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Avec ses "téléviseurs conçus pour durer", Loewe relance le débat sur l’obsolescence programmée

Loewe nouvelle interface obsolescence MAJlogicielle

Le fabricant allemand de téléviseurs Loewe vient de publier un communiqué de presse mettant en avant l’évolutivité de ses téléviseurs, pensés pour évoluer et gagner des fonctionnalités via des mises à jour. Loewe s’engage à ne pas laisser les utilisateurs sur le bord de la route et promet que ses téléviseurs sont "conçus pour durer", n’hésitant pas à remettre sur le tapis le sujet de l’obsolescence programmée. En cette période où la fiabilité et la réparabilité des appareils est de plus en plus souvent remise sur le tapis et où le gouvernement s'engage en faveur de la réparation pour réduire le nombre de déchets, le moment est plutôt bien choisi pour relancer le débat sur l'obsolescence programmée... Et peut-être pour certaines prises de conscience.

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L’obsolescence programmée, c’est quoi ?

Ce sujet polémique a fait couler beaucoup d’encre. Mais qu'est-ce que l’obsolescence programmée ? Cela désigne une supposée stratégie des fabricants, qui rendraient leurs produits inutilisables au bout d’un certain temps d’utilisation, pour pousser les consommateurs à se rééquiper. Ce problème toucherait tous les appareils électriques et électroniques. Certains raccourcis ont mené à croire que les produits seraient conçus et programmés pour tomber en panne, ce qui est un peu réducteur. Nous ne céderons pas à la tentation d'abonder dans le sens de cette théorie du complot, en affirmant qu’un fabricant pourrait avoir un intérêt à dépenser de l’énergie et des ressources pour s’assurer que son produit tombe en panne. Certaines formes d'obsolescence existent cependant, sous des formes un peu moins simplistes.

Une obsolescence qui peut revêtir plusieurs formes

L’obsolescence programmée peut se présenter sous plusieurs formes. D’abord, certains composants ou pièces plus fragiles que d’autres sont amenés à s'user puis "lâcher" plus rapidement, ce qui est directement lié à l’utilisation de l’appareil ; ces composants sont généralement identifiés comme fragiles et leur usure est inévitable. En l’occurrence, si un fabricant équipe ses appareils avec un tel composant d'origine peu fiable, alors que celui-ci est justement très sollicité, on peut parler d’une forme d’obsolescence programmée. Dans le même esprit, si le composant en question ne peut pas être démonté en vue d’être changé, l’appareil n’est même pas réparable et là encore, on peut parler d’obsolescence.
Pour aller un peu plus loin, nous pouvons imaginer que la pièce ou le composant en question puisse être démonté mais ne soit pas remplaçable, parce qu’il n’est pas ou plus disponible. C'est une raison supplémentaire pour que l'appareil voit sa durée de vie réduite. D’où l’importance de se renseigner sur la disponibilité des pièces détachées au moment de l’achat d’un appareil, à plus forte raison s’il est supposé avoir une durée de vie importante (téléviseurs, réfrigérateurs… durent plus longtemps qu’un smartphone, par exemple). En vertu de la loi Hamon, une information sur la durée de disponibilité des pièces détachées doit obligatoirement être affichée sur l’étiquette des produits mis sur le marché depuis mars 2015. C'est un bon début, mais nous regrettons tout de même que l’affichage ne soit pas obligatoire dans le cas où le fabricant ne s’engagent pas sur ce point et ne garantissent pas de disponibilité des pièces du tout. Nous pouvons signaler l’engagement récent de Darty et du Labo Fnac, qui ont mis en place un baromètre du SAV, distingant les produits les plus fiables et qui peuvent être le plus facilement réparés. Cela peut constituer une source d'information supplémentaire pour les consommateurs.

