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La Chute de l'Empire romain : un déclin filmé en 70 mm dans un forum impérial grandeur nature (en Blu-ray et DVD)

Blu ray La Chute de lempire romain 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

L’empereur Marc-Aurèle sent la mort approcher et désigne Livius pour lui succéder. Mais son fils Commode refuse de s'effacer : il fait assassiner son père et s'empare du trône. Livius va tenter de s'opposer à lui. C'est le début d'une époque troublée pour Rome, qui va entamer son déclin.

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• Titre original : The Fall of the Roman Empire
• Support testé : Blu-ray
• Genre : péplum
• Année : 1964
• Réalisation : Anthony Mann
• Casting : Sophia Loren, Stephen Boyd, Alec Guinness, James Mason, Christopher Plummer, Anthony Quayle, John Ireland, Omar Sharif, Mel Ferrer
• Durée : 3 h 05 mn 21
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,76/1 (tournage) et 2,20/1 (exploitation 70 mm) mais c’est le format 35 mm 2,35/1 qui a été retenu pour ce blu-ray
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 anglais - DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : boîtier Mediabook avec le Blu-ray et le DVD du film - DVD des bonus - le livre « La Chute de l'empire Romain » écrit par Stéphane Chevalier (96 pages)
• Bonus sur le DVD : L'anti-héros selon Anthony Mann par Jacques Demande, critique cinéma à la revue Positif (2021, 11mn 40) - Un empire nommé Bronston par Samuel Blumenfeld, critique cinéma au journal Le Monde (2021, 20 mn 29) - La Chute de l'empire hollywoodien par Jean-François Rauger, directeur de la programmation à la Cinémathèque Française (2021, 12 mn 31) - analyse du film par Jean Douchet, critique et historien du cinéma (2005, 31 mn 02) - Requiem par Claude Aziza, maître de conférences honoraire de langue et littératures latines à la Sorbonne Nouvelle (2005, 43 mn 17)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

C’était du temps où les figurants étaient bien réels et les décors construits en dur : tout ce qui apparaît à l’écran de la superproduction La Chute de l’Empire romain ne doit rien à une reconstitution virtuelle numérique comme en abusera son remake Gladiator en 2000. Et même si les séquences censées se dérouler aux frontières du Danube (bataille contre les Germains au début), puis à Rome au IIème siècle sont entièrement filmées en Espagne, excepté celle des thermes construits à Cinecitta, la sensation de « réalisme » est incomparable. En effet l’apparition du forum romain, avec ses temples construits aux dimensions réelles, reste un grand moment de cinéma « colossal » jamais égalé par une autre production conventionnelle. Conséquence de cette mégalomanie artistique, le film n’ayant pas eu le succès escompté, il ne rapportera aux USA que 2% du budget initial contrairement au film précédent Le Cid du même Anthony Mann (1961), les Bronston Productions devront déposer le bilan peu après. L’idée du film est à créditer à Anthony Mann inspiré par la lecture d’un digest de la somme d’Edward Gibbon, « Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain », parue en 1812 dans laquelle il tentait d’expliquer les causes de la fin de l’Empire Romain, une thèse qui n’a pas fait l’unanimité chez les historiens. Le projet accepté par Samuel Bronston devait être scénarisé par Philip Yordan et devait être tourné en Espagne avec Charlton Heston (Le Cid) en tête d’affiche. Alors que le forum est en construction à Madrid, la star abandonne le projet : le décor est en partie démoli (!) pour laisser la place à celui de la cité interdite pour Les 55 jours de Pékin (1963). Après maints remaniements (un an de travail), un scénario est élaboré avec Will Durant comme conseiller historique et le casting étoilé, enfin réuni, compte, entre autre, Sophia Loren (Lucilla), Stephen Boyd (Livius), Alec Guiness (Marc Aurèle) et Christopher Plummer (Commode). La Chute de l’Empire romain bénéficie du concours d’excellents artistes : la musique, mémorable, est composée par Dimitri Tiomkin, les cascades, dont une course de chars spectaculaire, sont chorégraphiées par Yakima Canutt (qui œuvra dans Ben-Hur) et la magnifique photographie en Ultra-Panavision est assurée par Robert Krasker (Le Cid). Mais, ce qui reste aujourd’hui le plus admirable, c’est le travail accompli sur les décors et les costumes par Veniero Colasanti et John Moore. Ils vont concevoir et faire construire durant sept mois, par plus de mille ouvriers, un forum de 437 par 251 mètres comprenant 27 édifices et dominé par le temple de Jupiter culminant à 50 m d’altitude ! Sans compter tous les éléments d’habillage : 601 colonnes, bas-relief et fresques, dallages, 350 statues dont 76 grandeur nature, etc. Les puristes seront tout de même peinés de constater que ce décor gigantesque est inspiré de la maquette « Il Plastico » d’Italo Gismondi visible au Museo della Civiltà Romana à Rome : or cette maquette présente Rome au IVème siècle sous Constantin avec des bâtiments inconnus au IIème sicle (arc de Septime-Sévère, rostres, basilique Julia). Bien que paraissant très documenté, La Chute de l’Empire romain n’est pas un modèle de rigueur archéologique !
Dernière superproduction hollywoodienne, avant que le péplum ne tombe en disgrâce jusqu’à son renouveau en 2000 (avec le remake Gladiator), La Chute de l’Empire romain peut se voir sous deux angles différents : comme une œuvre cinématographique digne d’intérêt ou comme une reconstitution historique très discutable. Véritable fiasco financier à sa sortie, l’échec de ce film, jugé ennuyeux car trop long et trop bavard, ne rend pas hommage au très beau travail du réalisateur Anthony Mann. Pourtant sa science consommée de la mise en scène fait merveille et n’est pas exempte de quelques fulgurances artistiques comme autant de lointains souvenirs de ses westerns mythiques. Il faudra lui associer le très beau travail de tous les artistes ayant contribués aux décors grandioses et aux costumes magnifiques, à la splendide photographie et la superbe musique. Sur le plan historique, en revanche, oser vouloir expliquer la chute de Rome était bien ambitieux surtout qu’elle n’a pas eu qu'une seule cause et que le déclin était en fait une lente transformation sur plusieurs siècles : le Bas Empire a été une phase de transition vers l’Empire byzantin et non un cataclysme de civilisation. Outre le fait que le scénario résume à quelques évènements très limités cette « décadence » supposée, avec, comme moment clé, la mort de Marc-Aurèle (Alec Guinness) et l’agitation des barbares germains menés par Ballomar (John Ireland), il n’hésite pas à modifier la vérité historique et à inventer ou arranger la plupart des personnages présentés ! On saura gré aux scénaristes d’avoir minimisé la thèse d’Edward Gibbon sur le christianisme vainqueur du paganisme romain : dans le film, seul le philosophe Timonides (James Mason) avouera sa croyance. Mais que de manipulations scénaristiques : Marc-Aurèle, mort de la peste n’a pas été assassiné et n’a jamais désigné comme successeur un certain Livius, héros (Stephen Boyd) inventé pour le film et amoureux de Lucilla (Sophia Loren) qui n’épousa jamais un roi arménien Sohaemus (Omar Sharif). Quant à Commode, mal aimé des cinéastes, il ne fut pas uniquement l’empereur psychopathe qu’interprète remarquablement Christopher Plummer et qui sera éliminé par une conspiration et non au cours d’un combat singulier !
La Chute de l’Empire romain est un divertissement grandiose qui, à l'égal de la plupart des superproductions, n’a jamais considéré l’Histoire autrement que comme une source généreuse d’intrigue apte à produire du grand spectacle. Qu’importe donc la vérité historique, pourvu que tous les éléments codifiés du genre soient présents : vilains et héros, romance, scènes de foule, bataille en règle et combats singuliers, message de bienveillance : La Chute de l’Empire romain répond parfaitement à toutes ces attentes. En attendant, un jour, une édition en UHD 4K au bon format (2,20/1), techniquement digne d’un film en 70 mm, cette nouvelle édition blu-ray (pour la précédente de 2011, chronique ici) conjugue la qualité d’une belle copie bien définie et l’attrait d’une luxueuse présentation sous la forme d’un splendide MediaBook cartonné et illustré accompagné de suppléments inédits.

