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La Femme et le pantin 1929 et 1958 : l’arme du désir selon les deux versions françaises du roman de Pierre Louÿs (en Blu-ray et DVD)

Blu ray La Femme et le pantin 1929 et 1958 00

Note artistique : version 1929 etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5) version 1958 etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)

Synopsis

La Femme et le pantin (1929) : ayant fait connaissance dans le train de l'ardente et provocante Concha, le riche propriétaire Don Mateo tombe sous l'emprise de cette fille. Concha attise la jalousie de Mateo, fou de désir pour la belle, qui promet d'être à lui… mais ne se livre jamais.

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La Femme et le pantin (1958) : Eva est la fille de Stanislas Marchand, naguère célèbre écrivain germanophile, collabo français réfugié en Espagne. Lors de la traditionnelle feria de Séville où elle danse le fandango, la demoiselle est remarquée par Matteo Diaz, un riche et fier marchand de taureaux auquel aucune femme ne résiste. Le don Juan fait des avances à Eva qui, fine mouche, le repousse. Titillé dans son amour propre, il va tout mettre en œuvre pour conquérir le cœur de la Belle.

• Titre original : La Femme et le pantin
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1929, 1958
• Réalisation : Jacques de Baroncelli, Julien Duvivier
• Casting : (1) Conchita Montenegro, Raymond Destac, Henri Lévêque, Jean Dalbe, Andrée Canti, Léo Joannon (2) Brigitte Bardot, Antonio Vilar, Lila Kedrova, Daniel Ivernel, Darío Moreno, Michel Roux, Jacques Mauclair, Jess Hahn
• Durée : 1 h 55 mn 19 - 1 h 42 mn 20
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : (1) 1,33/1 Noir et Blanc - (2) 2,35/1 DyaliScope Couleur
• Sous-titrage : français, anglais
• Pistes sonores : (1) DTS-HD MA 2.0 et 5.1 musique - (2) DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus sur le blu-ray La Femme et le pantin (1929) : édition limitée avec le Blu-ray et le DVD du film - Géométrie des corps, entretien avec Philippe Roger et Bernard Bastide (2021, 31 mn 45) - La musique de La Femme et le Pantin, entretien avec Jean-Louis Sajot, Günter Buchwald et Léon Rousseau (2021, 19 mn 21) - actualité Pathé d'époque : La Semaine Sainte à Séville (1924, teinté, 4 mn 49)
• Bonus sur le blu-ray La Femme et le pantin (1958) : édition limitée avec le Blu-ray et le DVD du film - Apologie de la verticalité, entretien avec Philippe Roger et Charles Ficat (2021, 46 mn 00) - actualité Pathé d'époque : On tourne La Femme et le Pantin (1958, 0 mn 30) - bande annonce d'époque restaurée (3 mn 20)
• Éditeur : Pathé !

Commentaire artistique

En 1898, Pierre Louÿs publie le roman « La femme et le pantin » qui raconte les amours douloureuses de Don Mateo pour la danseuse Concepción Pérez qu’il expose à son ami André Stévenol. L’auteur s’est en partie inspiré de divers voyages en Espagne, pour le contexte, et de l’aventure de Casanova avec une prostituée londonienne, pour l’intrigue. Le roman est ensuite adapté en 1910 pour le théâtre par Pierre Frondale puis connaîtra, à partir de 1920 (première version muette) cinq versions cinématographiques, dont une avec Marlène Dietrich, The Devil is a Woman (1935) et une autre avec Carole Bouquet, Cet obscur objet du désir (1977). Pathé ! nous propose, en version restaurée, les deux adaptations françaises signées Jacques de Baroncelli (muette, 1929) et Julien Duvivier (1958).

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La Femme et le pantin (1929) est le dernier film muet réalisé par le prolifique Jacques de Baroncelli, réalisateur, scénariste et producteur qui s’est forgé la réputation d’un cinéaste élégant et cultivé (cf. bonus) très porté sur l’adaptation des grands œuvres littéraires. Le scénario très fidèle qu’il écrit pour sa version de 1929 fait référence, au générique, à Pierre Louÿs (roman) et à Pierre Frondale (pièce). Pour ce film, en partie tourné en Espagne (Séville, Cadix), le cinéaste retrouve ses techniciens familiers, Louis Chaix derrière la caméra et Robert Gys pour la construction des décors de studio (palais de Don Mateo, maison de Concha). Le film est tourné avec le procédé couleurs Keller-Dorian réputé «inutilisable» dont le négatif demeure introuvable et ne sera exploité qu’en noir et blanc (seul Jour de fête que Jacques Tati filme en 1947 avec ce procédé sera finalement projeté en couleurs en 1995). La musique d’accompagnement est écrite par Philippe Parès, George Van Parys et Edmont Lavagne mais le blu-ray ne propose que la nouvelle partition très travaillée (cf. bonus) de Günter Buchwald. Le thème de la jeune beauté manipulatrice prenant sa revanche sociale en soumettant un homme riche au diktat du désir ne pouvait exister à l’écran que par la grâce d’une comédienne exceptionnelle, capable de jouer la comédie, de danser le flamenco et d’avoir l’âge d’une jeune fille séduisante ! Cette perle rare, Jacques de Baroncellei va la dénicher à Montmartre où une certaine Concepción Andrés Picado, danseuse espagnole, se produit. Elle n’a que 18 ans, n’a tourné que trois films en Espagne en 1927 et devient actrice sous le nom de Conchita Montenegro. Elle monopolise l’attention en composant cette danseuse sexy au sourire éclatant et aux aspirations démesurées qui fait fi de toute moralité. L’actrice, absolument fascinante, ne manqua pas d’audace puisqu’elle accepta (clou du film !) de danser nue, une séquence mémorable qui ne troubla pas la censure (en fait la scène a été coupée puis rétablie) ! Face à Raymond Destac (Don Mateo) au jeu plus conventionnel, la prestation de Conchita Montenegro est d’une modernité troublante, ne se risquant que rarement à surjouer comme c’était la règle au temps du muet et faisant écho à une mise en scène en avance sur son temps. Comme l’analysent finement les invités du supplément, La Femme et le pantin, version 1929, démontre le talent du réalisateur pour rendre palpable la sensualité du roman par une utilisation habile des espaces et des corps de ses interprètes avec un sens du cadrage signifiant (fête dans le jardin, danseuse vue en plongée, cadrage jouant sur la profondeur de champ et le symbole). Pour sa sensualité patente et pour l’ambiguïté foncière de son héroïne, pour sa maestria visuelle et son interprétation troublante, La Femme et le pantin, très bien restauré, est à voir sans attendre.

