Trois chefs-d’œuvre restaurés en HD de Julien Duvivier
Note artistique : 
(5/5)
Note technique globale : 
(4,5/5)
Synopsis
Ces trois films restaurés comptent parmi les innombrables chefs-d’œuvre qui font aujourd’hui la renommée de Julien Duvivier, un cinéaste qui revendiquait, à juste titre, la versatilité de ses œuvres. De La belle équipe, version originelle, au film noir Voici le temps des assassins, aucun de ses films ne peut laisser indifférent…
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La Belle équipe : Cinq amis, ouvriers au chômage et révoltés, gagnent à la Loterie nationale grâce à un billet acheté en commun. Ils décident de construire ensemble une guinguette en bord de Marne.
La Fin du jour : L'abbaye de Saint-Jean-la-Rivière menace de fermer ses portes. Ce qui serait une véritable catastrophe pour ses pensionnaires, tous de vieux comédiens sans ressource. Saint-Clair, acteur autrefois adulé et grand séducteur de femmes, vient justement d'y arriver et y retrouve Marny, grand rival dont il avait jadis séduit la femme.
Voici le temps des assassins : à Paris, André Chatelin, un restaurateur au grand cœur, voit débarquer la fille de sa première épouse qu'il n'a pas vue depuis des années. La jeune femme se prénomme Catherine et déclare qu'elle n'a nulle part où aller depuis la mort de sa mère à Marseille. Bientôt, la jeune fille tente d'évincer Gérard, un sympathique étudiant sans argent qu'André considère comme son fils. Ce n'est que le début de son projet machiavélique…
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• Titre original : La Belle équipe - La Fin du jour - Voici le temps des assassins
• Support : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1936, 1939, 1956
• Réalisation : Julien Duvivier
• Casting : (1) Jean Gabin, Charles Vanel, Viviane Romance, Raymond Aimos, Jacques Baumer, Marcelle Géniat, Raymond Cordy, Fernanad Charpin, Micheline Cheiret (2) Louis Jouvet, Michel Simon, Victor Francen, Madeleine Ozeray, Alexandre Arquillière, Arthur Devère (3) Jean Gabin, Danièle Delorme, Gérard Blain, Robert Arnoux, Liliane Bert, Lucienne Bogaert, Aimé Clariond
• Durée : 1 h 43 mn 39 - 1 h 44 mn 45 - 1 h 54 mn 52
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français, anglais (sauf 3)
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : (1) Au fil de l'eau, entretien avec Eric Bonnefille et Hubert Niogret, et montage d'archives avec Charles Spaak, Viviane Romance et Armand Panigel (24 mn 14) - film annonce d’origine (3 mn 01) (2) Le dernier acte, entretien avec Eric Bonnefille et Hubert Niogret, et montage d'archives avec Charles Spaak et Michel Simon (16 mn 38) - film annonce d’origine (4 mn 20) (3) Filmer la noirceur, entretien avec Eric Bonnefille et Hubert Niogret (18 mn 27) - film annonce d’origine (3 mn 24) - (tous) DVD du film
• Éditeur : Pathé !
Commentaire artistique
La Belle équipe Note artistique : (5/5)
Présenté en version originelle, avec une fin conforme à celle que Julien Duvivier et Charles Spaak avaient prévue, le film traite de l’amitié et de la solidarité, deux thèmes chers au cinéaste. Le scénario est magnifiquement écrit par Charles Spaak avec des dialogues étincelants qui fascinent toujours. Dans le supplément, il raconte qu’il écrivait en même temps le scénario de La Grande Illusion et que les deux films auraient failli être intervertis entre Renoir et Duvivier… Au ton plutôt optimiste de Spaak, Duvivier opposa une vision plus sombre en infléchissant le récit vers un drame machiste : ce sont les deux femmes de l’histoire qui seront la cause de tous les malheurs de l’équipe masculine. La distribution éblouissante réunit les grands acteurs du moment dont Jean Gabin (acteur et chanteur), interprète fétiche de Duvivier qui peaufine son futur et charismatique rôle de travailleur gouailleur, bien épaulé par Charles Vanel, Raymond Aimos et Charpin. On ne saura oublier une jeune actrice talentueuse et séduisante, Viviane Romance qui débutait à l’écran dans un rôle de femme fatale qui allait lui coller à la peau. La mise en scène est un délice alternant avec bonheur des scènes intenses, aux gros plans saisissants, et des moments de pure gaieté existentielle, filmée en mouvement. Les scènes au bord de la Marne et celle de la chanson leitmotive « Quand on s’promène au bord de l’eau », éloge de la joie de vivre, sont magnifies par leur simplicité naturelle. Le film fut exploité avec deux fins différentes, « noire » et « rose », la conclusion pessimiste originale ayant été boudée par le public. Il faudra attendre cette édition 2016 pour que les français puissent enfin disposer de la vraie fin ! Avec sa fin heureuse, bien qu’écrit avant les élections de septembre 1936, le film semblait prémonitoire comme si il avait été destiné à promouvoir les valeurs de gauche du Front populaire. À l’analyse, le film n’a pourtant rien de socialiste : la guinguette est conçue comme une étape de réussite sociale et d’aspiration de travailleurs à quitter leur condition. Duvivier ne laisse planer aucun doute sur les ambitions des uns et des autres et insiste sur le poids du destin qui peut briser les amitiés : la fin pessimiste parait alors tout à fait justifiée. Impeccablement restauré, un chef-d’œuvre sur la comédie humaine qui s’impose comme un classique incontournable.
