L'Ange rouge : portrait ambigu d’une infirmière en temps de guerre (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
En 1939, pendant l'occupation de la Chine par les Japonais, Sakura Nishi est envoyée en Chine comme infirmière, et se trouve confrontée aux horreurs et au malheur des blessés et des infirmes. Elle noue une relation particulière avec le docteur Okabe, un homme plus âgé marqué par la vie.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
• Titre original : Akai tenshi (赤い天使)
• Support testé : Blu-ray
• Genre : guerre, drame
• Année : 1966
• Réalisation : Yasuzo Masumura
• Casting : Ayako Wakao, Shinsuke Ashida, Yûsuke Kawazu, Ranko Akagi, Jôtarô Senba, Daihachi Kita, Jun Osanai, Daigo Inoue
• Durée : 1 h 35 mn 06
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 Daieiscope Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique japonais
• Bonus : combo avec le Blu-ray et le DVD du film - Le Cinéma de Masumura, entretien avec Clément Rauger (2023, 17 mn 57) - bande annonce de la ressortie (VOST, 1 mn 29)
• Éditeur : The Jokers
Commentaire artistique
En 1966, juste après son drame intense en couleur Tatouage, Yasuzo Masumura réalise L’Ange rouge et confie à sa superbe actrice Ayako Wakao (qui jouera dans vingt de ses films) le rôle d’une infirmière plongée dans les horreurs de l’invasion et de l’occupation de la Chine par les japonais. Ce terrible confit, allant de 1937 à 1945 et montré sous forme de photographies durant le générique, qui a reçu les appellations édifiantes de « guerre antijaponaise » par les Chinois et « d’incident chinois » par les Japonais, ne sert que toile de fond à l’intrigue. L’Ange rouge, adapté d’un roman de Yorichika Arima, ne prétend pas être un film politique, même si le contexte terrifiant et absurde de la guerre y est puissamment évoqué frontalement par les scènes insoutenables d’hôpitaux de campagne. Car toute l’intrigue est présentée et racontée en voix off par Sakura Nishi, une jeune et jolie infirmière serviable et charitable confrontée aux pires horreurs (viol, chirurgie sans anesthésie, amputations, choléra, suicide, etc…). Filmé en scope noir et blanc aux cadrages soignés et aux éclairages tranchés par Setsuo Kobayashi, L’Ange rouge dépeint les conséquences morbides du conflit par l’afflux continu des blessés qui concrétise physiquement la défaite annoncée des Japonais : le film ne montrera pas directement les combats sauf dans ses scènes finales. Description sans concession du rôle des infirmières soumises à la concupiscence masculine et aux décisions médicales inhumaines, L’Ange rouge est avant tout un magnifique portrait féminin contrasté (elle « soulage » un amputé des mains et vit une passion amoureuse éphémère avec un chirurgien accro à la morphine) dans un univers mêlant intimement la mort et le sexe. Rythmé de scènes traumatisantes, parfois gore, parfois érotiques, L’Ange rouge suscite des questionnements moraux complexes et offre des réponses brutalement humanistes (pardon au violeur, dévouement sans borne) : le film a d’ailleurs provoqué la polémique à sa sortie en raison de ses images très dures et de sa description sans fard de soldats choqués, parfois revenus à un niveau presque bestial, qui donne une image très noire de la condition humaine. Ayako Wakao incarne avec une retenue mémorable et une grâce naturelle la jeune infirmière Sakura (fleur de cerisier) affrontant l’innommable et dont la sensualité stimule, bien malgré elle, la libido de son entourage masculin. Son innocence angélique exprime admirablement toute l’ambiguïté de son dévouement patriotique - elle est la métaphore du Japon - dans un conflit qui met à mal l’éthique naturelle de l’humanité. Le tableau des horreurs de la guerre dressé par Yasuzo Masumura, à la limite du réalisme documentaire démonstratif, est incontestablement saisissant et formellement révélateur de l’aberration des batailles avec la crise des valeurs et la mort au bout du compte. Bref, un film antimilitariste désabusé et un des plus beaux rôles de femme fatale pour Ayako Wakao : remarquable, mais à déconseiller aux âmes sensibles.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Commentaire technique
Film restauré en 4K en 2022 par Cineric (New York & Lisbonne) pour Kadokawa Corporation sous la direction artistique de Mashiro Miyajima
Image : copie HD, très bonne définition et piqué sur les détails, texture argentique assez prononcée mais homogène (tournage en 35 mm Daieiscope, Master Format 4K 2022 restauré), image propre, contraste bien maitrisé, images lumineuses, noirs solides, blancs nuancés, gris harmonieux
Son : mixage japonais 2.0 monophonique, dialogues clairs, équilibrés, sans distorsion, bonne dynamique sur les ambiances (hôpital, combat) et sur la musique de Sei Ikeno
Notre avis
Image : (4/5)
Mixage sonore : (4/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0139820/
LA SUITE APRÈS LA PUB
|