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Coffret Outside Morris Engel & Ruth Orkin Œuvres complètes : un cinéma pionnier qui annonçait la Nouvelle Vague (en Blu-ray)

Blu ray Coffret Engel Orkin 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5).

Synopsis : 

Le Petit fugitif : Brooklyn dans les années cinquante. La mère de Lennie lui confie la garde de son petit frère Joey car elle doit se rendre au chevet de la grand-mère, malade. Lennie avait prévu de passer le week-end avec ses amis. Irrité de devoir emmener son petit frère partout avec lui, il décide de lui jouer un tour en simulant un accident de carabine sur un terrain vague. Persuadé d'avoir causé la mort de son frère, Joey s'enfuit à Coney Island, immense plage new-yorkaise dédiée aux manèges et à l'amusement. Il va passer une journée et une nuit d'errance au milieu de la foule et des attractions foraines…

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Lovers and Lollipops : Peggy, sept ans, vit seule à New York avec sa mère Ann, veuve. Lorsque cette dernière se met à fréquenter un ami de longue date, la petite fille le ressent comme une menace sur ses liens avec sa mère. Peggy s'emploie alors à empêcher que la relation entre les deux adultes ne se développe…

Weddings and Babies : dans le quartier de Little Italy à New York, Bea, d'origine suédoise, aspire à fonder une famille avec Al, photographe spécialisé dans les mariages et naissances. Mais ce dernier ne semble pas prêt à franchir le pas. L'apparition soudaine de la mère âgée de ce dernier, expulsée de son logement, ne fait que qu'aggraver la situation…

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I Need a Ride to California : à la fin des années 1960, Greenwich Village. Lilly est une jeune Californienne venue à New York pour vivre de plein fouet la révolution hippie. Elle explore les rues de la métropole appareil photo à la main, une couronne de fleurs dans les cheveux. Mais Lilly va vite se rendre compte que la ville et les gens qu'elle rencontre ne sont pas aussi amicaux qu'elle le souhaiterait…

• Titre français : Le Petit fugitif - Lovers and Lollipops - Weddings and Babies (Mariages et bébés) - I Need a Ride to California
• Titre original : Little Fugitive - Lovers and Lollipops - Weddings and Babies - I Need a Ride to California
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, amour, romance
• Année : 1953, 1955, 1958, 1968
• Réalisation : Morris Engel, Ruth Orkin (1-4), Ray Ashley (1)
• Casting : (1) Richie Andrusco, Richard Brewster, Winifred Cushing, Jay Williams, Will Lee, Charley Moss, Tommy DeCanio (2) Lori March, Gerald S. O'Loughlin, Cathy Dunn, William Ward (3) Viveca Lindfors, John Myhers, Chiarina Barile, Leonard Elliott, Joanna Merlin, Chris, Mary Faranda, Gabriel Kohn (4) Kristoffer Tabori, Lilly Shell, Rod Perry, Ziska Greer St. John, Rick Matter, Loren Standlee, Michael Brody, Jim Freedman
• Durée : 1 h 20 mn 38 - 1 h 21 mn 44 - 1 h 18 mn 02 - 1 h 20 mn 07
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : (1) 1,33/1 Noir et Blanc (2) 1,37/1 Noir et Blanc (3) 1,66/1 Noir et Blanc (4) 1,37/1 Couleur
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 1.0 monophonique anglais - DTS MA 1.0 monophonique français (1)
• Bonus Blu-ray Little Fugitive : Le Chaînon manquant, introduction d'Alain Bergala réalisateur et enseignant (2009, 10 mn 59) - court métrage The Dog Lover de Morris Engel (1962, HD, 23 mn 36) - Morris Engel, l'indépendant, documentaire de Mary Engel (Morris Engel: The Independent, 2008, 28 mn 37) - Home movies réalisés par Morris Engel (HD, 11 mn 00) - bande annonce d'époque (1 mn 51) - bande annonce 2009 (1 mn 14)
• Bonus Blu-ray Lovers and Lollipops / Wedding and Babies : court métrage One Chase Manhattan Plaza de Morris Engel (1961, HD, 9 mn 38) - Ruth Orkin, images de la vie, documentaire de Mary Engel (Ruth Orkin: Frames of Life, 1995, 18 mn 18) - Still Life, interview de Ruth Orkin dans l'émission new-yorkaise « Still Life » (HD, 4 mn 21)
• Bonus Blu-ray I Need a Ride to California : courts métrages de Morris Engel (HD) Peace Is (1968, 11 mn 28) et The Farm They Won (1951, 10 mn 27) - publicités réalisées par Morris Engel (HD) : FAB (lessive, 1 mn), Ivory (savon, 0 mn 59), Oreo (cookie, 1 mn 09)
• Éditeur : Carlotta Films

