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Soy Cuba : chef-d’œuvre absolu du plan-séquence vertigineux (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Soy Cuba 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5).

Synopsis :

La Havane, 1958. Cuba n'est qu'un vaste terrain de jeux pour riches américains et propriétaires terriens sans scrupules. C'est le règne de la corruption, de l'argent, de la luxure. Paysans et étudiants partisans de Fidel Castro se regroupent pour organiser la lutte.

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• Titre original : Soy Cuba
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1964
• Réalisation : Mikhail Kalatozov
• Casting : Jean Bouise, Sergio Corrieri, Roberto Cabrera, Raúl García, Celia Rodriguez, José Gallardo, Luz María Collazo
• Durée : 2 h 20 mn 35
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique espagnol
• Bonus : Soy Cuba : Le Mammouth sibérien de Vicente Ferraz, un documentaire sur le tournage du film (2004, 1 h 31 mn 44, 1,66/1, Dolby Digital 2.0, VOST) - interview de Martin Scorsese (2003, 27 mn 40) - François Albera, historien du cinéma : Kalatozov, le cinéaste (2020, 20 mn 55), Kalatozov et Ouroussevski, un duo artistique (16 mn 17), le contexte historique (18 mn 51) et la réception du film (11 mn 46) - Révolution de sensations, analyse de séquence par Eugénie Zvonkine, enseignant-chercheur en cinéma (2020, 29 mn 54) - entretien avec Claire Mathon, directrice de la photographie (2020, 20 mn 34) - le film vu par Hicham Lasri, cinéaste marocain (2020, 5 mn 31) - DVD du film - DVD des bonus - livret « Sur le tournage de Soy Cuba », lettres envoyées par Sergueï Ouroussevski (directeur de la photographie) à son épouse Bella Friedman entre octobre 1961 et janvier 1962 (80 pages)
• Éditeur : Potemkine

