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Notre cher Anton à l'Artistic Théâtre

Notre Cher Anton Catherine Salviat

  • D’après les écrits de Tchekhov
  • Conçu et interprété par Catherine Salviat, Sociétaire honoraire de la Comédie-Française
  • À partir du 7 juin 2018

  • Artistic Théâtre
    45 bis rue Richard Lenoir
    75011 Paris
    www.artistic-athevains.com

Anton Tchekhov vu à travers ses récits et sa correspondance : un pari réussi par Catherine Salviat, interprète et metteuse en scène de ce spectacle.

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Catherine Salviat, qui est à la fois l’interprète et l’architecte de ce spectacle autour d’Anton Tchekhov, trace un portrait subtil de l’écrivain et dramaturge, s’obstinant à tisser avec minutie et inspiration, ce qui constitue la matière de ses pièces futures (La Mouette, La Cerisaie, Oncle Vania, etc…). En un peu plus d’une heure de spectacle, elle parvient à saisir les motivations des personnages inventés par Tchekhov, si proches d’une réalité qui nous semble solide et en même temps incertaine et fuyante. C’est à petites touches que Catherine Salviat construit le personnage complexe d’Anton Tchekhov, le montrant tour à tour sous son aspect généreux ou moqueur, allant parfois jusqu’à lui attribuer aussi une pointe de cynisme. Catherine Salviat, loin de conserver à son récit de la vie de Tchekhov une progression excessivement linéaire, rompt et fragmente son récit par des citations de ses pièces (La Mouette, Oncle Vania, La Cerisaie) allant même jusqu’à introduire de manière inopinée l’air de La Comtesse (qu’elle chante elle-même) de l’opéra La Dame de pique de Tchaïkovski. Elle fait également appel à une légende de la voix en Russie : le grand chanteur Fédor Chaliapine. Un autre point est abordé dans ce récit : mettre en lumière ce qui devait être la vocation première d’Anton Tchekhov : la médecine. En effet, il est impossible d’oublier les extraordinaires portraits de médecins qui hantent ses pièces : ils en sont souvent les personnages centraux, habités de sentiments contradictoires face à leurs semblables. Anton Tchekhov poussera très loin cette analyse de la médecine dans son noir et terrible récit : Salle 6, où le personnage principal (le docteur Raguine) passe imperceptiblement de la position de médecin à celle peu enviable, de patient. Si Catherine Salviat, dans sa recherche minutieuse d’éléments essentiels de l’existence hélas trop brève du dramaturge russe, célèbre les succès colossaux obtenus au théâtre, elle n’oublie jamais de signaler que ces triomphes ont d’abord été précédés de fours cuisants. Au total, Catherine Salviat réussit un spectacle au décor minimaliste, s’attachant avant tout (et y parvenant) à redonner au personnage surprenant, insaisissable et changeant de Tchekhov une image tout en nuance, totalement dépourvue d’artifice.

Une réussite que tout admirateur d’Anton Tchekhov, ce chantre de la nostalgie, ne saurait négliger sous aucun prétexte.

Texte de Michel Jakubowicz



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