Théâtre : Un chapeau de paille d’Italie de Eugène Labiche
Mis en scène par Gilles Bouillon
Avec Frédéric Cherboeuf (Fadinard), Jean-Luc Guitton (Nonancourt), Stéphane Comby (Tardiveau), Xavier Guittet (Beauperthuis), Denis Léger-Milhau (Achille), Léon Napias (Emile), Marc Siemiatycki (Vézinet) et les comédiens du jeune Théâtre en Région Centre : Clément Bertani (Bobin), Camille Blouet (Clara), Juliette Chaigneau (Anaïs), Laure Coignard (Virginie), Julie Roux (Hélène), Mikael Teyssié (Félix), Charlotte Barbier (Femme de chambre)
du 14 novembre au 16 décembre 2012
Théâtre de la Tempête - Cartoucherie - 75012 Paris
LA SUITE APRÈS LA PUB
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A partir d’un minuscule évènement (un chapeau de paille d’Italie, dévoré par un cheval au bois de Vincennes), Eugène Labiche échafaude un scénario farfelu, grotesque, ahurissant, virant fréquemment vers l’absurde, frôlant le surréel et parfois le cauchemar.
C’est au malheureux Fadinard, qui doit se marier le même jour, qu’incombe la lourde tâche de mettre la main sur ce fameux chapeau de paille d’Italie, sous peine de voir son mariage réduit à néant par un beau-père irascible qui n’a qu’un mot à la bouche lorsqu’il aperçoit Fadinard : lui décocher un tonitruant «Mon gendre, tout est rompu ! ». La pièce va donc se dérouler dans une ambiance de cauchemar puisqu’à chaque fois que Fadinard croit tenir entre ses mains fébriles le précieux chapeau, telle une anguille, celui-ci lui échappe et doit à nouveau nécessiter une course folle supplémentaire chez celle qui par chance possède ce trésor inestimable, en l’occurrence La Baronne !
Cette rencontre fortuite et inattendue entre La Baronne et Fadinard va donner à Eugène Labiche la possibilité de composer une scène délirante dans laquelle il va mener très loin l’art du quiproquo et de l’absurde. Car cette fameuse Baronne qui se prétend entichée d’art lyrique et de bel canto, alors très en vogue dans ce Paris du milieu du 19e siècle, se méprend sur l’identité de Fadinard, lui attribuant celle d’un chanteur en vogue qu’elle a convoqué dans son salon, ce jour même ! Cette incroyable méprise génère donc une scène totalement surréaliste, car Fadinard pour arriver à ses fins (exiger de La Baronne le fameux chapeau) va s’efforcer tant bien que mal de se métamorphoser en chanteur italien à la mode, afin d’abuser La Baronne et d’obtenir le précieux trophée. Après cet épisode désopilant, digne de figurer dans une opérette de Jacques Offenbach (qui lui aussi triomphe sur toutes les scènes parisiennes de l’époque), la course folle reprend à nouveau car Fadinard s’aperçoit au dernier moment que le fameux chapeau n’est pas présent dans son carton remis par une servante de La Baronne. Finalement c’est paradoxalement le cadeau de mariage de l’oncle (fort sourd) de Fadinard qui vient très à propos sauver la périlleuse situation de son neveu, car son cadeau de mariage n’est autre que la copie conforme du fameux chapeau de paille tant recherché, qui sauvera ainsi in extremis la réputation fort compromise d’une dame. La course folle semble s’achever, sauvant du même coup le mariage de Fadinard et d’Hélène, mais chez Eugène Labiche tout ne semble tenir qu’à un fil et les menaces futures vont, semble t-il, continuer longtemps à planer au-dessus du couple qui va s’installer dorénavant dans un appartement décoré à grands frais et de manière prétentieuse par Fadinard !
La distribution d’acteurs très homogène permet à deux individualités d’imposer leur personnage : il s’agit de Frédéric Cherboeuf incarnant à la perfection un virevoltant Fadinard ainsi que Jean-Luc Guitton, parfait en truculent Nonancourt. La mise en scène de Gilles Bouillon parvient à maintenir sans trop de lourdeur le rythme effréné que requiert cette pièce de Labiche, servie par un décor très efficace et des costumes superbes.