CD : intégrale des Sonates pour piano et violon de Mozart (vol. 3)

• Wolfgang Amadé Mozart : Sonates pour pianoforte et violon (vol. 3) K. 302, en Mi bémol majeur, K. 377, en Fa majeur, K. 379, en Sol majeur, K. 454, en Si bémol majeur
• Isabelle Faust (violon), Alexander Melnikov (piano)
• 1 CD Harmonia Mundi : HMM 902362 (Distribution : [PIAS])
• Durée du CD : 73 min
• Note technique :  (4/5)

Voici le troisième volume de l'intégrale en cours des sonates pour pianoforte et violon de Mozart sur instruments anciens, interprétée par le tandem Isabelle Faust-Alexander Melnikov. Et présentant les mêmes caractéristiques d'excellence que les précédents.

Comme le premier volume et le deuxième, cette nouvelle fournée réunit quatre sonates écrites à des périodes différentes. La Sonate K.302, en Mi bémol majeur, composée en 1778 à Mannheim, fait partie du groupe des six désignées sous le nom de ''Palatines'' car dédiées à l’Électrice Palatine Marie-Elisabeth. Elle est constituée de deux mouvements qui montrent un bel équilibre entre le piano et le violon, ce dernier s'émancipant pour devenir un partenaire à part entière. L'Allegro combine deux thèmes, l'un affirmé et gai, l'autre expressif de douleur, notamment au violon. Le développement installe une confrontation singulière, magistralement menée ici, et c'est l'élément gai qui l'emporte finalement. Le Rondeau Andante grazioso se signale par son thème en forme de refrain d'air d'opéra joué d'abord au piano et repris par le violon. Les couplets sont des variations, ce qui constitue une originalité toute particulière et inédite chez Mozart. 

Du groupe des quatre écrites en 1781, la Sonate K.377 en Fa majeur affirme une symbiose plus marquée encore entre les deux instruments. L'Allegro est tumultueux et truculent, le piano tricotant allègrement l'unique thème et passant la main au violon. Suit un Andante sur le modèle thème et variations : le thème bien chantant est entonné par le piano et relayé par le violon pour être décliné en six variations qui s'en écartent peu. On note une certaine modernité pour ce qui est de la troisième. Le finale Tempo di Minuetto un poco Allegretto se veut serein quoique rapidement s'installe un passage vif au clavier. La Sonate K.379 en Sol majeur est en deux parties : la première, d'une durée substantielle, aligne une introduction Adagio presque improvisée confiée d'abord au piano puis au violon, laquelle débouche sur un Allegro vif et fébrile, ce que le jeu franc à l'arraché d'Isabelle Faust traduit parfaitement, renforçant son caractère passionné. L'Andantino cantabile, de schéma thème et variations, se signale par une écriture variée et dense aux deux instruments. Le thème d'allure bonhomme est développé de manière extrêmement variée, alternant la douceur et une certaine rudesse. 

Enfin la Sonate K.454 en Si bémol majeur appartient à la dernière série de duos piano violon de Mozart. Elle a été composée à Vienne en 1784 pour son élève Regina Strinasacchi. Contemporaine du 17ème Concerto pour piano K.453 et du Quintette pour piano et vents K.452, elle offre une écriture grandiose. Le premier mouvement s'ouvre par un Largo, prélude aux accents impérieux, suivi d'un Allegro plein d'entrain, d'un équilibre souverain. Le poignant Andante mêle trois thèmes, rêveur, douloureux et tendre. Un certain pathétisme s'y résout dans la paix. Le finale Allegretto est un rondo d'une belle allégresse qui « apporte une joie plus ailée que bruyante », selon les Massin, paré de ravissantes touches de la part de chacun des instruments.

Tout comme dans les autres volumes, enregistrés au même moment au Teldex Studio Berlin, on est séduit par la superbe sonorité du violon d'Isabelle Faust, volontairement âpre à l'occasion, son expressivité et ses nuances inouïes, et par le toucher magique et fluide du piano d'Alexander Melnikov. La balance entre les deux partenaires est satisfaisante.

Texte de Jean-Pierre Robert 

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