Enfin, on peut aussi parler dans certains cas d’obsolescence technologique, lorsque des produits sont trop vieux et ne "suivent" plus les évolutions. Cela peut par exemple être le cas d’un ordinateur qui devient trop vieux pour supporter les mises à jour logicielles, d’un smartphone qui ne survivrait pas aux mises à jour (ou verrait son fonctionnement trop ralenti, l'autonomie de sa batterie fondre comme neige au soleil...). On peut encore évoquer le cas d’objets connectés dont les applications ne sont plus mises à jours et deviennent petit à petit incompatibles avec les mises à jour des systèmes d’exploitation. Et dans certains cas, en l’absence de mises à jour, ce sont carrément les fonctionnalités qui deviennent dépassées face à la concurrence au point d’être inutiles, et rendant l’appareil obsolète. 
C'est justement sur ce point que le fabricant de téléviseurs Loewe s'engage : faire évoluer ses téléviseurs ainsi que son application pour smartphone, en proposant des mises à jour. Loewe met en avant la qualité de fabrication (en Allemagne), la durabilité et les possibilités d'évolution, promettant d'accompagner ses clients sur le long terme. 

"Les appareils duraient plus longtemps avant" : faut-il mettre cela sur le compte de l’obsolescence ?

Il ne faut pas toujours accuser les fabricants et la fiabilité des produits. Nous entendons bien souvent que les produits duraient plus longtemps avant et on rejette bien souvent la faute sur les constructeurs, les accusant d'entretenir cette fameuse obsolescence programmée. Il est certain que l’arrivée de l’électronique embarquée dans certains appareils – électroménager, automobile… - a sans doute fait apparaître de nouvelles pannes, plus difficilement réparables soi-même. Mais il y a aussi un côté positif : dans certains cas, l’électronique facilite la détection des pannes : c’est notamment le cas dans l’automobile ou encore dans le domaine de l’électroménager connecté. Quoi qu'il en soit, si l'électronique peut être à l'origine de nouvelles pannes de nature différente, il ne s'agit pas d'obsolescence, car nombre de ces pannes peuvent être solutionnées.

Est-ce que les appareils duraient vraiment plus longtemps avant ? Cela arrive oui, dans certains cas. Mais les usages ayant beaucoup évolué, il n’est peut-être pas juste d’évaluer la durée de vie d’un appareil en nombre d’années. Il serait plus pertinent de le calculer en nombre d’heures d’utilisation ou en nombre de cycles, selon le type de produit. C’est justement le discours que tient Anne Eveillard dans son ouvrage Ces machines qui parlent de nous, consacré à l'électroménager. Elle évoque par exemple la durée de vie d'un lave-linge, prévu pour effectuer au moins 2500 cycles : "la durée de vie d'un lave-linge paraît moindre qu'autrefois. Ce qui n'est pas faux. Et pour cause : l'usage que l'on fait désormais de sa machine n'a rien à voir avec ce que l'on pouvait en faire voilà un demi-siècle. Aujourd'hui, il est normal de faire une machine par jour. Autrefois, on était plutôt sur un rythme d'une machine par semaine". Et l'on peut par exemple appliquer le même raisonnement au smartphone, devenu bien plus ergonomique, rapide et pratique qu'il y a une décennie - que l'on utilise donc beaucoup plus aujourd'hui. Vous êtes-vous déjà demandé combien de temps vous passez sur votre smartphone dans la journée ?

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Ne sommes-nous pas tous un peu responsables ?

Il arrive que certains appareils, en effet, durent moins longtemps que ceux de nos aïeux et cela même si l’on considère leur durée de vie en nombre d’heures d’utilisation. Mais faisons-nous l’avocat du diable pour regarder les choses sous un angle moins manichéen. Penser qu’on a affaire à de vilains constructeurs qui veulent nous vendre des produits qui tomberont en panne est un peu facile. Les fabricants commercialisent des produits de moins en moins chers pour répondre à une demande des consommateurs. Or, peut-on espérer acheter pour moitié moins cher un même produit de qualité équivalente ? Si nous prenons l’exemple des meubles, lorsque l’on achète des meubles en kit à petit prix, on sait pertinemment que la qualité n’est pas leur atout premier et que l’on n’aura pas du bois massif. Alors pourquoi dans les domaines de l’électronique grand public et de l’électroménager, cela serait-il différent ? Pour qu'un produit arrive sur le marché à un prix défiant toute concurrence, il est évident que le fabricant aura dû faire certaines concessions, pas seulement sur les fonctionnalités mais souvent aussi sur la qualité des composants et des matériaux. C’est ainsi que l’on achète des appareils avec des châssis en plastique moins chers que des matériaux plus nobles et qui ne se démontent pas forcément facilement, voire pas du tout. Des éléments qui sont collés pour être assemblés plutôt que vissés… C’est peut-être à chaque consommateur, en fonction de ses moyens, de prendre conscience et d’acheter de manière responsable. Et cela peut vite faire la différence dans le cas d'un produit utilisé quotidiennement. 

