. Le miracle se renouvelle avec peut-être plus d'évidence. Des moments de bonheur.