Tih-Minh : un ciné-roman par l’inventeur du Serial français (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Sur la Côte d'Azur, Kistna et sa bande de malfaiteurs cherchent à subtiliser à Jacques d'Athys un mystérieux document. Leur plan consiste à enlever Tih-Minh, une belle Indochinoise fiancée à Jacques. Celle-ci est libérée mais le traumatisme lui fait perdre mémoire et parole.

Épisodes

1. Le philtre d'oubli (46 mn 58)
2. Deux drames dans la nuit (29 mn 45)
3. Les mystères de la Villa Circé (35 mn 58)
4. L'homme dans la malle (29 mn 21)
5. Chez les fous (26 mn 50)
6. Les oiseaux de nuit (30 mn 22)
7. Évocation (27 mn 23)
8. Sous le voile (28 mn 55)
9. La branche de salut (29 mn 49)
10. Mercredi 13 (35 mn 34)
11. Le document 29 (31 mn 29)
12. Justice (32 mn 20)

• Titre original : Tih-Minh
• Support testé : Blu-ray
• Genre : feuilleton, aventure
• Année : 1918
• Réalisation : Louis Feuillade
• Casting : Mary Harald, René Cresté, Georges Biscot, Édouard Mathé, Louis Leubas, Gaston Michel, Marcel Marquet, Émile André
• Durée : 6 h 26 mn 14
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : anglais
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 musique (Julien Boury et Audionetwork)
• Bonus : Tih-Minh : un petit index, biographie commentée des différents protagonistes de Tih-Minh (2021, 16 mn 05) - Tih-Minh restauré (1 mn 59)
• Éditeur : Gaumont

Commentaire artistique

Considéré dès 1910 comme l’inventeur du « feuilleton » avec sa série de courts métrages muets consacrés à Jean-Josèphe Labède, dit Bébé (René Dary), dont le succès sera prolongé en 1913 par la série des Bout de Zan (René Doyen), Louis Feuillade va subjuguer le public avec son adaptation de Fantômas déclinée en cinq films (1913-1914) puis fasciner les amoureux d’aventures mystérieuses avec ses ciné-roman Les Vampires en 1915 et Judex en 1916. En 1919, il réalise Tih-Minh dont le rôle-titre est confié à une actrice anglaise née à Hong-Kong, Mary Harald, une comédienne énigmatique (disparue sans laisser de traces après une brève carrière entre 1917 et 1924) qui se contente d’incarner avec conviction le rôle peu gratifiant d’une jeune annamite amnésique et mutique. L’intrigue romanesque, fertile en péripéties, a été coécrite par le romancier Georges Le Faure et Louis Feuillade qui ne se privent pas de tricoter une histoire tarabiscotée à propos d’un document 29 prophétique promettant gloire et richesse à celui qui s’en emparera : l’argument est simpliste (encore qu’il joue sur l’espionnage et la phobie des allemands encore très sensible en ces temps d’après-guerre) mais permet d’enchaîner surprises, coups de théâtre, romance, traitrise et humour. Guère plausible à nos yeux du 21e siècle, ce film, tourné en extérieur, est un merveilleux documentaire sur la vie bourgeoise des années 20 : on ne lasse pas d’explorer les intérieurs des maisons chics de la côte d’Azur encombrés de tentures et de bibelots, d’explorer leurs parcs, d’admirer la mode féminine et les magnifiques voitures à marchepied de l’époque. Si René Cresté, qui fut un excellent Judex en 1917, manque de charisme en explorateur amoureux (Jacques d’Athys), ce sont bien Georges Biscot (désopilant Placide) et Louis Leubas (Kistna, espion sinistre expert en déguisement) qui lui volent la vedette. À leur côté, jouant le diplomate Sir Francis Guy, on retrouve un fidèle de Louis Feuillade, l’acteur Édouard Mathé. Côté actrice, ni Mary Harald, ni Georgette Faraboni danseuse italienne incarnant la soumise Dolorès del Rio, ne parviennent à surpasser la prestation comique de Jeanne Rollette en soubrette dynamique. L’interprétation globale est plaisante dans la mesure où aucun de ces professionnels du muet ne surjoue. Tih-Minh démontre à quel point Louis Feuillade possède à la perfection l’art du suspense, soutenu par une mise en scène alerte et par une science de l’image incomparable (vue depuis une automobile ou sur la falaise). Malgré une histoire invraisemblable, il parvient à nous tenir en haleine jusqu’à l’épisode final : nul doute qu’il aurait été, de nos jours, un showrunner de génie !

Commentaire technique

Restauration par Gaumont en 2018 avec le concours du CNC dans le cadre du plan d’aide à la restautaon et à la numérisation du patrimoine. Les images ont été scannées en 4K d’après un négatif nitrate Gaumont complété d’un contretype inversible conservé par le CNC. Les intertitres ont été recréés à partir des cartons franco-flamands présents dans une copie conservée par la Cinémathèque Royale de Belgique.

Image : copie HD, magnifique définition, piqué remarquable et grain argentique très fin (tournage en 35 mn, Master Format 4K), image propre, stabilisée et projeté à la bonne cadence (20 i/s), contraste excellent avec des images lumineuses et des noirs soutenus, blancs nuancés

Son : mixage 2.0 stéréophonique musical, très bonne dynamique, spatialisation frontale, excellente restitution des instruments (piano)

Notre avis

Image : (4,5/5)
Mixage sonore : (4/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0009701/

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