Test platine vinyle Rega Planar 3 : tous pour laisser passer l’émotion
En 1977, le fabricant britannique Rega bouscula le monde des platines analogiques avec deux modèles aussi originaux que performants, les Rega Planar 2 et 3. Depuis toute une série de modèles ont suivi et même si les idées pleines de bon sens du concepteur et génial Roy Gandy sont restées les mêmes depuis le lancement de sa marque, tous les éléments ont considérablement été améliorés depuis.
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CE TEST A ÉTÉ PUBLIÉ DANS NOTRE GUIDE 2016 DE LA HIFI POUR TOUS 2016
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A la fin des années 70, l’arrivée de ces deux modèles n’était pas passée inaperçu, car un plateau en verre qui surmontait ce qui paraissait comme une simple planche de bois avait laissé prise à bien des moqueries de la part de la concurrence comme de la presse. A cette époque, les acheteurs avaient le choix entre des modèles à entrainement direct (moteur placé juste sous le plateau) en général d’origine japonaise et d’autres platines, plus audiophiles, mais suspendues avec des plateaux la plupart du temps en métal qui résonnaient comme de véritables cloches. Roy Gandi décida d’apporter une nouvelle vision d’un tourne-disque avec comme principes privilégiés : la rigidité, la légèreté en retirant aussi tout ce qui pourrait lui nuire en matière de vibrations et résonances inutiles. Les suspensions et plateaux en métal dont l’efficacité dépend à la fois de leur qualité de fabrication comme de celles du réglage final furent remplacés par tout d’abord une plinthe ultra rigide composée de différentes essences de bois. Les plateaux en métal, souvent difficiles à bien équilibrer, furent changés par du verre, une matière offrant par nature une excellente régularité de fabrication et un haut pouvoir de rigidité.
Le moteur fut suspendu (et non le contraire avec la concurrence) et toutes les pièces métalliques comme les changements de vitesse furent retirés, c’est l’utilisateur qui désormais en changera en déplaçant la courroie sur l’axe du moteur. Au début équipées de bras en S d’origine japonaise (Acos-Lustre GST1), ces Rega Planar 2 et 3 ont rapidement reçu un modèle, droit cette fois, entièrement conçu et fabriqué par la marque sur un cahier des charges drastique. C’est la naissance des bras RB250 et 300 qui connurent un succès jamais démenti depuis et équipent toujours bon nombre de platines vinyles haut de gamme. Simples, rigides et pensés dans leurs moindres détails (comme une troisième vis de fixation pour les cellules de la même marque), ces bras marquèrent une continuité dans les grands principes développés par Roy Gandi. Celui de notre Rega Planar 3 de ce test a encore subi de nouvelles modifications, le rendant bien meilleur à l’écoute.
Une platine vinyle bien pensée
Presque 40 ans ont passé et l’on peut constater que les idées, très novatrices pour l’époque, du concepteur Roy Gandi ont été suivies à la trace par beaucoup. Nous pouvons même affirmer sans offenser qui que ce soit qu’il a inspiré bien des ingénieurs avec ses idées. La Rega Planar 3 d’aujourd’hui, et pour avoir bien connu le modèle original, semble très semblable, mais à y regarder de plus près, pas mal de modifications et d’améliorations sont rapidement visibles : le fruit de ces presque 3 décennies de recherches incessantes. Nous retrouvons le même interrupteur de marche/arrêt à gauche, mais placé cette fois sous la platine et non au-dessus. Le plateau est toujours en silice (verre Optiwhite à faible teneur en oxyde de fer) de 12 mm d’épaisseur avec un contour poli et recouvert de feutrine. Ses tolérances de fabrication ont été poussées bien plus loin pour un équilibrage parfait. Il repose toujours sur une contre platine bénéficiant, comme l’axe de rotation, d’un meilleur usinage les rendant encore plus légers et plus résistants. Le logement qui accueille l’axe (en bronze) a été redessiné, il est en laiton haute précision.
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La plinthe en stratifié reçoit un plaquage acrylique et la pose d’un double renfort entre la base du bras et l’axe central offre une rigidité supplémentaire sans alourdir l’ensemble (ce que Rega ne souhaite pas). Ces deux plaques perforées pour en alléger la masse sont de matière différente : en résine phénolique sur le dessous et en phénolique métallisée sur la face supérieure. Bien entendu, leur emplacement n’est pas le fruit du hasard, elles ont été mises à des endroits stratégiques.
Le moteur 24 Volts d’entraînement par courroie est aussi nouveau. Il est désormais doté d’un procédé de ventilation passif et d’un contrôle numérique de la vitesse avec alimentation extérieure. Il est, en plus, compatible avec l’utilisation d’une alimentation plus performante disponible en option la TT-PSU. Cette Rega Planar 3 ainsi ressuscitée se pare également de tous nouveaux pieds. Ils ont été améliorés pour augmenter la stabilité de l’ensemble tout en réduisant l’introduction de vibrations parasites.
