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Théâtre : Vie et mort de Mère Hollunder de Jacques Hadjaje au Théâtre du Rond-Point

vie et mort de mere hollunder

  • Vie et mort de Mère Hollunder
  • De et avec Jacques Hadjaje
  • Mise en scène : Jean Bellorini
  • Du 18 septembre au 13 octobre 2019, 20h30
  • Théâtre du Rond-Point
    2 bis, Avenue Franklin D. Roosevelt
    75008 Paris
    www.theatredurondpoint.fr

Seul en scène, Jacques Hadjaje nous entraîne sans ménagement dans l’univers étrange et complexe de Mère Hollunder…

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D’où provient ce personnage énigmatique arborant une jupe et qui durant une heure d’horloge vocifère et harangue un public médusé ? En fait, ce personnage provient tout droit de la pièce Liliom d’un auteur hongrois Ferenc Molnar. Mais Mère Hollunder nantie d’un appareil photo, n’occupe pas exclusivement la totalité de la pièce où sont évoqués pêle-mêle bien d’autres sujets brûlants comme l’antisémitisme et le nazisme. Jacques Hadjaje cerne avec une acuité sensible une galerie inédite de personnages marginaux, oubliés que la société cherche toujours à éclipser, les dissimulant constamment dans l’anonymat, bref cherchant toujours davantage à nier leur existence. Le cri de révolte de cette Mère Hollunder s’évertue à tirer du néant cette population méprisée, figée une fois pour toutes dans sa condition d’éternelle perdante… Dans l’une des séquences majeures de ce spectacle, Jacques Hadjaje évoque un personnage féminin extraordinaire, celui de la Norma, tiré du célèbre opéra de Bellini. Pour donner corps à ce personnage douloureux, l’auteur de la pièce fait appel à une cantatrice de légende : Maria Callas, qui incarne avec une puissance sidérante ce personnage victime d’un destin implacable. Mais le torrent verbal véhiculé par Mère Hollunder va surtout s’insurger contre les injustices faites aux femmes, dénonçant avec une vigueur sans concession tous les abus dont elles sont les victimes. Pour conclure cette pièce, on pourrait imaginer une fin édifiante rapportant une sorte de calme précaire dans cet univers chaotique imaginé par Jacques Hadjaje. Il n’en est rien car histoire de mettre un terme funèbre à cette tragédie, Mère Hollunder, décharnée, squelettique, s’introduit en grommelant dans un cercueil qu’elle juge d’ailleurs bien trop étroit, mettant fin ainsi à son existence.

La mise en scène signée par Jean Bellorini se distingue par sa sobriété excluant tout recours à de quelconques effets de mise en scène sollicitant une artificialité abusive. Quant à l’interprétation de Jacques Hadjaje de ce personnage singulier et inclassable de Mère Hollunder, elle est proprement étonnante de virtuosité et de justesse. Bref, un spectacle qui ne peut que séduire ceux qui s’interrogent sur notre monde contemporain et ses dérives…

Texte de Michel Jakubowicz



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