Exposition : Foujita, peindre dans les années folles au Musée Maillol (Paris)
Exposition du 7 mars au 15 juillet 2018 au Musée Maillol
http://www.museemaillol.com/
FOUJITA, peindre dans les années folles
Commissaires de l’exposition, Sylvie Buisson et Anne Le Diberder
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C’est seulement âgé de 27 ans qu’un jeune peintre japonais, Tsuguharu Foujita tout juste sorti de l’Ecole des beaux-arts de Tokyo, débarque à Paris dans le quartier de Montparnasse. Il va immédiatement se lier d’amitié avec Soutine, Modigliani et tous ces peintres et sculpteurs qui donnent à cet endroit mythique toute son âme, tout son prestige. Mais l’ombre du premier conflit mondial se profile à l’horizon et pour Foujita qui fait le choix de rester en Europe, les difficultés pécuniaires s’amoncellent rapidement, du fait des réticences paternelles s’opposant au choix de son fils décidé à tourner le dos au Japon. Le poète et marchand d’art Léopold Zborowski, détectant rapidement le talent du jeune Foujita l’invite à Cagnes -sur-mer. Flanqué de ses deux amis peintres, Foujita va se rendre sur la Côte d’Azur pour y faire un séjour qui lui sera bénéfique car lorsqu’il retourne à Paris la consécration s’est affirmée et ainsi devant lui s’ouvre ce qui ressemble fortement à la route la plus directe vers le succès et la reconnaissance de son talent.
L’imposante exposition Foujita, qui se tient au Musée Maillol, permet de mesurer l’immensité de la production de ce peintre qui fait mentir sa réputation de noceur impénitent (nous sommes tout de même en plein cœur des années folles qui suivent le terrible conflit de 1914-1918 !). En effet cette exposition donne une assez juste définition de la production de Foujita. Celle-ci aborde de nombreux domaines puisque l’on peut découvrir un Foujita encore tout proche de la tradition japonaise représentée par des peintres tels que Hiroshige, Hokusai. On peut aussi y trouver des éléments d’un tout autre ordre, montrant chez cet artiste des avancées plus prononcées vers la modernité. Bien que contemporain des grands mouvements qui traversent le monde de la peinture (surréalisme, fauvisme, cubisme) Foujita semble imperméable à ces courants. Sa peinture reste malgré tout ancrée dans la culture japonaise, privilégiant dans ses œuvres le trait, présent dans la plupart de ses compositions. Ses thématiques explorent aussi bien le nu que de vastes fresques (présentes dans cette exposition).
Un animal fétiche semble aussi régner en maître dans cette exposition : le chat dont la présence s’affiche ici par de nombreux exemples. Si l’art de Foujita se caractérise par la sûreté du trait, héritée de la grande tradition japonaise, son usage de la couleur surprend par sa sobriété, proche davantage de l’aquarelle que des tableaux peints à l’huile. Le visiteur de l’exposition Foujita prendra congé de cette exposition avec la sensation d’avoir découvert un artiste raffiné, poussant parfois jusqu’à l’austérité sa recherche continue , presque obsessionnelle, d’une perfection proche du sublime, de l’inaccessible.
Michel Jakubowicz
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