Un bras finement redessiné
D’après le constructeur, le plus gros effort a été porté sur le nouveau bras 9 pouces. Il s’agit du Rega RB330 de la marque qui fait appel aux toutes dernières technologies en matière de conception et d’usinage 3D. Toujours droit, ce RB330 est fabriqué autour d’un tube unique en métal injecté sous pression dans un moule spécifique. Il ne comprend toujours pas de porte-cellule indépendant (une hérésie pour la marque) et dispose de trois points de fixation pour les cellules de la même marque. Il intègre de nouveaux roulements haute précision pour un taux de friction bien plus faible. Le contrepoids massif en métal est désolidarisé du tube par une matière amortissante, type polymère ou latex. Le réglage de la bonne force d’appui se fait par une petite molette située à la base du bras.
L’anti-staking a été, lui aussi simplifié en vue d’une meilleure efficacité, en revanche le réglage de la hauteur du bras n’est toujours pas d’actualité. Il faudra toujours jouer sur de petites cales pour le mettre à la hauteur désirée. Le câblage bénéficie maintenant d’une liaison à plus faible capacité et est équipé de très belles prises Neutrik RCA. Pour ce test, cette Rega Planar 3 est équipée d’une cellule de la même maison : une Elys 2.
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Écoute
Dès les premières minutes, le son Rega est bel et bien là : ce doux mélange de sensations entre un très beau naturel et un excellent suivi rythmique. C’est une constante chez ce constructeur qui veut que pouvoir d’analyse ne se fasse pas au prix d’une quelconque vulgarité sur l’établissement des timbres, bien au contraire. Et ajoutons que le sentiment d’une meilleure transparence sur ce nouveau modèle nous a effleuré l’esprit, même si ce n’est pas ce qui saute aux oreilles immédiatement. En tout cas, cette platine équipée de cette cellule sait faire chanter indubitablement les disques en n’en tirant que de l’émotion, bien plus qu’une analyse froide et frigide que l’on déplore chez certaines autres.
L’écoute par exemple du LP de jazz Blue Train de John Coltrane (Blue Note) en est le meilleur témoin. Il y a de la vie qui sort de cette platine sans pour autant qu’elle développe une rapidité que nous trouvons par exemple sur la Music Hall mmf-5.3 SE ou encore la Gold Note Valore 425 Plus, toutes deux équipées de la même cellule Ortophon 2M Bronze, qui va certainement plus loin que l’Elys 2. Avec la Rega Planar 3, les extrémités du spectre semblent plus courtes. C’est plutôt l’homogénéité des timbres avec, par exemple, la restitution très réaliste du saxophone de Coltrane qui nous enveloppe littéralement. Nous obtenons le côté cuivré de cet instrument et toute l’expression de sa force. Et cette densité, cette chaleur sur les timbres, dénote un haut du spectre très bien raccordé à une région médium assez pleine et charnue. En revanche, les extrémités de la bande passante semblent, avec la Rega Planar 3, plus écourtées, en tout cas moins précises.
C’est ce que nous avons apprécié à l’écoute du passage des valses de Richard Strauss dirigées par Rudolf Kempe (Pathé Marconi/EMI) extraites de l’œuvre le Rosenkavalier. L’image stéréophonique prend bien se place devant nous avec une belle impression de présence sans quitter ce côté charnel que nous constatons sur bien d’autres LP. L’organisation des différents pupitres est d’une belle facture. Cette platine apporte de la chair à la restitution et aux divers musiciens qui peuvent jouir d’un bel espace d’expression sans dépasser le cadre physique des enceintes. La dynamique va dans le même sens. Elle n’est pas foudroyante, mais arrive à capter les mouvements d’orchestre assez puissants avec facilité : c’est surtout le suivi mélodique que nous aimons avec ce disque. En résumé, et le fil des écoutes nous le prouve, la Rega Planar 3 peut aussi mériter une cellule plus haut de gamme sans aucun souci, la qualité du nouveau bras le permet aisément. Elle se positionne comme une base de lecture idéale qui sera exprimer toutes les nuances apportées par des éléments plus haut de gamme.
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Le site de la marque : www.rega.co.uk
Spécifications
- Platine à entrainement par courroie
- Plateau en verre haute densité Optiwhite
- Axe/pivot : bronze/laiton
- Cellule Elys 2 : MM ou aimant mobile
- Diamant : elliptique
- Sensibilité : 6.8 – 7.2 mV
- Dimensions : 44.7 x 36 x 11.7 cm (LxPxH)
- Poids : 6 kg
- Prix : 920 € pour la platine sans cellule, 980 € avec une cellule Elys 2 (d’une valeur de 190 €), disponible en finition noire ou blanche
Notre avis : Rega Planar 3 + Elys 2
- Qualité de fabrication : (4,5/5)
- Fonctions/Équipements : (3/5)
- Performances sonores pures : (4/5)
- Musicalité : (4,5/5)
- Intérêt : (4/5)