Vijay Iyer
Solo
Durée : 57’ 4’’
ACT 9497-2
(Harmonia Mundi)
Notation : (5/5)

C’est l’exercice suprême, le solo de piano, comme de tout autre instrument d’ailleurs. Vijay Iyer s’y lance et le résultat est remarquable. C’est que ce pianiste new-yorkais possède une personnalité unique très affirmée et formée au contact des plus grands. Ce second CD (le premier, Historicity, chroniqué dans ces mêmes colonnes, a raflé toutes les distinctions dans le monde entier) commence par un titre de Michael Jackson, revu et corrigé, du Monk, puis Darn That Dream et un Duke Ellington (Black and Tan Fantasy) eux aussi revisités. Suivent quatre compositions personnelles, superbes. Retour au Duke avec Fleurette africaine et une composition d’Iyer en hommage à Sun Ra. Un CD d’une heure qui passe à une vitesse si folle qu’on se demande si on ne s’est pas trompé en lisant le minutage. Du jazz d’aujourd’hui mainstream, mais avec quelle coloration ! Magnifique !

Michel Bedin

Danilo Rea
Piano Works X
Durée : 56’ 51’’
ACT 9759-2
(Harmonia Mundi)
Notation : (4/5)

Le pianiste Danilo Rea rend hommage au grand compositeur de chansons Fabrizio De André, que l’on connaît surtout en France pour ses magistrales traductions en italien de Georges Brassens. Avec ce CD de piano solo, enregistré au château d’Elmau en Bavière sur un Steinway, Danilo Rea montre à quel point Fabrizio De André n’était pas seulement un parolier hors pair de « chansons à textes », comme on dit en parlant des chansons qui évitent les rimes « amour-toujours » et les sujets y afférents, mais un compositeur de belles musiques. Des musiques ici un peu jazzées au milieu desquelles ne déparent pas deux compositions personnelles de Danilo Rea, (Oona et Highlands) ni même le Concerto d’Aranjuez de Rodrigo, jazzifié lui aussi. Au total, un CD qui s’écoute avec beaucoup de délectation pour tout un chacun, et de jubilation pour qui connaît les originaux.

Michel Bedin

Couturier. Méchali. Laizeau
Musica Callada
Durée : 53’ 3’’
Zig Zag Territoires ZZT 100803
(Harmonia Mundi)
Notation : (4/5)

Les trois François, ou les trois F. comme on les appelle, Couturier, Méchali et Laizeau, respectivement au piano, à la basse et à la batterie, se sont saisis de la musique de Federico Mompou (1893-1987). Lié à Prokofiev, Manuel de Falla, Villa-Lobos, Milhaud, Poulenc, à Paul Valéry et à Jankelevitch, ce compositeur catalan est assez ignoré de nos jours, bien qu’utilisé par Carlos Saura dans le film Cria Cuervos, entre autres. Ce qu’en font les trois F est intéressant, car on se rend compte, qu’en ajoutant des éléments sonores rythmiques tels que basse et batterie, la musique de Federico Mompu devient une musique ressortissant au domaine de la musique improvisée européenne, surtout en la disposant alternativement avec des morceaux composés par les trois complices. Un joli disque.

texte de Michel Bedin

Mirtha Pozzi & Pablo Cueco
Percussions du monde
Durée : 1h 14’ 30’’
Buda Records 3018131
(Universal)
Notation :

Le multi-percussionniste Pablo Cueco fait ici, avec sa compagne-percussionniste d’origine uruguayenne Mirtha Pozzi, une sorte d’inventaire, non exhaustif, des percussions du monde. Des solos, mais surtout des duos qui permettent de faire se rencontrer des percussions venues d’horizons qui avaient peu de chances de se croiser (lithophones du centre de la France et zarb iranien, tambours d’eau africains et berimbau brésilien, bombo poilu du Rio de la Plata et panku de l’opéra chinois). On découvre des instruments curieux comme la quijada, mâchoire d’âne du Pérou, ancêtre du guiro appelé en France la grattouillette, comme les teponastlis aztèques ou les tambours des Indiens Ojibways. Des son étranges, prenants, envoûtants, qui, autour du monde, font, depuis des siècles, vibrer et danser les gens. Les artistes Pablo Cueco et Mirtha Pozzi en font leur miel. Le livret est superbe.

texte de Michel Laroche

Evan Christopher
Finesse
Durée : 1h 3’ 42’’
FA 527
(www.fremeaux.com)
Notation :

Nous avions beaucoup apprécié le premier CD de ce clarinettiste hors du commun, au son tellement suave et gracieux, quoique tonique et dynamique, qui mariait Django Reinhardt et la fougue de la Nouvelle Orléans. Un rendu pour un prêté, en quelque sorte. Le clarinettiste néo-orléanais nous joue le second acte de ce jazz django à la créole avec, toujours un django, « Féerie », une impro sur « improvisation n°3 », également de Django Reinhardt, et sur des airs de là-bas, du bord du Golfe du Mexique battu par les cyclones et empégué dans BP. Deux de Sidney Béchet, un Riverboat Shuffle, la rumba sentant bon le rhum (Creole Eyes) ou un Mood Indigo du grand Duc revu sauce caraïbe. Il est accompagné par un bassiste et deux guitaristes remarquables, dont le soliste David Blenkhorn. La grâce et la nonchalance parfaites qu’il fallait.

texte de Michel Bedin

Miquèu Montanaro
D’amor, De guerra
Durée : 54’ 29’’
Nord-Sud NSCD 1154
(www.compagnie-montanaro.com)
Notation :

Miquèu Montanaro, de la Compagnie Montanaro (Amsellem, Bourdin, Gaudé, Montanaro Balthazar, Nagy et Pesce) est un joueur de flûtes multiples et venant aussi bien d’horizons lointains que passés. Il a composé ces chansons d’amour et de guerre (il est pour le premier et pas pour la deuxième) avec beaucoup de générosité et lui et son groupe se donnant avec beaucoup de naïveté et de gentillesse à cet exercice un peu passé de mode (et c’est dommage) qu’est la chanson antimilitariste. Les mélodies sont agréables à écouter et l’association, flûtes, contrebasse, vielle à roue, percussions en tous genres, batterie, violon, accordéon, galoubets, voix et guitare accommodée est reposant. Si vous tombez sur eux, lors d’une randonnée pédestre ou d’un symposium écologique, ne vous croyez pas revenu en 1968, ils sont d’aujourd’hui. Gardarem lou Larzac est plus que jamais d’actualité.

Michel Laroche