Commentaire artistique

Cette nouvelle édition restaurée en 4K de Soy Cuba, chef-d’œuvre absolu du 7e Art et film de propagande soviétique réalisé par Mikhail Kalatozov, est assortie, entre autre, de deux suppléments indispensables et passionnants sur son élaboration. Il ne faudra pas rater l’excellent documentaire de Vicente Ferraz, Soy Cuba : Le Mammouth sibérien, qui donne la parole aux techniciens et aux acteurs et raconte l’épopée du tournage qui a marqué leur vie avec, en filigrane, l’histoire de la révolution cubaine. Il conviendra aussi de se documenter grâce au livret qui rassemble les notes, traduites en français, prises par le directeur de la photographie Sergueï Ouroussevski, entre octobre 1961 et janvier 1962 et envoyées sous forme de lettres à son épouse Bella Friedman restée à Moscou (extraites du n° 77 de la revue « 1895 » parue en 2015, p. 106-150 et disponibles aussi en Open Edition). Après un préambule sur l’arrivée à Cuba (survol des palmiers et pirogue), Soy Cuba s’articule autour de quatre histoires symbolisant les étapes de la révolution : celle de Maria (plan-séquence terrasse-sous-sol) sur le colonialisme, celle de Pédro (plan-séquence dans la plantation de canne à sucre) sur le drame de la paysannerie, celle d’Enrique (plan-séquence des funérailles) sur la contestation des étudiants de La Havane et celle de Mariano (plan-séquence du bombardement, puis de la marche des rebelles) sur le triomphe révolutionnaire. Les séquences, assez peu bavardes, s’enchaînent, ponctuées par la voix off de Raquel Revuelta (poème d’Evtouchenko) qui martèle « Soy Cuba » (« Je suis Cuba »). En pleine période de décrispation, initiée par Nikita Khrouchtchev, et auréolé par son triomphe international à Cannes en 1958 pour son film Quand passent les cigognes, Mikhail Kalatozov, cherchait à se défaire du formalisme propre au réalisme du cinéma soviétique tout en faisant son propre film sur la Révolution, ici celle de Fidel Castro. Soy Cuba sera finalement un film baroque d’une audace impensable pour un cinéaste soviétique n’hésitant pas à user de la caméra subjective portée et du plan-séquence vertigineux, une aisance formelle déjà entrevue dans Quand passent les cigognes. À l’origine le cinéaste et son chef-opérateur Sergueï Ouroussevski sont invités à Cuba en 1962 pour réaliser un film de propagande financé par l’Institut cubain de l’Art et de l’Industrie cinématographique (CAIC). Le scénario sera d’un écrivain cubain, Enrique Pineda Barnet, avec comme fil conducteur un poème d’Evgueni Evtouchenko qui n’était s’ailleurs plus très bien vu à Moscou. Néanmoins, en janvier 1963, le tournage peut débuter et le scénario opte pour une évocation des origines de la révolution plutôt que pour une description contemporaine de Cuba. Le film de propagande va devenir un « poème épique », selon Martin Scorsese, faisant l’éloge du peuple et non pas du régime castriste. Inévitablement le film déplaît, à Moscou comme à Cuba, lorsqu’il est projeté en 1964 et devient invisible à l’extérieur de l’URSS jusqu’à qu’il soit enfin montré en 1992 au Festival de Telluride et réhabilité par Martin Scorsese qui le considéra comme une œuvre novatrice et moderne capable de réinventer le langage cinématographique. En effet, chaque image résulte d’un incroyable génie technologique : caméra portée Éclair, caisson en verre pour la scène de la piscine, filmage avec des grues, utilisation de filins tendus, usage du grand-angle (9,8 mm), recourt au film infrarouge panchromatique, etc. Le résultat est bluffant : à l’heure des prouesses du numérique et de la steadicam, les images de Soy Cuba sidèrent toujours ses spectateurs ! Largement étudié et commenté (cf., bonus avec Claire Mathon), le film n’a pas fini de fasciner par son esthétique formelle et, contre toute attente, est passé du stade de film de propagande à celui de film d’auteur. Cette évocation en quatre actes de la révolution cubaine, sublimée par les cinéastes, s’était transformée en un époustouflant « tour-de-force » cinématographique qui s’étudie toujours dans les écoles de cinéma et qu’un des opérateurs du film, Alexander Calzatti, résume ainsi : « C'était vraiment un film de caméraman car tout était orchestré pour la caméra... ». Mais plutôt que de décortiquer une énième fois ce chef-d’œuvre dont les mérites et les intentions artistiques et/ou politiques ont été analysés en profondeur par les cinéastes, critiques et historiens du cinéma, à commencer par Martin Scorsese soi-même, pourquoi ne pas revoir Soy Cuba restauré dans son bel écrin technique ? En attendant qu’un jour la version en 4K natif soit éditée sur UHD, le blu-ray hexagonal Potemkine constitue désormais la référence incontournable.

 

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Commentaire technique

La nouvelle restauration du film a été effectuée en 4K par Mosfilm à partir d’un interpositif (copie de sécurité) 35 mm. Pour sa propre édition, Potemkine a revu l’étalonnage de l’image afin de coller aux plus près des ambitions esthétiques des auteurs du film, plus particulièrement de Sergueï Ouroussevski, le chef opérateur. Potemkine peu satisfait de la modernisation de la bande sonore par Mosfilm a préféré la retravailler à partir de la bande monophonique de leur ancien Master de 2014

Image : copie HD, excellente définition globale avec un beau piqué sur les détails des gros plans et des textures, grain argentique visible (tournage en 35 mm) mais discret et homogène, belle gestion des contrastes avec une restitution nuancée des éclairages, parfois singularisés par l’usage d’une pellicule infrarouge panchromatique, étalonnage homogène avec une gamme de gris naturalistes, des noirs denses sans excès, des blancs nuancés, image lumineuse, stable et très propre sans aucun défaut

Son : mixage monophonique 2.0 espagnol, bonne clarté des dialogues, dynamique satisfaisante sur les ambiances et la musique de Carlos Fariñas, pas de distorsion ou de saturation parasite, ni de souffle

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Mixage sonore : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0058604/

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