Commentaire artistique

En 2009, l’éditeur nous avait proposé un coffret DVD, avec livret, réunissant la trilogie réalisée par Morris Engel et Ruth Orkin dans les années 50 : Le Petit fugitif (1953), Lovers and Lollipops (1955) et Weddings and Babies (1958). Depuis cette édition, les films ont été restaurés en 2K et peuvent être enfin vus confortablement en haute définition grâce à ce coffret intégral. Il propose, en plus, en exclusivité, leur quatrième long métrage inédit et restauré en 4K, I Need a Ride to California (1968) ainsi que l’ensemble de leurs courts-métrages. Ce coffret « Outside Morris Engel & Ruth Orkin Œuvres complètes » constitue donc une somme sur l’œuvre du couple de photographes-cinéastes dont le travail a été unanimement salué comme novateur et primordial.

Le Petit fugitif marque en effet un tournant dans l’histoire du cinéma (cf. bonus : A. Bergala) puisque ce film, produit en indépendant pour s’affranchir des diktats artistiques hollywoodiens, est considéré, à juste titre, comme le précurseur d’une nouvelle forme de cinéma « vérité » succédant au néoréalisme italien. Devançant l’œuvre de John Cassavetes (Shadows, 1959), de François Truffaut (Les 400 coups, 1959) et de Jean-Luc Godard (À Bout de souffle, 1960), Le Petit fugitif met en place certains codes futurs de la Nouvelle Vague : tournage hors studio en décors réels et casting en grande partie non professionnel. Seule la prise de son directe n’est pas de mise : en effet, c’est l’invention d’une caméra 35 mm de « poche » muette, fabriquée par Charles Woodruff, ami de Morris Engel, qui est a permis le tournage du chef-d’œuvre Le Petit fugitif impliquant une postsynchronisation en studio. La caméra pouvait être tenue en main et disposait d’une platine à deux objectifs. Grâce à cet appareil « miniaturisé », il était alors possible de filmer discrètement l’action dans des conditions proches du documentaire sans susciter l’attention des curieux : elle était idéale pour capter la réalité au naturel et suivre les acteurs plongés dans la vraie vie. On comprend que Jean-Luc Godard ait souhaité acheter cette caméra et envoya à New York, en vain, son chef-opérateur Raoul Coutard dans cette intention. Le Petit fugitif a été filmé sur les lieux de jeunesse de Morris Engel : Brooklyn et Coney Island (parc d’attraction, plage). L’équipe de tournage est réduite au strict minimum : les réalisateurs Ray Ashley, un peu, et Morris Engel surtout qui s’occupe aussi de filmer tandis que son épouse, Ruth Orkin, qui avait travaillé à Hollywood, assure à la perfection le montage. Les acteurs sont tous, hormis Will Lee, des non professionnels. Richie Andrusco, le jeune acteur principal qui incarne Joey, a été déniché sur place par Ray Ashley : pour son unique film, le garçonnet assure un jeu saisissant de naturel qui s’explique par la grande liberté d’improvisation assumée par le réalisateur. La musique guillerette est écrite par Eddy Manson qui composera ensuite celle des deux autres films de la trilogie. Le scénario simplissime suscite l’empathie : les tribulations cocasses du gamin sont décrites avec une amabilité et une gentillesse toute bienveillantes. Le Petit fugitif avec son contenu étonnamment documentaire, constitue une archive inestimable sur la vie et les loisirs d’après-guerre dans Coney Island grâce aux choix décisif de son tournage immersif. Ce qui n’empêche pas l'image d’être sublimée par l’indéniable beauté plastique de sa photographie qui est toujours réalisée à hauteur d’enfant et qui est imprégnée de diverses influences artistiques, notamment celle de Paul Strand, qui initia Morris Engel au cinéma, et celle de Berenice Abbott, sa professeure à la Photo League. Assurément un film majeur qu’on voit et qu’on revoit avec toujours autant de plaisir !

