La longue et riche carrière du chef d'orchestre Bernard Haitink, un des derniers titans du podium, a connu un glorieux automne. Comme le montre l'enregistrement des Symphonies de Brahms en concert à Londres en 2003 et 2004. Le disque préserve ces moments, comme bien d'autres. Brahms, comme Beethoven et Bruckner, ont toujours été au cœur du répertoire du grand chef néerlandais. C'est dire si ces CD sont les témoins vivants de son art.
Le chef Simon Rattle a toujours été fasciné par la musique de Bruckner. Il aborde cette fois la Quatrième Symphonie dont il donne, à la tête du LSO, la version révisée de 1881, dans une nouvelle édition due à Benjamin-Gunnar Cohrs. Une première au disque. Il propose en outre les mouvements écartés par Bruckner lors des divers remaniements de l’œuvre, originellement conçue en 1874. Un album où la composante didactique rejoint le soin apporté à l'exécution.
On doit à Sir Simon Rattle d'avoir concocté ce programme aux allures jazzy qui associe l'Ebony concertode Stravinsky, Prelude, Fugue & Riffs de Bernstein et Nazareno de Golijov. Trois partitions aux rythmes endiablés, aux relents jazzy plus que prononcés, aux tunes souvent envoûtants. Le LSO répond avec brio comme son clarinettiste principal Chris Richards, et bien sûr le duo des Sœurs Labèque, à l'origine de l'arrangement de l’œuvre de Golijov. Un disque attractif.
La gageure, le challenge aussi, de réunir les trois ballets emblématiques de Stravinsky en un seul concert, Simon Rattle les a tenus lors des soirées inaugurales de son mandat de Music director du LSO en septembre 2017. Ces disques en sont le reflet. Des œuvres que trois ans séparent, créées à chaque fois à Paris, si différentes pourtant. Magistralement jouées par un orchestre virtuose, galvanisé par son nouveau patron.
Gianandrea Noseda et le LSO poursuivent l'enregistrement live de l'ensemble des symphonies de Chostakovitch avec la monumentale Septième dite ''Leningrad''. Une version à laquelle l'orchestre londonien offre une plasticité instrumentale exceptionnelle pour une vision qui reste mesurée, comparée à l'engagement insufflé par d'autres chefs.
Ce généreux double album offre un florilège de concertos pour instruments à vent de Mozart, dont la moins jouée Symphonie concertante. Belle manière de célébrer un domaine important de ce répertoire, alors que, cerise sur le gâteau, est également donnée la grande Sérénade pour ventsK 361. Une occasion aussi de distinguer la formidable habileté des instrumentistes britanniques, ici les premiers pupitres du LSO.
À la fin de l'année 2020, millésime du 250ème anniversaire, Krystian Zimerman et Simon Rattle enregistraient les cinq concertos de piano de Beethoven pour donner leur vision de ces œuvres célèbres, tant visitées au disque. Même par chacun d'eux puisque le pianiste polonais en est à sa seconde intégrale et que le chef anglais en a accompagné deux, celles d'Alfred Brendel et de Mitsuko Uchida. Alors que saisies dans des conditions particulières d'enregistrement dues à la crise sanitaire, leurs interprétations sont tout sauf routine : un partenariat qui fait sens. S'immerger à nouveau dans cette musique avec ces deux géants est effectivement une expérience passionnante qui enrichit encore notre connaissance de ces chefs-d’œuvre.
Quelque trente ans après l'enregistrement signé par le compositeur, à la tête du même orchestre londonien, paraît une nouvelle version deCandide de Leonard Bernstein, dirigée par la cheffe Marin Alsop. Cette œuvre occupe une place un peu à part chez le musicien américain, non pas opéra ni totalement ''musical'', mais ''comic operetta'', en tout cas conçue pour la scène. La présente exécution au Barbican de Londres, en concert semi staged, en restitue tout l'allant et le fun.
- Leos Janáček : La Petite Renarde rusée. Opéra en trois actes. Livret du compositeur à partir d'un texte de Rudolf Těsnohlidek.
- Sinfonietta op.60
- Lucie Crowe (Bystrouška, la Renarde Fine-Oreille), Sophia Burgos (Le Renard), Gerald Finley (Le Garde-chasse), Paulina Malefane (La femme du Garde-chasse), Peter Hoare (Le Maître d'école), Jan Martinik (Le curé), Hanno Müller-Brachmann (Harašta), Jonah Halton (Pàsek, aubergiste), Anna Lapkovskaja (sa femme), Poppy David (petit-fils du Garde-chasse), Inji Galliet-Jakoby (Frantik), Saoirse Exelby (la Jeune Renarde), Maeve MacAllister (La Sauterelle - ou le grillon), Eben Watson (Le Criquet), Olivia Solomou (La petite Grenouille), Theo Smith (Une toute petite Renarde), Peter Hoare (Le Moustique/ Le Coq), Anna Lapkovskaja (le chien Lapak), Sophia Burgos (la Poule huppée), Jan Martinik (Le Blaireau), Paulina Malefane (le Pic-vert/La Chouette), Irene Hoogveld (Le Geai)
- London Symphony Chorus, LSO Discovery Voices, Simon Halsey, directeur de chœur, David Lawrence, Lucy Griffiths, maîtres de chœur
- London Symphony Orchestra, dir. Sir Simon Rattle
- Régie semi-staged : Peter Sellars
- 2 CDs LSOLive : LSO0850 (distribution : PIAS)
- Durée des CDs : 63 min 09 s + 56 min 28 s
- Note technique :




(5/5)
Sir Simon Rattle visite de nouveauLa Petite Renarde ruséede Janáček. « L’œuvre qui m'a donné envie de diriger de l'opéra », confesse-t-il. Après une première intégrale au disque, naguère chez EMI, voici le CD de la captation de concerts semi-staged donnés au Barbican de Londres avec l'orchestre dont il est Music Director, le London Symphony Orchestra. Des retrouvailles aussi émues que fécondes. Car voilà une exécution en tous points remarquable d'un des opéras les plus étonnants du répertoire.