Les Envahisseurs de la planète rouge : le film culte des années 50 sur le péril martien (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Une nuit, alors qu'il est à la fenêtre de sa chambre, le jeune David McLean, passionné d'astronomie, aperçoit un engin spatial qui se pose près de sa maison. Il prévient son père George McLean, un scientifique, qui part investiguer les lieux. Revenu du site suspect, celui-ci n'est désormais plus tout à fait le même. David soupçonne une emprise extraterrestre. Et, très vite, celle-ci s'étend, transformant les habitants de la localité en marionnettes humaines…

Titre original : Invaders from Mars
Support testé : Blu-ray
Genre : science-fiction
Année : 1953
Réalisation : William Cameron Menzies
Casting : Helena Carter, Arthur Franz, Jimmy Hunt, Leif Erickson, Hillary Brooke, Morris Ankrum, Max Wagner, William Phipps, Milburn Stone, Janine Perreau
Durée : 1 h 19 mn 29
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,37/1
Sous-titrage : français
Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
Bonus en VOST : Digibook limité à 1500 exemplaires avec le Blu-ray du film (79 mn 29) et le DVD du film (76 mn 18) - livret « La Science des rêves » (24 pages) - présentation de la bande-annonce de la restauration 4K par Ernest Dickerson (2022, 4 mn 35) - William Cameron Menzies : L'Architecte des rêves, portrait du « Production Designer » par James Curtis (William Cameron Menzies: The Architect of Dreams, 2022, 16 mn 27) - Jimmy Hunt sauve la planète, l'acteur parle de sa carrière (Jimmy Hunt Saves the Planet, 2022, 10 mn 31) - Restaurer l'invasion, à propos de la restauration (Restoring the Invasion, 2022, 6 mn 50) - bande annonce (VO, 2 mn 20)
Éditeur : Sidonis Calysta

LA SUITE APRÈS LA PUB

Commentaire artistique

Production américaine indépendante, Les Envahisseurs de la planète rouge est un des premiers films de science-fiction des années 50. Il a été réalisé par William Cameron Menzies, un cinéaste qui était aussi réputé pour être grand décorateur : dans ce film il est associé au directeur des effets spéciaux Jack Cosgrove. Les deux hommes ont été récompensés par un oscar pour leurs contributions artistiques à Autant en emporte le vent (1939). L’idée du film est à mettre sur le compte d’un rêve que fit l'épouse de l'écrivain John Tucker Battle qui en fit une histoire ensuite scénarisée par Richard Blake : le film raconte, de son point de vue, le récit d’un enfant témoin de l’arrivée d’une soucoupe-volante. Filmé avec le procédé trichrome éphémère SuperCinecolor, Les Envahisseurs de la planète rouge était prévu, selon le directeur de la photographie John F. Seitz, pour être tourné en relief, mais ne sera finalement réalisé qu’en 2D... faute de caméra 3D disponible. Cependant les décors ont été construits dans cette intention initiale avec des écarts accrus entre leurs éléments qui, même en 2D, impressionnent par leur profondeur visuelle. La réalisation de William Cameron Menzies, par l’usage de ces décors et le recourt à des angles inhabituels de caméra, donne au film une atmosphère d’étrangeté presque surréaliste, pour mieux traduire l’onirisme de l’intrigue vécue par le jeune David (Jimmy Hunt) découvrant que ses parents, Patricia (Hillary Brooke) et George (Leif Erickson), ne sont plus comme avant depuis l’arrivée des martiens… Fort heureusement il parviendra à convaincre la jolie astronome Pat (Helena Carter) et son collègue Stuart (Arthur Franz) de la véracité de sa vision. Parmi les divers seconds rôles, les plus avertis pourront reconnaitre Lock Martin, qui jouait Gort le robot dans Le Jour où la Terre s'arrêta (1951), et Robert Shayne, l'inspecteur Henderson dans Superman (1952). Du fait de son budget réduit, le film s’est contenté d’effet spéciaux rudimentaires, souvent mécaniques, exécutés en direct ou par inversion de prise de vue. Histoire de rendre les martiens - aux costumes peu convaincants - plus imposants bien que joués par des géants comme Max Palmer (2,31 m !), la production usa d’un subterfuge connu en recrutant des personnes de petites tailles remplaçant les comédiens dans les plans éloignés. Quant au cerveau martien démesuré enfermé dans un bocal, qui a peut-être inspiré ceux du film Les Survivants de l’infini (1955), il est incarné par l’actrice de petite taille Luce Potter (une Munchkin dans Le Magicien d'Oz, 1939). Considéré à sa sortie comme un film divertissant et ingénieux, Les Envahisseurs de la planète rouge a surtout été salué par son étrange esthétique qui pouvait, à l’époque, impressionner le jeune public. Hissé aujourd’hui au rang de film culte, il est loué par les critiques comme l’un des films précurseurs du genre « invasion martienne » les plus influents des années 50 : en 1986, Tobe Hooper en fera un remake intitulé L’Invasion vient de mars. Il existe plusieurs versions du film Les Envahisseurs de la planète rouge. De nouvelles séquences (observatoire avec allusion aux lumières de Lubbock, 1951, incident ovni de Mantell, 1948, rêve de David), aux raccords incohérents (costumes, coiffures), ont été tournées en septembre 1953 un an après fin de la production à la demande du producteur peu satisfait du minutage et de la fin originelle. Le montage a aussi été revu : alors que la version originale américaine, dite internationale, propose une fin énigmatique, la version britannique privilégie une fin plus abrupte et rationnelle. Cette édition Blu-ray ne contient que la version américaine sans le bonus avec la fin britannique contrairement à l’édition UHD 4K disponible aux USA…Désuet mais distrayant.

Commentaire technique

Restauré (cf. bonus) à partir du négatif original par Ignite Fims sous la supervision de Scott MacQueen. Le film avait été tourné sur pellicule négative Eastmancolor pour ensuite être tiré en trois films séparés monochromatiques par Cinecolor Labs. Quand Cinecolor a fait faillite, les éléments originaux et les matrices d'impression ont été saisis et vendus pour récupération...

LA SUITE APRÈS LA PUB

Image : copie HD, définition et piqué variables mais les éléments originaux étaient en piteux état (cf. bonus), texture argentique manquant d’homogénéité (tournage en 35 mm, Master Format 4K 2023 restauré), copie stabilisée et sans défaut notoire, contraste retrouvé sans fluctuation de densité, noirs profonds dépourvus de reflets, étalonnage chaud, colorimétrie aux teintes vives pas toujours très naturelles (verts dominants dans certains plans) et tons saturés

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, bonne dynamique sur les ambiances et les musiques, pas de saturation mais un léger souffle