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L'Héritière : une adaptation oscarisée et magistrale d’Henry James (en Blu-ray et DVD)

Blu ray L Heritiere 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)

Synopsis

À la fin du 19ème siècle, Catherine Sloper vit dans une riche demeure de Washington Square, le "beau quartier" de New York, en compagnie de son père, Austin Sloper, veuf, richissime et tyrannique. La jeune fille, timide et sans grands attraits, fait la rencontre du séduisant Morris Townsend au cours d'un bal. Le jeune homme lui fait aussitôt une cour empressée…

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• Titre original : The Heiress
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1949
• Réalisation : William Wyler
• Casting : Olivia de Havilland, Montgomery Clift, Ralph Richardson, Miriam Hopkins, Vanessa Brown, Betty Linley, Ray Collins, Mona Freeman
• Durée : 1 h 55 mn 21
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
• Bonus : combo avec le Blu-ray et le DVD du film - jaquette réversible - livret « L’Héritière : Home Alone - Trop beau pour toi » rédigé par Stephen Sarrazin (16 pages) - le film par Fréderic Mercier (29 mn 24) - bande annonce d'époque (2 mn 57) - Dans la même collection : Nazarin (1 mn 39) - Cérémonie secrète (2 mn 20)
• Éditeur : Elephant Films

Commentaire artistique

Les œuvres d’Henry James, un des plus grands écrivains américains du 19ème siècle, ont été souvent adaptées au cinéma et à la télévision. Les cinéphiles ont en mémoire la superbe version de Jack Clayton Les Innocents (1961) et la trilogie que lui a consacrée James Ivory : Les Européens (1978), Les Bostoniennes (1984) et La Coupe d’or (2000). En 1949, William Wyler, cinéaste majeur des années 50 et un des rare à disposer du Final Cut (cf. bonus), réalise L’Héritière d’après la pièce de théâtre de Ruth et Augustus Goetz «Washington Square» (1947), version écrite pour la scène du roman d’Henry James publié en 1880. Le film, devenu un classique, récoltera quatre Oscar pour son actrice (Olivia de Havilland), sa musique (Aaron Copland), sa direction artistique (Harry Homer, John Meehan et Emile Kuri) et ses costumes (Edith Head et Gile Steele). Comme la plupart de ses œuvres, le roman complexe d’Henry James, inspiré d’une anecdote contée par une de ses amies et pour lequel le « réalisme balzacien » opère encore, n’est pas très facile à adapter. Pourtant, outre la pièce et la version de William Wyler, il inspirera encore un opéra de Jean-Michel Damase (1974), un téléfilm français d’Alain Boudet (1975) et un long métrage d’Agnieszka Holland (1997). L’Héritière est à l’origine une commande d’Olivia de Havilland (qui, âgée de 104 ans, nous a quitté le 26 juillet 2020), déjà titulaire d’un Oscar en 1947 et qui souhaitait en voyant la pièce à Broadway que William Wyler la dirige. Un choix qui s’avèrera payant puisque le réalisateur va conforter à l’écran son immense talent d’actrice, en  incarnant Catherine Sloper, face aux pointures qui l’entourent : Sir Ralph Richardson (Dr. Austin Sloper), Montgomery Clift (Morris Townsend) et Miriam Hopkins (tante Lavinia Penniman). Le cinéaste était un formidable directeur d’acteur même s'il était également le champion des prises surnuméraires (les acteurs de Ben-Hur en 1959 en savent quelque chose) ! Souhaitant Errol Flynn qui refuse le rôle de Morris, William Wyler composera avec Montgomery Clift, déjà star et qui plus tard se déclarera mécontent du film, en accordant le personnage au jeu décalé et énigmatique de l’acteur : très imbu de son interprétation, il se révèlera incidemment idéal. Le film, superbement photographié par Leo Tover, est entièrement tourné au studio Paramount d’Hollywood : la plupart des scènes se situent en intérieurs mais quelques plans larges de décors extérieurs possèdent ce charme factice propre au tournage en décors artificiels. Bercé par la musique d’Aaron Copland, qui brode sur la chanson « Plaisir d’amour » de Jean-Paul -Égide Martini (1784), L’Héritière est un film d’acteurs. La présence de Ralph Richardson, admirable docteur mais père intraitable et égoïste, est saisissante : il monopolise l’espace au point que le réalisateur doit jouer du cadrage et du montage pour l’empêcher de phagocyter l’intrigue ! Enfin dans un rôle très complexe, Miriam Hopkins excelle à façonner les facettes contradictoires de son personnage de tante Lavinia, tantôt complice, tantôt lucide. Si la mise en scène du drame est très classique, William Wyler réussit admirablement à traduire à l’écran les enjeux psychologiques du roman et de la pièce en caractérisant subtilement chaque personnage : il peaufine ainsi le changement progressif de Catherine qui, coincée entre un père qui la méprise et un amant qui la manipule, va se transformer en passant de l'état de fille obéissante qu’on rabaisse à celui d’orpheline fortunée et consciente qui semble avoir perdu toute humanité. Le film de William Wyler laisse en fin de compte une forte impression sur le jeu sophistiqué de l’observation qui s'établit entre les personnages et sur celui qui existe avec le spectateur car beaucoup d’incertitudes demeurent après le plan final (en pleine action). À chacun d’interpréter alors, selon sa sensibilité, les attitudes des protagonistes et de donner un sens à l’intrigue : en refusant de clarifier les comportements des uns et des autres, L’Héritière est un drame ambigu qui laisse la porte ouverte aux discussions. Un très grand film. Si techniquement le blu-ray est impeccable, on regrettera, malgré la pertinence de l’analyse subtile de Frédéric Mercier, le manque des nombreux bonus passionnants présents sur le blu-ray américain (interview d’Olivia de Havilland et Ralph Richardson, sujet sur William Wyler et Edith Head, etc…).

 

Blu ray L Heritiere

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Commentaire technique

Nouveau transfert numérique 4K effectué avec un scanner Lasergraphics Director au Roundabout Entertainment à Burbank, en Californie, à partir d'un négatif duplicata 35 mm. Les innombrables défauts (saleté, débris, rayures, raccords et déformations) ont été supprimées manuellement à l'aide du logiciel DRS de MTI. Le logiciel Phoenix de Digital Vision a été utilisé pour gérer la gigue, le scintillement, les petites saletés, le grain et le bruit. La bande sonore monophonique originale a été restaurée en 2006 par NBC Universal Studio Post Audio Operations à partir d'une bande sonore optique positive à densité variable 35 mm. Une restauration supplémentaire a été réalisée pour cette version avec Pro Tools et iZotope RX.

Image : copie HD, nouveau master restauré HD, définition remarquable, piqué chirurgical, grain argentique homogène (tournage en 35mm Eastman Plus X), image stable et nettoyée, quasi sans aucun défaut, superbe contraste aux noirs profonds qui restitue la belle photographie et les éclairages suggestifs de Leo Tover, gris étagés, blancs nuancés

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, pas de saturation ou de distorsion, excellente dynamique, haut du spectre légèrement limité

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)
Mixage sonore : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0041452/

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