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Guerre et Paix : l’adaptation monumentale russe oscarisée et sauvée en 2K (en Blu-ray)

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5).

Synopsis :

L'histoire se déroule entre 1805 et 1820. Alors que Napoléon 1er mène sa Grande Armée toujours plus loin en Russie, la vie continue pour l'aristocratie à Moscou avec ses mondanités et ses petits scandales. À travers une épopée lyrique et étourdissante, le récit retrace l'histoire de deux familles de l'aristocratie russe bouleversée par la guerre.

Parties

  1. Andrei Bolkonski (2 h 26 mn 56 : 1 h 44 mn 46 + 42 mn 10)
  2. Natacha Rostova (1 h 37 mn 35)
  3. 1812 (1 h 21 mn 14)
  4. Pierre Bézoukhov (1 h 36 mn 10) 
  • Titre original : Voyna i mir (Война и мир)
  • Support testé : Blu-ray
  • Genre : historique, drame
  • Année : 1966-1967
  • Réalisation : Sergueï Bondartchouk
  • Casting : Sergueï Bondartchouk, Lioudmila Savelieva, Viatcheslav Tikhonov, Boris Zakhava, Anatoli Ktorov, Anastasiya Vertinskaya, Antonina Shuranova, Oleg Tabakov, Irina Gubanova, Irina Skobtseva, Yury Devochkin
  • Durée : 7 h 01 mn 55
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 2,35/1
  • Sous-titrage : français
  • Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 russe/français - DTS-HD MA 2.0 français
  • Bonus : édition collector coffret bois avec illustration inédite signée Tony Stella avec les deux Blu-rays - livre « Guerre et Paix. Une histoire russe, une épopée soviétique » rédigé par Marc Moquin, directeur éditorial de Revus & corrigés ; préface de Bertrand Mandico, cinéaste ; postface de Marie-Pierre Rey, professeure d’histoire russe et soviétique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (156 pages)
  • Bonus sur le Blu-ray des parties 1 et 2 : présentation de chaque épisode par Joël Chapron, spécialiste des cinématographies d'Europe de l'Est (3 mn 24, 3 mn 32) - entretien avec Joël Chapron sur le réalisateur (2023, 9 mn 07) - portrait de Lioudmila Savelieva, émission Les Soviétiques (1968, 27 mn 19)
  • Bonus sur le Blu-ray des parties 3 et 4 : présentation de chaque épisode par Joël Chapron, (4 mn 18, 1 mn 47 - Making of commenté (Mosfilm, 1969, 30 mn 52) - entretien avec Joël Chapron autour de la production du film (2023, 29 mn 37) - résumé de la partie 4 par Joël Chapron (3 mn 35)
  • Éditeur : Potemkine 

 

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Commentaire artistique  

Entre 1962 et 1967, Sergueï Bondartchouk réalise la première version cinématographique sonore russe de Guerre et paix. Comme rappelé dans un des bonus et dans le livre supplément (une mine d’informations), cette version n’est pas la première et le copieux roman de Léon Tolstoï tentera encore par deux fois la télévision en 2007 (Robert Dornhelm) et 2016 (Tom Harper). Récompensé par l’Oscar du meilleur film étranger en 1969, le film fleuve de Sergueï Bondartchouk a été largement analysé sur ses intentions et sur son contenu. Il est notoire que la décision de faire ce film est clairement politique : en réaction au succès international, y compris en URSS, de la version américaine de King Vidor, War and Peace (1956), l’ordre est donné par la ministre de la culture Ekaterina Fourtseva au studio Mosfilm de produire une version soviétique supérieure. Elle va choisir le cinéaste, Sergueï Bondartchouk acteur et auteur d’un seul film (excellent) Le Destin d’un homme (1959), et lui octroyer presque tous les moyens nécessaires (finances, participation des musées et de l’armée, etc.) : la vision des scènes de batailles (Austerlitz, Borodino…) ou de l’incendie de Moscou attestent de l’énormité de la production. Débuté durant le dégel de l’ère Nikita Khrouchtchev et achevé sous celle rétrograde de Léonid Brejnev, le tournage a été souvent mythifié, en particulier avec l’affirmation erronée des foules de figurants dans les batailles, mais les morceaux de bravoure de l’épopée n’en restent pas moins époustouflants, surtout que tout est filmé en direct, les effets spéciaux se limitant à de la pyrotechnie et aux Matte Paintings avec une préparation minutieuse. Ainsi pour l’épisode trois, qui décrit pendant 45 minutes la bataille de Borodino (ou de la Moskova en VF), la préparation et le tournage sur place, avec l’aide irremplaçable (cf. bonus) de l’Armée rouge, exigeront deux années et mobiliseront quelques 12 000 figurants et 1500 chevaux. Si pour Guerre et paix, la démesure est de mise (103 lieux de tournage souvent authentiques mais aussi une réplique du centre de Moscou destinée à être brûlée), le film est pour son réalisateur un terrain d’expérimentions visuelles sans précédent. Avec son DP, Anatoli Petritski, et ses opérateurs, Sergueï Bondartchouk donne à sa caméra virevoltante une virtuosité ahurissante (cf. Making of) avec des travellings spectaculaires, des mouvements au cœur de l’action filmée par des caméras télécommandées et des plongées vertigineuses de caméras se déplaçant sur des câbles de 300 mètres ! La scène du premier bal de Natacha, dans une magnifique salle reconstituée en studio, nécessitera 25 prises avec des opérateurs montés sur des patins à roulettes et des rails-tringles suspendus au plafond.

