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Les 55 jours de Pékin : un film épique qui a bien profité de la folie des grandeurs de son producteur (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Les 55 jours de Pekin 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

En 1900 à Pékin, la révolte des Boxers prend de l'ampleur et les autorités chinoises sont divisées : le général Jung-Lu presse l'impératrice Tzu-Hsi d'arrêter les fanatiques, tandis que le prince Tuan lui conseille de les aider à chasser les étrangers. Face à la menace de conflit, les délégations étrangères organisent leur défense…

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• Titre original : 55 Days at Peking
• Support testé : Blu-ray
• Genre : historique, action
• Année : 1963
• Réalisation : Nicholas Ray
• Casting : Charlton Heston, Ava Gardner, David Niven, Flora Robson, John Ireland, Harry Andrews, Leo Genn, Robert Helpmann, Paul Lukas
• Durée : 2 h 42 mn 00
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,21/1 Super-Technirama 70
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores sur le Blu-ray : DTS-HD MA 5.1 anglais - DTS-HD MA 2.0 stéréo anglais - DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : boîtier Mediabook limité avec le Blu-ray du film et les 2 DVD du film et des bonus - un livret consacré au film (96 pages) de Stéphane Chevalier
• Bonus sur le DVD : La chute de l’empire hollywoodien avec Jean-François Rauger (6 janvier 2021, 8 mn 22) - L’histoire d’un tournage cauchemardesque avec Samuel Blumenfeld (10 mai 2021, 10 mn 53) - La révolte des Boxeurs par Christophe Champclaux (2014, 12 mn 46) - Les Boxeurs au cinéma (6 mn 08) - Histoire(s) de Chine avec Olivier Assayas et Charles Tesson (2005, 37 mn 27, réalisation Noel Simsolo) - interview de Charlton Heston (5 mn 41), David Niven (5 mn 34), John Moore décorateur (6 mn 58) - film annonce (3 mn 15)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