La Fin du jour Note artistique : (5/5)
Les compères de La Belle équipe, scénariste et réalisateur, ont élaboré ce récit morose sur le destin des comédiens à la retraite. Julien Duvivier s’est d’ailleurs inspiré de ses souvenirs, il avait débuté comme acteur de théâtre, pour imaginer certains de ses personnages. À sa sortie, le sujet semble déplaire aux critiques qui n’y voient qu’un tableau méprisant alors que les auteurs avaient complétement édulcoré la cruauté qu’ils avaient constatée dans les maisons de retraite spécialisées ! Le sujet était passionnant : évoquer la distanciation entre la gloire éphémère de la scène et la réalité de la vieillesse. La distribution est extraordinaire : Michel Simon, Louis Jouvet et Victor Francen, trois stars hexagonales d’alors monopolisent l’attention, chacun dans leurs rôles tragiques mais Duvivier sait maintenir l’équilibre entre leurs apparitions dans ce film à la sensibilité exacerbée. La cruauté du temps qui passe n’a d’égale que la complexité des sentiments des uns et des autres : malgré la dureté du thème, ce drame jamais caricatural emporte l’adhésion. Difficile de résister à ce rassemblement de talents dont on peut se demander si l’interprétation n’a pas des allures d’évocation prémonitoire ! Un film certes mélancolique mais baigné d’une délicatesse non exempte d’espérance.
Voici le temps des assassins Note artistique : 
(4,5/5)
C’est certainement, pour des raisons personnelles, le film le plus sombre de Julien Duvivier qui retrouvait Jean Gabin et lui confia ce rôle de restaurateur conforme à la stature de la star tout en faisant confiance à Danièle Delorme pour incarner une jeune femme amorale et sans scrupule et Gérard Blain celui d’un étudiant à l’innocence mal récompensée. Les autres femmes de l’histoire sont interprétées avec une crédibilité irréprochable. L’histoire machiavélique, digne de Boileau-Narcejac, est captivante et fort bien mise en scène, digne des grands films naturalistes. Si le film est surtout tourné en studio (restaurant, rue du quartier des Halles), quelques scènes tournées sur place dans les halles d’autrefois font même figure de véritable reportage d’archive. L’atmosphère du marché de Paris comme sur les bords de la Marne est excellemment restituée avec densité par la photographie d’Armand Thirard et traitée avec une grisaille et un manque assumé de clarté qui renforcent le pessimisme du tableau. Le portrait de l’humanité sous la caméra de Duvivier est démoralisant mais ce film noir, très noir, a tout d’un grand film. Mémorable.
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Commentaire bonus
L’ensemble des trois films est accompagné d’entretiens instructifs mais il manque tout de même un documentaire sur le cinéaste et sa place dans l’histoire du cinéma français et mondial.
Commentaire technique
Toutes les copies ont été intégralement restaurées à partir de masters numériques: la totalité des défauts des éléments d’origine a été nettoyé, les fluctuations de densité résorbées, le grain conservé pour une meilleure définition.
La Belle équipe : restauration 4K (L’Imagine Rittrovata, Bologne) à partir du négatif image nitrate sous la supervision de Christian Duvivier et 2300 heures de travail ; la fin originelle est restituée à partir d’un interpositif retrouvé récemment et restauré.
La Fin du jour : restauration 4K (L’Imagine Rittrovata, Bologne) à partir du négatif image nitrate sous la supervision de Christian Duvivier et 1900 heures de travail.
Voici le temps des assassins : restauration 2K à partir du négatif image Safety (laboratoire Eclair) et d’un négatif son optique (le Diapason)
• Colorimétrie : magnifique noir et blanc, excellente échelle de gris, noirs francs, blancs nuancés
• Étalonnage : excellent
• Contraste : excellent, rends hommage aux éclairages sophistiqués de chaque œuvre
• Compression : pas de défaut constaté
• Définition : variable, globalement excellent malgré la granulation des pellicules d’époque et la qualité relative des optiques
• Mixages : tous monophoniques, clairs et dynamiques, équilibrés, sans accroc ni véritable distorsion, un peu de bruit de fond et quelques aigus en retrait, du très beau travail
Liens Web
Site Pathé ! : http://www.pathefilms.com/resultats?searchTerms=duvivier
IMDb :
La Belle équipe : http://www.imdb.com/title/tt0027342/
La Fin du jour : http://www.imdb.com/title/tt0031309/
Voici le temps des assassins : http://www.imdb.com/title/tt0051172/
Notre avis
Image : 
(4/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (2/5)
Packaging : (3/5)
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