En 1958, Julien Duviver, prestigieux réalisateur de La Belle équipe (1936), Pépé le Moko (1937) et Un Carnet de bal (1937), est sollicité pour tourner une nouvelle version du roman de Pierre Louÿs dont le but unique, fixé par la productrice Christine Gouze-Rénal (cf. bonus), est de mettre en valeur Brigitte Bardot, la star montante de l’époque. Il est amusant de lire ce qu’écrivait sur ce film le critique Jean de Baroncelli, fils du réalisateur de la version de 1929, ne trouvant intéressant que « le pittoresque andalou et la beauté de B. B. ». C’est le premier film en scope et en couleurs du cinéaste. Filmé avec soin par Roger Hubert, en DyaliScope à la palette chromatique chaude et splendidement saturée (Eastmancolor), cette version, comme celle de 1929, a été tournée partie en Espagne (Andalousie), partie en studio (Boulogne) dans les très beaux décors conçus par Georges Wakhévitch. Le scénario d’Albert Valentin, dialogué par Marcel Achard, s’éloigne considérablement du roman de Pierre Louÿs supprimant André Stévenol, personnage à l’écoute de Don Mateo. Malgré sa silhouette impeccable, Brigitte Bardot ne possède jamais la sensualité que dégageait Conchita Montenegro en 1929, actrice ayant l’âge de son rôle dans un film à la narration nettement plus fidèle : la fameuse scène de la danse nue n’a aucune dimension érotique chez Jean Duvivier. Hormis Don Matteo incarné par l’acteur portugais Antonio Vilar, les autres rôles masculins sont tous inventés : Dario Moreno sera l’efféminé Arbadajian, Michel Roux l’amoureux transi Albert et Jacques Mauclair, le papa écrivain Stanislas. Comme remarqué (cf. bonus) tous les caractères imaginés pour cette adaptation ont de sacrés problèmes personnels, même dans les plus petits rôles tenus par Jess Hahn (Sidney) et Daniel Ivernel (Berthier). Tous ces personnages satellites gravissant autour de la star ne sont guère dignes d’un drame signé Julien Duvivier ! Souvent qualifié de film mineur, sa version de 1958 souffre de la comparaison avec celle de 1929 et finalement la seule innovation mémorable se situe au niveau esthétique : contournant les exigences imposées de l’écran large et de la couleur, Julien Duvivier joue habilement avec les formes (horizontales vs. verticales, escaliers omniprésents) et les couleurs utilisées dans un but narratif (rouge, jaune). Si La Femme et le pantin de Julien Duvivier n’est pas un film mémorable, il se distingue surtout par ses qualités plastiques et quelques scènes bigarrées de liesse populaire et de fandango.

 

Blu ray La Femme et le pantin 1929 et 1958

Commentaire technique

La Femme et le pantin (1929)

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Restauration réalisée en 2020 par La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé d’après négatif original nitrate issu de ses collections. Les cartons ont été reconstitués d’après les flash-titles présents sur le négatif. Les travaux 4K ont été réalisés par L'Immagine Ritrovata (Paris-Bologne). Accompagnement musical composé par Günter A. Buchwald et interprété par l’Octuor de France

Image : copie HD, excellente définition variable selon les plans, bon piqué, image stabilisée et grain argentique discret, bonne gestion des contrastes avec une densité homogène et peu de fluctuations, étalonnage régulier sans heurt, noirs relativement denses, gris bien étagés, blancs nuancés

Son : mixage 5.1 de la musique signé Léon Rousseau (cf. bonus), excellente dynamique qui restitue parfaitement la musicalité chaleureuse des différents instruments, spatialisation mesurée pour une image sonore ample mais sans esbroufe, LFE discret

La Femme et le pantin (1958)

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Version restaurée 4K en 2020 par L'Immagine Ritrovata (Paris-Bologne) pour La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé à partir d'un interpositif de première génération car le négatif original était incomplet et dans un état de dégradation trop avancé

Image : copie HD, bonne définition et assez belle précision sur les détails, grain argentique très présent (recourt à un interpositif) mais homogène, contraste naturaliste bien maitrisé malgré une légère densité de l’image, étalonnage chaud, colorimétrie pimpante aux teintes à dominante rouge et jaune et aux tons extrêmement saturés

Son : mixage français 2.0, dialogues clairs et équilibrés, excellente dynamique sur les ambiances, pas de souffle ni de distorsion, changement de timbre quand Antonio Vilar passe de l’espagnol au français

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : version 1929 etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleue(4,5/5) version 1958 etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb
La Femme et le pantin (1929) : https://www.imdb.com/title/tt0195701/
La Femme et le pantin (1958) : https://www.imdb.com/title/tt0051608/

 

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