Test Lehmann Audio Drachenfels : un petit ampli casque d'approche audiophile puriste et évolutif
Tout dernier né de la famille du fabricant allemand Lehmann, le Drachenfels rompt incontestablement avec le reste de la gamme des amplis casque sur deux points essentiels : la nature des étages de puissance et une conception évolutive qui en élargit l’usage de façon plutôt intelligente. Cependant, le Drachenfels n’en oublie pas les recettes qui ont fait le succès de cette marque comme une fabrication irréprochable et une musicalité "très droite".
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Pendant ses études d’ingénieur du son, Robert Lehmann se rendit compte qu’à spécifications égales, sur les amplificateurs pour casques (et c’est vrai pour tout autre appareil Hifi), le rendu sonore pouvait être très différent, passant du très bon au moyen sans que pour autant ce fait s’explique par les données constructeur d’origine. Il en conclut que seuls, la conception des circuits et la qualité des composants étaient à prendre en compte en ce qui concerne le résultat final (ce qui n’est pas toujours mesurable à part à l’oreille). Il commença dès lors à fabriquer ses propres amplificateurs avec, comme volonté première, de créer des appareils de la meilleure qualité qui soit, des appareils qui fonctionnent mieux tout simplement. Curieusement, c’est tout d'abord sur un préampli phono qu’il mit ses idées en pratique avec le tout premier Black Cube lancé en 1997 et qui rencontra un accueil plus que chaleureux de la part des professionnels comme du public audiophile. Ce n’est que sept ans plus tard que le premier ampli casque Linear vit le jour, ce fut le premier d’une longue lignée qui compte désormais le petit Rhinelander, le Linear SE et sa version USB et enfin le haut de gamme avec le Linear D que nous avons déjà testé par ailleurs.
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Un produit évolutif, ouvert sur l'audionumérique et prochainement sur le sans-fil ainsi que les sources en réseau
Peut-on affirmer que ce Lehmann Audio Drachenfels est le digne héritier de toute cette série d’amplis casque fonctionnant tous en Classe A et pouvant également servir de préamplificateur haut de gamme ? À la fois oui quant à la qualité de fabrication et la rigueur dans le choix des composants, mais beaucoup moins sur le plan technique.
Le Drachenfels, en effet, se démarque totalement des autres appareils de la marque allemande tant sur le plan des circuits internes que sur une capacité d’évolutivité assez innovante. Esthétiquement, ce Drachenfels (ou "rocher du dragon", du nom d'une colline associée à quelques contes mythiques, en Allemagne) rejoint son petit frère Rhinelander dont il reprend le même châssis amagnétique en aluminium, mais pas sur celui de ses fonctions. Il propose effectivement une connectique légèrement plus riche avec deux sorties pour casque au standard jack 6.35 mm au lieu d’une seule (dont l’une coupera la sortie audio Ligne) et, si l’utilisateur le souhaite, le Drachenfels lui offre la possibilité de le faire évoluer par l’ajout de modules pouvant traiter les signaux numériques et ce avec ou sans-fil. En effet, le Drachenfels est conçu à la base pour recevoir une carte d'entrées numériques optionnelle et plusieurs autres possibilités seront bientôt disponibles. L’utilisateur pourra choisir à son gré une entrée USB, une coaxiale, une optique et même, une carte comprenant un port Ethernet ou un module Bluetooth. Pour l’instant, nous savons juste que les modules USB et S/PDIF optique sont prêts et proposés à un prix de 400 €.
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Un circuit d’amplification totalement nouveau, mais très méticuleusement optimisé, qui tranche avec les autres produits de la marque
Sous le capot, on constate que le Lehmann Audio Drachenfels est conçu, à la base pour recevoir la carte numérique dont nous venons de parler. Il n’y a donc, pour l’instant qu’un seul circuit avec un fort beau potentiomètre Alps Blue Velvet (choisi à la main pour une parfaite parité des canaux) et des capacités MKP au mica argenté haute précision afin de filtrer les signaux d’entrée de toutes interférences HF et DC. L’étage d’entrée est assuré par un double ampli op On Semiconductor 2N5884 afin de procurer le gain nécessaire au double étage de sortie. C’est là que le Drachenfels marque une nette différence avec le reste de la production Lehmann. En lieu et place des habituels transistors opérant en Classe A, nous trouvons ici, pour chaque canal trois paires de transistors (CACW47 et CGCW61) montés en parallèle. Le concepteur nous indique les avoir choisis pour leur rapidité et leur bande passante montant jusqu’à 35 MHz si nécessaire. Ils seraient associés en sortie à un filtre passe-bas. Cela fait donc penser, même si le concepteur ne le précise pas, à un montage hybride faisant travailler les transistors en commutation haute fréquence, comme sur un montage en classe D ou PWM.