 

Blu ray La Chute de lempire romain

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Commentaire technique

Film présenté dans la version « roadshaw » comprenant la musique d'ouverture du prégénérique, l'entracte et la musique de fin.
Le film a été tourné en Ultra Panavision 70, un format peu utilisé : dix films au total, dont 9 entre 1957 et 1966, plus Les Huit salopards (2015) de Quentin Tarentino. Le principe est de filmer l’image sur une pellicule 65 mm en l’anamorphosant pour obtenir un rapport de projection de 2,76/1. Cependant le film n’a jamais été exploité dans ce format mais en 2,20/1 pour les projections en 70 mm (comme pour Ben-Hur) et en 2,35/1 pour celles en 35 mm : c’est ce dernier format qui a été retenu pour le blu-ray.

Image : copie HD, nouveau Master restauré HD, sans doute un scan 2K d’une bonne copie 35 mm avec les pertes latérales mais, en attendant une édition UHD 4K à la hauteur de l’Ultra Panavision 70 d’origine, la copie est belle, très bien définie avec un excellent piqué et du détail sur les textures, une granulation très fine et homogène, les contrastes sont excellents, image lumineuse, noirs soutenus, étalonnage naturaliste, colorimétrie chatoyante aux teintes nuancées et tons saturés

Son : mixage anglais 5.1 (remix : au cinéma stéréo 6 pistes sur la copie 70 mm), dialogues clairs et naturalistes, superbe dynamique sur les ambiances (course de chars, bataille, triomphe…) et la magnifique partition de Dimitri Tiomkin, très bonne spatialisation ample et ouverte avec une répartition spectaculaire sur les surrounds, pas de distorsion, légère perte sur le haut du spectre, LFE ponctuels ; VF 2.0 monophonique, doublage daté mais très soigné, version étriquée sans aucun relief avec du souffle et un niveau trop élevé à la limite de la saturation

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Mixages sonores : VO etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleue(4,5/5) VF etoile bleueetoile bleueetoile griseetoile griseetoile grise(2/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0058085/

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