Un projet de loi d’étiquette "durée de vie"

Le gouvernement a publié une «Feuille de route pour l’économie circulaire» (en avril dernier), dans laquelle il annonce la mise en place de certaines mesures. Parmi celles-ci, il prévoit à partir du 1er janvier 2020 l’affichage obligatoire de "la durabilité des produits" sur les étiquettes de tous les appareils électriques et électroniques. Un indice de réparabilité permettra aux consommateurs d’identifier rapidement si un produit peut être facilement réparé. 

Feuille route economie circulaire

Conseils pour profiter plus longtemps des appareils du quotidien

Nous pourrions donner quelques conseils pour conserver plus longtemps les appareils avec lesquels vous vivez au quotidien.

  • Le premier consisterait à ne pas systématiquement vous précipiter sur le moins cher et avant de l'acheter le manipuler, observer de près la qualité des matériaux utilisés...
  • Ensuite, lorsque la durée de disponibilité des pièces détachées est indiquée, privilégier un appareil qui pourra être réparable.
  • Une fois l’appareil à la maison, c’est tout bête mais nombreux sont les utilisateurs qui ne le font pas : jetez un œil au mode d’emploi. Cela évite les erreurs dues à une mauvaise utilisation. Mais la notice fournit aussi des conseils d’entretien que l’on ignore parfois. Or, un appareil bien entretenu a plus de chances de durer.
  • En ce qui concerne l’obsolescence technologique, il est évidemment difficile de prévoir si un produit bénéficiera de mises à jour ou non, surtout dans le cas des start-up ou des jeunes marques. Mais si la marque commercialise des produits depuis un moment, n'hésitez pas à lire les commentaires d'utilisateurs, parfois riches d'enseignements.
  • Si l’appareil tombe en panne, il y a peut-être une possibilité de le réparer, ne le renouvelez pas immédiatement. D’autant qu’il existe des alternatives aux réparations réalisées par les services après vente. Si vous êtes un peu bricoleur, de nombreuses pièces détachées sont disponibles auprès de certains distributeurs comme Darty. L'autoréparation a d'ailleurs le vent en poupe : selon une étude de l'Ademe sur ce thème, un français sur deux a déjà réparé lui-même un appareil électroménager. Et si vous ne savez pas faire, il existe aussi des Repair Café, de plus en plus nombreux. Des passionnés bénévoles vous aident à réparer vous-même vos appareils.Repair cafe
    ©Repaircafe.org

  • Enfin, le sujet de l'obscolescence programmée est forcément lié de près aux préoccupations écologiques, notamment à la recherche de réduction des déchets. Donc, si votre appareil n'est pas réparable, ne le jetez pas n'importe où : les déchets d'équipement électrique et électronique (DEEE) doivent être démantelés et recyclés. Vous pouvez le déposer à la déchetterie ou trouver un point de collecte à côté de chez vous, par exemple grâce au site d'Eco-Systemes.
  • De la même manière, si vous changez d'appareil en faveur d'un modèle plus performant mais que le vôtre fonctionne encore ou s'il est réparable, vous pouvez le donner à une association dédiée qui le réparera et le remettra dans le circuit des appareils de seconde main ; on trouve également des adresses sur le site de l'éco-organisme Eco-Systemes.


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