Dans les années 60/70, le cinéma ne faisant plus recette face à la concurrence déloyale (comme le streaming aujourd’hui) de la télévision, l’industrie cherche par tous les moyens à inciter les spectateurs à revenir en salle. La solution évidente est de lui proposer une qualité de spectacle dont il ne pourra pas obtenir l’équivalent à domicile : écran géant (CinemaScope, Cinérama, Todd-AO et autres formats 70 mm), relief, son stéréophonique, Sensurround, etc. Cette débauche technologique supposait la disponibilité de moyens financiers conséquents et ne profita donc qu’aux superproductions hollywoodiennes : La Tunique (1953), Ben-Hur (1959), La Conquête de l’Ouest (1962), Cléopâtre (1963). La plupart, tournées en Italie, coûtaient les « yeux de la tête » jusqu’à ce que le neveu de Trotski, le producteur Samuel Bronston crée les Samuel Bronston Productions basées en Espagne avec l’idée pertinente d’y amortir au maximum les frais de production car des capitaux américains bloqués en Europe étaient prêts à être utilisés et qu’au pays de Franco, la main d’œuvre était plus abordable. Le Caudillo n’était d’ailleurs pas avare en coup de main et prêtait volontiers ses soldats à bas prix comme figurants… Après deux films épiques de bonne tenue, Le Roi des Rois (1961) de Nicholas Ray et Le Cid (1961) d'Anthony Mann, le producteur souhaitait tourner un péplum avec Charlton Heston qui venait d’incarner le Cid. Ayant mis aussitôt en chantier la construction de décors gigantesques évoquant la Rome antique, il demanda à la star son avis mais l’ex-Moïse/Ben-Hur indiqua vouloir tourner un film contemporain ! Qu’à cela ne tienne : Samuel Bronston fera démolir les décors et décidera de construire à la place, dans la région de Madrid, une copie de Pékin en 1900 pour y tourner le scénario concocté par Philippe Yordan et Barnard Gordon intitulé Les 55 jours de Pékin. La courte présentation (cf. bonus) du décorateur et costumier John Moore, à propos de ces décors, atteste de la folie des grandeurs du producteur : le décor mesurait 360 m de long et sera construit en dur ce qui nécessitera le travail pendant plusieurs mois de quelques mille ouvriers. Au final, son financement atteindra 10 % des neuf millions de dollars que coûta le film. Pourtant ces décors gigantesques ne seront finalement que très parcimonieusement aperçus à l’écran et partiellement inutilisés (puis ensuite recyclés pour le film La Chute de l’Empire romain) : le chef opérateur Aldo Tonti déclarera qu’ils étaient « infilmables » ! De l’avis général (cf. bonus), y compris Nicholas Ray et Charlton Heston, la production et le tournage furent à l’avenant : désorganisés, irrationnels, dispendieux… Le scénario sera sans cesse revu et les caractères seront plus ou moins développés au gré des souhaits des acteurs (scène de l’arsenal écrit pour David Niven). Le miracle aura pourtant lieu : ce manque manifeste de professionnalisme ne se remarque pas à l’écran, pas plus que les tensions suscitées par Ava Gardner (imposée par Nicholas Ray), alcoolique et dépressive. Il faut dire que Nicholas Ray, victime d’une crise cardiaque, sera remplacé par Andrew Marton et Guy Green qui vont assurer une grande partie (non créditée au générique) de la réalisation. Les morceaux de bravoure ne manquent pas, le soin des détails est admirable (certains costumes impériaux sont authentiques et ont été sauvés après la révolte des Boxers) et les milliers de figurants sont bien asiatiques (leur embauche dans toute l’Europe provoqua la fermeture durant l’été 1962 de nombreux restaurants chinois !). Véritable hold-up de la société des Nations (les légations étrangères) par l’impératrice Cixi et le mouvement de révolte des Boxers ou Boxeurs, l’épisode de la guerre des Boxers est très librement narré en Super-Technirama 70 dans ce film épique où tous les chinois parlent en anglais. La prestation de David Niven, toujours subtilement gentleman, et celle du charismatique Charlton Heston, plus grand que nature mais inspiré des authentiques major Matt Lewis et capitaine John Twiggs Myers, est excellente. Malgré quelques bavardages - pseudo romance avec Natalie (Ava Gardner) - Les 55 jours de Pékin n’a rien perdu de sa fascination, sublimée par la partition mémorable de Dimitri Tiomkin et par son caractère grandiose et spectaculaire. C’est donc un plaisir de revoir ce film (en espérant un jour une version 4K digne du négatif 70 mm) dans cette nouvelle édition 2021 assortie d’un très beau livre sur la production. Les bonus sont ceux de l’édition Filmedia de 2014 (chronqiue ici), dont plusieurs signés Christophe Champclaux (disparu en 2020 et auquel cette édition est dédiée) à l’exception de deux suppléments 2021 qui font partie d’un long film bonus concernant tous les films épiques produits par Samuel Bronston. Grandiose.

 

Blu ray Les 55 jours de Pekin

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Commentaire technique

Restauré et remastérisé en 2013, à partir du négatif caméra Super-Technirama 70, 8 perforations, par le Pinewood Post Production. Le scan a été réalisé sur scanner Nordlight mais la restauration a nécessité aussi des interventions manuelles (300 heures). Le son orignal anglais (6 pistes en 70 mm) a été restauré à partir des éléments d’origine.
Il s’agit de la version intégrale dite roadshow avec musique d’ouverture, d’intermission et de clôture

Image : copie HD, nouveau master HD (identique à celui de Filmedia 2014), très belle définition et un piqué sans faille qui permettra d’apprécier le soin apporté aux décors et aux costumes, aspect cinéma mais grain argentique imperceptible (tournage en Super-Technirama 70, Master Format 2013 4K), image très lumineuse, gestion splendide des contrastes, noirs francs, étalonnage somptueusement naturaliste, colorimétrie chaude aux teintes éclatantes et aux tons nuancés, image sans défaut

Son : mixage anglais 5.1 (remix des 6 pistes stéréophoniques d’origine), dialogues très clairs et équilibrés, dynamique excellente sur les grandes scènes d’action et la superbe musique composée par Dimitri Tiomkin, spatialisation ample, plus poussée sur les voies frontales mais assez immersive avec une distribution surround spectaculaire, LFE discret mais haut du spectre éclatant ; VO 2.0 stéréophonique moins ample mais tout aussi dynamique ; VF monophonique à oublier, étriqué, doublage daté, voix étouffées, aucune profondeur, manque de naturel

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleue(4,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0056800/

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