L’alimentation externe est, elle aussi, toute nouvelle et ce très certainement pour des questions d'encombrement. Elle part d’un bloc secteur 24 V et passe ensuite par une puce TDK Lambda CC10-2412DF-E qui convertit cette tension en 12 V DC et l’isole en même temps. Nous remarquons aussi dans les circuits de Lehmann Drachenfels un certain nombre de capacités électrochimique CMS de filtrage pour l’alimentation comme des étages de gain. La fabrication est toujours au top avec ce nouvel arrivant ; une constante chez Lehmann Audio qui fabrique dans la région de Cologne (Allemagne)
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CE TEST A ÉTÉ PUBLIÉ DANS NOTRE GUIDE 2018 DES CASQUES ET ÉCOUTEURS AUDIOPHILES
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À l'écoute : la voie de la précision, de la clarté et de la vivacité
Je ne sais si le concepteur d’origine germanique a un caractère droit et d’une grande rigueur, mais ses produits en seraient un beau reflet. Avec le Lehmann Drachenfels, ce concepteur ne donne pas dans le romantisme, mais plutôt dans la droiture absolue quitte à devenir très lisse. Cet appareil se différencie nettement sur ce plan du Taga Harmony THDA-500T ou du Magnetic Line comme d’ailleurs d’autres productions de ce même fabricant qui ont tendance à arrondir un peu plus les angles. Il est très certainement plus homogène et plus neutre, mais moins enjoué. Une de ses principales qualités réside dans sa transparence, sa clarté dans le haut du spectre qui ne se dépare par d’une dynamique superbe. Il est rapide, vif et nous révèle une foule de détails des prises de son que d’autres auraient tendance à laisser en chemin. Le bas du spectre est franchement sec, sans aucune lourdeur ou grossissement tandis que le médium fait place à une somme d’informations qui opère une scène sonore hyper précise.
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Lorsque nous réécoutons avec le Lehmann Drafchenfels le même album de Sonny Rollins, "Way Out West", son saxophone met plus l’accent sur tout le jeu de clés de ce musicien. Sans être trop proche, il sonne juste avec la puissance qu’il convient, mais aussi le modulé du jeu de Sonny Rollins. Nous parvenons à parfaitement entendre certains petits bruits que le microphone a réussi à capter lors de l’enregistrement. La contrebasse est d’une excellente fermeté, comme la grosse caisse de la batterie jouée par Ray Brown qui à la fois tape dans le bas tout en éclairant avec ses coups de baguettes sur ses cymbales. Le son reste, non pas mesuré, mais posé tout en étant d’une grande rapidité. D’aucuns pourraient préférer le son plus chaud d’un ampli casque fonctionnant avec un tube, mais le Lehmann Drachenfels ne joue pas dans cette cour, la priorité étant donné à la cohérence des timbres même si un bas plus fourni aurait été agréable.
Sur le disque des "Sonatas & Partitas for Violon" de Johann Sebastien Bach joué par Christine Bush, nous ne pouvons qu’applaudir cet aspect neutre et sage du Lehmann Drachenfels, car le violon solo peut dévoiler toute sa tessiture et toute sa richesse harmonique. La distinction entre les sons directs et réfléchis par le lieu de l’enregistrement est parfaitement différenciée comme dessiné entre nos oreilles. Cette absence de colorations, cette droiture offre à cette restitution un espace d’expression magnifique. Nous nous réjouissons de la possibilité qu’offre cet ampli pour entendre la plus infime nuance du glissement de l’archet sur les cordes et l’intention que cette musicienne y met pour nous donner une interprétation tout en vie et en relief. En allant plus loin, nous parvenons même à presque entendre, là aussi, les mouvements du corps de cette musicienne tant nous sommes au cœur de cet enregistrement. C’est d’une propreté absolue avec une palette de nuance et de couleur qui sait rester à sa place, sans jamais tomber dans l’exagération.
Conclusion
Cet ampli casque est conçu pour les vrais mélomanes puristes, de ceux qui recherchent avant tout la neutralité, l’ouverture et le respect total des timbres. Tout se perçoit avec lui, les plus infimes nuances sont révélées et tant pis si l’enregistrement souffre de quelques anomalies ou duretés, le Drachenfels ne va rien leur pardonner. Le prix de la vérité, pourquoi pas.
Spécifications
- Connectique : 2 sorties casques, entrée + sortie RCA
- Gain maximum : 12 dB
- Puissance de sortie : 110 mW (330 Ω) et 180 mW (33 Ω)
- Impédance d’entrée : 47 kΩ
- Bande passante : 10 Hz (-0.3 dB) à 35 kHz (-1 dB)
- Rapport signal bruit : > 85 dB/10 kHz
- Distorsion : < 0.006 %, à 18 mW/330 Ω
- Dimensions : 160 x 43 x 120 mm (LxHxP)
- Poids : 0.5 kg
- Prix : 500 €
Notre avis :
- Construction : (4/5)
- Équipement : (3,5/5)
- Performances pures : (4,5/5)
- Musicalité : (3,5/5)
- Intérêt : (4/5)
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