Walkabout : sur la perte de l’harmonie naturelle, un voyage onirique fascinant (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Dans le désert australien, la rencontre de deux enfants abandonnés et d'un jeune aborigène donne naissance à un voyage initiatique au cœur d'une nature sauvage : un choc entre l'Occident et la culture aborigène.
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• Titre français : La Randonnée
• Support testé : Blu-ray
• Genre : aventure, drame
• Année : 1971
• Réalisation : Nicolas Roeg
• Casting : Jenny Agutter, Luc Roeg, David Gulpilil, John Meillon, Robert McDarra, Peter Carver, John Illingsworth, Hilary Bamberger, Barry Donnelly, Noeline Brown, Carlo Manchini
• Durée : 1 h 40 mn 04
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais et aborigène
• Bonus : combo avec le Blu-ray et le DVD du film
• Bonus sur le Blu-ray : Gulpilil : One Red Blood, documentaire de Darlene Johnson sur l'acteur aborigène David Gulpilil (2002, 58 mn 58) - entretien avec Jenny Agutter (2008, 20 mn 48) - entretien avec André Iteanu, ethnologue (CNRS, EPHE, Centre Asie du Sud-Est) spécialiste de l'Océanie et ses sociétés organisées autour d'un système rituel (2022, 19 mn 39) - bande annonce (4 mn 09)
• Éditeur : Potemkine
Commentaire artistique
Après avoir coréalisé Performance (1970) avec Donald Cammell, Nicolas Roeg, directeur de la photographie réputé, signe avec Walkabout son premier long-métrage solo, début d’une filmographie comptant plusieurs titres d’importance dont Ne vous retournez pas, 1973 (chez le même éditeur). Son style très particulier qui déconcerte, au premier abord, exige du spectateur un effort de compréhension qui sera récompensé par la dimension onirique et dramatique fascinante de ses films. Walkabout n’échappe pas à cette manière si singulière d’appréhender le réel et de construire un univers composé de sensations visuelles et sonores. Le thème de l’intrigue est une pratique traditionnelle aborigène consistant en une randonnée, imposée aux garçons adolescents envoyés pendant une demi-année et sans aide dans la nature sauvage du bush et de l’outback : ce rite initiatique scelle le passage à l’âge adulte. En 1959 le romancier britannique James Vance Marshall lui consacre un roman qui a servi de base au scénario d’Edward Bond qui respecte la trame du livre, celle d’une adolescente et de son petit frère perdus dans le bush qui vont être aidés par un jeune Aborigène accomplissant son « walkabout ». La différence fondamentale avec le roman est que le crash initial de l’avion a été remplacé par le suicide du père géologue. Le film a été réalisé et photographié par Nicolas Roeg dans les sites naturels sauvages d’Australie avec un casting de débutants : seule Jennifer Agutter, âgée de 16 ans (tournage en 1969) et qui incarne l’adolescente, avait déjà jouée au cinéma, mais n’avait pas encore acquis la renommée que L’Âge de Cristal lui donnera en 1976. Le garçonnet est interprété par Luc Roeg, un des enfants du réalisateur et l’Aborigène par David Gulpilil (cf. bonus) dont c’est le premier rôle. Cet authentique traqueur et danseur cérémoniel, qui ne parlait pas l’anglais au moment du tournage, deviendra l’acteur Aborigène emblématique de nombreux films (La Dernière vague, 1977, Crocodile Dundee, 1986, etc.) sacré meilleur acteur à Cannes, section Un Certain regard, pour Charlie’s Country (2014). Il est décédé en novembre 2021. Avec ses trois acteurs et une large dose d’improvisation, Nicolas Roeg a filmé une ode à la nature (nombreux gros plans d’animaux sauvages), à l’Éden primitif et au paradis perdu avec la fin de l’innocence, ce qui explique les nombreuses séquences assez cruelles de chasse et de pêche et la nudité de la jeune actrice qui a bien compris les enjeux dramatiques du tournage (cf. bonus). L’orientation tragique des dernières scènes a souvent été discutée mais il convient de se souvenir que le jeune Aborigène engagé dans le walkabout n’était pas censé porter assistance sous peine de briser le tabou de son initiation. Outre ses intentions métaphoriques, le film est une vraie surprise suscitée par l’étrangeté de son montage syncopé qui défie la logique, de sa photographie étonnante (cadrages, textures naturelles, scènes sanglantes) et des divers effets visuels (superpositions, images figées) qui ponctuent la narration : on perçoit très vite que cette forme, oscillant entre essai et naturalisme documentaire, doit faire sens, même si on n’en comprend pas immédiatement l’esprit. Les pérégrinations du trio, les rapports entre les personnages et la relation à la Nature sont autant d’indices dispersés par le cinéaste qui ne cherche jamais à expliciter son propos. Énigmatique, mystérieux, allégorique, audacieux (premier film montrant un Aborigène désirant une fille blanche) Walkabout est un film incomparable sur la perte de l’harmonie naturelle (par l’irruption de la civilisation occidentale) qui peut être analysé à l’infini sans jamais en épuiser le sens. Comme toute l’œuvre de Nicolas Roeg, Walkabout est aussi riche de sens caché et de dimension universaliste que de savantes manipulations capables de stimuler l’intellect et les sentiments du spectateur. Avec ses thèmes toujours d’actualité, sur l’écologie et sur l’incommunicabilité, ce film, aussi passionnant sur la forme que sur le fond, est une œuvre à ne pas manquer.
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Commentaire technique
Image : copie HD, nouveau Master, bonne définition et piqué sur les gros plans, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2020 4K), très bonne gestion du contraste pour une image lumineuse et nuancée aux noirs soutenus, étalonnage chatoyant et chaud, colorimétrie riche aux teintes naturelles vives et aux tons saturés, image propre et stabilisée
Son : mixage anglais/aborigène 2.0 monophonique, dialogues très clairs et équilibrés, pas de distorsion, excellente dynamique sur les sons d’ambiances et la belle musique typique de John Barry complété de quelques extraits (didgeridoo, Stockhausen)
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : 
(3,5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0067959/
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