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Après cet essai, devenu chef-d’œuvre, Morris Engel et Ruth Orkin vont tourner deux autres films, Lovers and Lollipops et Weddings and Babies (Mariages et bébés), qui, tout en maintenant les partis pris artistiques du premier film, n’arriveront pas à fasciner les spectateurs autant que le premier opus. Lovers and Lollipops, en particulier, prolonge l’expérience puisque Morris Engel continue de « voler » les images dans la rue avec sa fameuse caméra 35 mm muette. L’authenticité ainsi obtenue fait merveille et le spectateur est littéralement plongé dans l’intrigue sentimentale partagée entre une jolie veuve, Ann (Lori March), et l’ingénieur Larry (Gerald S. O'Loughlin), au point de presque oublier qu’il s’agit d’une fiction. Les émois et les caprices de Peggy (Cathy Dunn dans son unique rôle), fillette d’Ann, sont captés à New York (MoMA, Central Park, etc.) dans l’esprit d’un documentaire. Loin des clichés hollywoodiens, le portrait sans concession de Peggy détaille la tyrannie et l’égoïsme infantile, exacerbé par la jalousie, avec un réalisme mordant mais jamais aussi incisif que dans Le Petit fugitif. Le film suivant, dernier de la « trilogie naturaliste », sera Weddings and Babies, Prix de la critique à Venise. Il est question des difficultés sentimentales rencontrées par un couple travaillant à New York : un photographe de mariage Al Capetti (John Myhers) et son assistante suédoise (Viveca Lindfors). Le premier ne pense qu’à se lancer dans le cinéma, la seconde est obsédée par le mariage. Pour corser le récit, la mère de Al s’enfuit de sa maison de retraite… Pour ce film, la technique évolue : il est tourné avec une caméra 35 mm portative, enregistrant le son synchrone, et l’intrigue va évoluer au gré des improvisations des acteurs, en particulier de Viveca Lindfors, actrice aussi charmante qu’intensément touchante et crédible. Les deux autres comédiennes, Joanna Merlin qui joue Josie tenant une gargote de rue, et Chiarina Barile qui incarne la maman, sont étonnamment convaincantes. Le tournage dans les rues de Little Italy et dans un cimetière immense de New York, offre des scènes époustouflantes de naturalisme : un film bien en avance sur son temps !

Il faudra patienter une décennie pour que Maurice Engel réalise son dernier long-métrage, I Need a Ride to California, qui, cette fois-ci, se pare de couleurs chatoyantes. Mais, hélas, le cinéaste photographe ne sortira jamais ce film dans les salles et il faudra attendre le 23 octobre 2019 pour le voir au MoMA. Une fois encore, l’intrigue se déroule à New York agitée par le vent de liberté des années hippies. C’est plus précisément dans le Manhattan Underground d’East Village que le film nous invite à suivre les tribulations d’une charmante jeune fille Lilly, incarnée par Lilly Shell (dans son unique film) et de ses expériences et rencontres plus ou moins agréables. Le contexte est celui de la contre-culture psychédélique qui s’épanouit à Greenwich Village avec ses corollaires, la liberté sexuelle et la contestation sociale. Au gré du tournage, effectué avec une caméra portative couleurs, et des improvisations d’interprétation plus ou moins intégrées dans le récit, I Need a Ride to California brosse le portrait d’une jeunesse partagée entre idéalisme et mélancolie. Hormis Rod Perry (disparu en décembre 2020) qui débutait dans ce film sa carrière professionnelle, les autres acteurs sont des non professionnels. I Need a Ride to California est un remarquable témoignage documentaire sur la contre-culture saisie sur le vif et rythmée par la musique psychédélique de Mark Barkan (disparu en mai 2020), Jim Lyons et Rolf Barnes. Une œuvre dont l’intérêt et la qualité de la photographie ne sont pas à sous-estimer.

Un coffret essentiel, qui reprend l’intégralité du coffret américain Kino Lorber à l’exception, et on le regrettera, du commentaire audio par Morris Engel du film Le Petit fugitif. En revanche le coffret Carlotta reprend la présentation d’Alain Bergala extrait du coffret DVD de 2009.

Commentaire technique

Le Petit fugitif

Image : copie HD, Master 2K, très belle définition, excellent piqué sur les détails, grain argentique homogène, image propre mais affectée de quelques défauts (rayures), superbe contraste avec des noirs profonds, des gris étagés et quelques légères variations de densité
Son : mixage anglais 1.0 monophonique, dialogues clairs, manque de naturel dû au doublage en studio ; VF 1.0 monophonique plus détachée, nettement moins naturelle

Lovers and Lollipops - Weddings and Babies

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Image : copie HD, Masters 2K, bonnes définitions et piqué sur les détails, grain argentique discret, images propres, contraste bien maitrisé avec des noirs denses, des blancs nuancés et une échelle de gris régulière
Son : mixage anglais 1.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, pas de saturation ni de souffle appuyé, voix assez détachées des ambiances

I Need a Ride to California

Image : copie HD, Master 4K, restauré par le MoMA avec le soutien du Cleste Bartos Preservation Fund, bonne définition, image assez précise et grain argentique très discret, image affectée ponctuellement de quelques défauts (rayures, taches), étalonnage naturaliste, colorimétrie chaude aux teintes réalistes et tons saturés
Son : mixage anglais 1.0 monophonique, dialogues clairs, bonne dynamique qui profite à la musique, excellent équilibre voix/ambiances, pas de distorsion ou de saturation

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(3/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

IMDb
Le Petit fugitif : https://www.imdb.com/title/tt0046004/
Weddings and Babies : https://www.imdb.com/title/tt0052382/
Lovers and Lollipops : https://www.imdb.com/title/tt0049453/
I Need a Ride to California : https://www.imdb.com/title/tt3711270/

 

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