Le casting réunit des centaines d’acteurs : si le cinéaste joue lui-même Pierre Bézoukhov (en remplacement de l’acteur pressenti Yury Vlasov trop mauvais), il est parfois remplacé par Yury Devochkin. Sa femme actrice Irina Gubanova joue Hélène Kouraguine (future femme de Pierre) et il confie le rôle de Natacha Rostov à Lioudmila Savelieva, une jeune actrice inexpérimentée, et celui d’André Bolkonski au grand acteur Viatcheslav Tikhonov. Il profite de la fin du stalinisme des années 60 pour rappeler des stars des années 30 qui avaient été censurées comme Viktor Stanitsyne (comte Rostov), Anatoli Ktorov (père d’André Bolkonski) et Boris Zakhava (Koutouzov). Napoléon est incarné par Vladislav Strzelczyk et Ramballe par Jean-Claude Balard : le réalisateur exigera que tous les dialogues en français de son film soient dits en français.

L’adaptation, qui va nécessiter quatre films, est coécrite par Sergueï Bondartchouk et Vassili Soloviov : elle sera assez fidèle au roman tout en déroulant la saga des destins contrariés de Pierre Bézoukhov, de Natacha Rostov et d’André Bolkonski en pleine tourmente de la conquête napoléonienne. Elle fait l’impasse sur l’épilogue complexe, ainsi que sur les développements philosophiques de Léon Tolstoï, et passe sous silence (soviet oblige) toute allusion à la franc-maçonnerie. Quelle que soit la part inévitable de trahison au roman et les critiques politiques adressées aux propos du film, Guerre et paix demeure une œuvre au souffle épique imprégnée de lyrisme en dépit de sa production colossale. Sergueï Bondartchouk sait aussi bien nous plonger au cœur de l’action (vie de palais, batailles, incendie…) que nous faire ressentir les troubles existentiels de chaque protagoniste (usage efficace du split-screen) : le cinéaste n’a jamais renoncé à minimiser son style vibrant très personnel dont la puissance évocatrice est toujours prégnante.    

Guerre et paix, édition collector présentée dans un coffret en bois avec une illustration inédite signée Tony Stella et un livre de 156 pages, est enfin disponible en France dans la version restaurée par Mosfilm entre 2006 et 2016 car jusque-là le film n’était disponible que dans le coffret DVD sorti en octobre 2011. Pour une épopée cinématographique digne du roman de Léon Tolstoï, d’abord paru en feuilleton dans « Le Messager russe » (Ру́сский ве́стник) entre 1865 et 1869,  Guerre et paix de Sergueï Bondartchouk a été filmé avec le procédé soviétique Sovscope 70 qui, comme son nom l’indique, utilise un négatif argentique large de 70 mm avec une image au rapport 2,20/1. Idéalement c’est cette source que Mosfilm aurait dû scanner mais, malheureusement, les négatifs étaient presque tous inutilisables car trop détériorés : durant la production Sergueï Bondartchouk consterné par la qualité de la pellicule sera obligé de retourner plusieurs fois certaines séquences ! En conséquence pour sa version restaurée en 2K (plutôt qu’en 4K : un choix discutable) présentée à Cannes Classics en 2018, Mosfilm a utilisé divers négatifs 35 mm (cf. ci-dessus) au format 2,35/1. Le résultat est franchement remarquable et très proche, sans l’égaler tout à fait, de ce qu’aurait pu être une restauration 4K à partir du négatif original 70 mm.  Ce que les spectateurs avaient pu apprécier en projection à partir d’avril 1966 dans la salle parisienne mythique du 70 mm : le défunt Kinopanorama…

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Blu ray Guerre et paix 1965

Commentaire technique

En 1962, Mosfilm a décidé de tourner le film Guerre et paix en 70 mm haute résolution mais, plutôt qu’acheter de la pellicule chez Kodak ou Orwo, c’est une pellicule soviétique fabriquée dans l'usine chimique de Shostka (Ukraine), qui a été retenue. Selon le DP du film, Anatoli Petritsky, elle était de si mauvaise qualité (rayée, moustiques dans l’émulsion), voire défectueuse (sans perforations), que le réalisateur a dû retourner de nombreuses scènes (jusqu’à 40 fois pour certaines des séquences de bataille) !
Lorsque Mosfilm a voulu débuter la restauration du film, la pellicule instable s’était détériorée et le négatif 70 mm original était désormais inutilisable. La restauration numérique 2K a donc été effectuée à partir de contre-types 35 mm partiels et d’une copie positive 35 mm complète de référence conservée chez Sovexportfilm. Cette nouvelle restauration numérique 2K, démarrée en 2006 et achevée en 2016, s’est faite sous la supervision du président de Mosfilm, Karen Shakhnazarov.

Image : copie HD, définition variable, de très bonne à excellente, et piqué presque constant sur les détails qui permet de redécouvrir les scènes de bataille, texture argentique fine et régulière (tournage en Sovscope 70, Master Format 2K 2017, version restaurée à partir de copies 35 mm), image très stable et bien nettoyée de ses défauts, superbe gestion du contraste, images lumineuses, nuancées en basses lumières, étalonnage chaud avec une légère dominante bleutée, colorimétrie naturaliste chatoyante aux couleurs vives et tons saturés

Son : mixage russe/français 5.1 (remix à partir des 6 pistes magnétiques originelles), dialogues très clairs et spatialisés sur les trois canaux frontaux (G/C/D), superbe dynamique qui met en valeur les ambiances (troupes, batailles, nature) et la belle musique lyrique avec chœurs composée par Viatcheslav Ovtchinnikov, spatialisation ouverte surtout frontale aux canaux surrounds immersifs discrètement efficaces, LFE énergique (canons, cavalcade, musique) ; VF 2.0 monophonique, claire, doublage ancien et soigné, assez peu naturel car trop détaché des ambiances  

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Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue(5/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0063794/

 

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