3 jours à vivre : un thriller distrayant au suspense trop modéré (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Simon Belin est un comédien ambitieux dans une troupe de théâtre itinérante, mais toujours relégué aux seconds rôles. Un soir, il est témoin d'un meurtre. En identifiant le premier suspect qu'on lui présente, Lino Ferrari, il voit là une opportunité pour briller et être sous le feu des projecteurs. Mais ce dernier s'échappe de prison et prévient Simon : il ne lui reste que trois jours à vivre.

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre original : 3 jours à vivre
• Support testé : Blu-ray
• Genre : policier, drame
• Année : 1957
• Réalisation : Gilles Grangier
• Casting : Daniel Gélin, Jeanne Moreau, Lino Ventura, Georges Flamant, Albert Augier, Aimé Clariond, Roland Armontel, Joëlle Bernard
• Durée : 1 h 25 mn 59
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français, anglais
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : Digipack 2 volets avec étui avec le Blu-ray (86 mn) et le DVD du film (83 mn) - Trois jours à vivre, entretiens autour du film avec Jean Ollé-Laprune et François Guérif (2023, 26 mn 11)
• Éditeur : Pathé !

Commentaire artistique

Trois jours à vivre est un film policier français réalisé par Gilles Grangier en 1957. Le scénario, qu’il coécrit avec Michel Audiard et Guy Bertret, adapte un roman de Peter Vannet paru en 1955. Le film réunit une excellente équipe artistique avec Michel Audiard qui a écrit des dialogues mémorables, Jacques Deray comme assistant-réalisateur, Armand Thirard qui assure la belle photographie naturaliste et Joseph Kosma qui a composé la musique. Le casting n’est pas en reste : si le couple Daniel Gélin et Jeanne Moreau partage les rôles principaux, l’intrigue de Trois jours à vivre est animée de très beaux rôles secondaires. Lino Ventura incarne avec puissance Lino Ferrari, la brute de service faussement accusée, Aimé Clariond interprète avec jubilation Charlie, le directeur foireux de la troupe de théâtre, et Roland Armontel excelle à jouer Alexandre, l’acteur expérimenté terriblement cabotin. L’intrigue bénéficie également de la participation efficace de Jacques Marin, Moustache, Marcel Pérès, etc. L’intérêt de ce polar au suspense limité réside dans sa description des coulisses d’une petite troupe de théâtre itinérante et d’une peinture sans fard des ambitions humaines. La progression dramatique est, à cet égard, significative : le film commence sur la soif de gloire de Simon (Daniel Gélin), un comédien de second rang plutôt lâche et avide de notoriété, quel qu’en soit le prix, pour laisser progressivement la place centrale au personnage fort de Jeanne (Jeanne Moreau), la femme lucide et pugnace de l’histoire qui monopolise l’empathie. Trois jours à vivre attise la curiosité mais brouille les pistes par sa construction surprenante qui conjugue autant le thriller policier que le film noir (influence de Jacques Deray) ponctué de quelques scènes de comédie (la troupe). En grande partie filmé en studio (Franstudio) avec des éclairages tranchés semi-expressionnistes, Trois jours à vivre possède des extérieurs, aujourd'hui à valeur documentaire, de Paris, Versailles et Le Havre dans les années 50. Si la tension de l’éventuelle vengeance, attendue sous trois jours, de Lino, très caricatural, peine à maintenir le suspense, elle permet de creuser davantage les caractères avec le portrait peu flatteur de Simon et celui plus exemplaire de Jeanne en femme fatale. Pourtant, malgré ce rôle intense, Jeanne Moreau n’aura qu’un emploi insignifiant dans le film noir suivant que Gille Grangier tourne la même année : Échec au porteur (1958). Malgré son suspense limité, Trois jours à vivre est un thriller policier distrayant à la réalisation très classique, témoin du cinéma français d’avant la Nouvelle Vague.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Commentaire technique

Restauré par Pathé en 2022 : travaux de restauration 4K effectués par L’Image Retrouvée, Paris-Bologne

Image : copie HD, très belle définition et piqué sur les gros plans, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K 2022 restauré), image stabilisée et très propre, superbe contraste favorisant les éclairages tranchés d’Armand Thirard, noirs solides, blancs nuancés, gris bien étagés

Son : mixage français 2.0 monophonique, dialogues clairs, pas de souffle ou de distorsion, excellente dynamique sur les ambiances et la belle musique de Jean Kosma