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Théâtre : Les Gens jusqu'au 7 février (Saint Denis, 93)

Les-Gens theatre gerard Phillipetexte : Edward Bond
texte français : Michel Vittoz
mise en scène : Alain Françon
avec : Pierre-Félix Gravière (Quelqu’un), Aurélien Recoing (Postern) Alain Rimoux (Margerson), Dominique Valadié (Lambeth)

du 13 janvier>au 7 février 2014 au Théâtre Gérard Philipe
Centre dramatique national de Saint-Denis
59 Bld Jules Guesde - 93200 Saint-Denis

LA SUITE APRÈS LA PUB

A proprement parler cette pièce d’Edward Bond  qui date de 2013, semble n’avoir ni commencement ni fin. Nous sommes dans un décor d’une nudité absolue et nous apercevons une femme, presque une clocharde munie d’un énorme baluchon qui s’obstine avec une incroyable patience à dépouiller un mort.

Lui retirant d’abord une botte elle va incessamment revenir sur ce cadavre-ou supposé tel- et tenter de récupérer tout ce qu’elle peut tirer de cette dépouille. Mais c’est le moment que choisit un personnage étrange de faire irruption à son tour dans ce décor désolé. Un être hagard débitant une litanie répétitive, hallucinatoire, qu’il semble pratiquement être le seul à comprendre. Une autre silhouette  vient bientôt elle-aussi s’immiscer dans ce décor sinistre et glacé. Les trois hommes -le « cadavre » s’est en fait soudainement éveillé, souffrant d’abominables blessures-sont en fait des tueurs qui pour d’obscures raisons sont à présent traités comme des parias, totalement rejetés par leur communauté. Sous les yeux apparemment indifférents de Lambeth-le seul personnage féminin de la pièce-les trois ex-tueurs maintenant réduits au chômage, vont se livrer à un jeu ignoble consistant à se renvoyer leurs forfaits accomplis dans un autre temps. De ce pugilat terrible ne restera sur le terrain que le « cadavre » très provisoirement revenu à la vie et définitivement abandonné à son triste sort par le reste de la bande qui sans demander son reste décampe à jamais , s’enfonçant dans les ténèbres. Dans cette pièce d’une noirceur totale, Edward Bond reprend la thématique que véhiculaient déjà les  Pièces de Guerre qu’Alain Françon nous faisait découvrir dans les années quatre -vingt-dix au Théâtre de l’Odéon. Ce monde inventé par Edward Bond semble provenir d’un cocktail détonant sorti tout droit de George Orwell, de Richard Matheson, mais en aucune manière de celui de Robert Sheckley qui offre comme échappatoire l’humour et la dérision. Edward Bond, dans Les Gens, décrit un monde sans espoir où seule l’horreur, la nuit, règnent en maîtres absolus. Alain Françon qui met en scène Les Gens d’Edward Bond, reconstruit cet univers spectral, chargé de putréfaction, de folie, de terreur, avec une stupéfiante lucidité, donnant du même coup aux acteurs l’impulsion décisive leur permettant de s’impliquer totalement dans leurs personnages respectifs.
Un spectacle austère, souvent  terrifiant, qu’il faut affronter, s’apparentant à un récit de science-fiction menaçant très souvent de devenir dans un avenir peut-être pas si lointain notre très incertain avenir…

www.theatregerardphilipe.com



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