Test ensemble Warwick Bravura : l'éclatante réussite d'un outsider du casque Hifi électrostatique

Difficile d'imaginer marque plus prestigieuse que Stax lorsque l'on parle de casques Hifi haut de gamme - et plus précisément de casques électrostatiques. Bien sûr, il y a quelques alternatives chez Koss, ou plus récemment chez Audeze, ainsi qu'avec des ensembles hors catégorie comme les mythiques Orpheus de Sennheiser ou l'ensemble Shangri-La d’Hifiman. Mais cela ne change rien, Stax reste ancré dans tous les esprits comme la référence du genre, le seul acteur entièrement dévoué aux casques Hifi électrostatiques. Vraiment le seul ? Ce serait sans compter le jeune trublion britannique Warwick Acoustics.

Ensemble Warwick Bravura

Type : casque électrostatique + DAC/ampli dédié
L'avis d'ON-Mag : (5/5)
Prix de l'ensemble Warwick Bravura (casque Bravura + Sonoma M1) : 6 900 € (version grise), 7 800 € (version noire) 

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Warwick Acoustics est un jeune constructeur aux dents très longues, qui a, lui aussi, décidé de se consacrer aux casques électrostatiques et entend bien secouer les fondations de la maison sacrée Stax. Avec deux ensembles, l'un haut de gamme (Bravura, composé du casque Bravura et du DAC/ampli dédié Sonoma M1), l'autre High-End (Aperio), Warwick apporte une vision nouvelle de ce genre de produit élitiste. Une réussite ?

Casque Bravura : plus robuste, mais plus rigide

Aujourd'hui Stax n'est plus vraiment un exemple pour la modernité de ses méthodes de fabrication. La structure assez datée de ses casques et quelques détails trop artisanaux montrent que les années ont passé sans que ce leader ait jugé bon de se remettre en question, du moins avant son nouveau modèle de référence SR-X9000.

Sur ce point, le Warwick Bravura évite les erreurs de son concurrent, mais de manière partielle. Ce casque circum-auriculaire, plutôt élégant au demeurant, s'appuie sur une structure robuste, d'aspect vraiment premium. Les coques notamment sont en magnésium injecté, ce qui permet de conserver un poids très raisonnable (environ 400 g). Le dessin des grilles arrière prouve le souci que Warwick accorde aux détails, tandis que la sellerie (repose-tête et coussinets des oreillettes) est intégralement habillée de cuir d’agneau Cabretta. On ne relève surtout aucun problème de visserie faisant penser à du bricolage, ni de sensation de fragilité ou de craquements lors des manipulations. Tout est impeccablement conçu.
Néanmoins, l'arceau développé par Warwick est franchement rigide, pour ne pas dire pétrifié. De fait, si le casque ne serre généralement pas trop le crâne, il manque vraiment de souplesse. Garder la tête droite pour le porter est impératif. Le Bravura n'autorise aucune excentricité, particulièrement les balancements de tête.

Le bandeau repose-tête n'est pas non plus irréprochable. Malgré son épaisseur, un point de pression peut se faire ressentir au sommet du crâne lors de longues sessions d'écoute. Ces problèmes restent légers et paraîtront minimes à certains utilisateurs, mais ils n'en sont pas moins notables et pourtant faciles à corriger en théorie. Étant donné le tarif de l'ensemble, difficile d'être magnanime ; on ne peut se passer de le relever.

Ampli/DAC dédié Sonoma M1 : l'arme secrète

Comme tout casque équipé de transducteurs électrostatiques, le Warwick Bravura a besoin d'un ampli disposant de sorties de mise sous tension dédiées. C'est à l'unité DAC/amplificateur casque Sonoma M1 que revient ce rôle. Pour ce qui est de la construction et de la finition, celui-ci est tout simplement irréprochable. L'appareil a initialement été développé pour fonctionner de concert avec l'ancien casque éponyme (Sonoma). Il dispose d'entrées analogiques sur RCA et jack, d'entrées numériques USB-B et S/PDIF sur RCA. Nous pouvons donc parler de véritable hub sonore.

Bien qu'il soit assez cher, ce module complet est à la fois bien plus compact, mieux fini et plus polyvalent que les amplificateurs équivalents de chez Stax. Parfaitement adapté à un petit bureau, ce DAC/ampli particulièrement premium est intégralement en aluminium 6063 usiné. Il ne souffre d'aucun défaut d'assemblage et s’avère extrêmement agréable à l'usage. Le seul petit détail qui puisse chagriner tient à sa prise propriétaire (électrostatique), uniquement adaptée aux deux casques Warwick Bravura et Sonoma. Cela est dû à la tension de polarisation des transducteurs électrostatiques particulière retenue par la marque pour ses casques.

Un Graal technique

Au-delà des transducteurs électrostatiques, pour lesquels chaque constructeur possède sa recette, Warwick met l'accent sur la modernité de l'électronique qui accompagne son casque. En dépit de sa petite taille, le DAC/ampli Sonoma M1 bénéficie d’une architecture très haut de gamme et de composants modernes. Cela se traduit particulièrement dans sa gestion des flux analogiques, numérisés par une puce (ADC) AK5574, puis traités (tout comme les flux numériques) par un DSP de 64 bits. La conversion numérique-analogique est ensuite assurée par un montage en dual-DAC de puces haut de gamme ESS.

Par cette approche moderne, Warwick évite les écueils constatés chez son concurrent. L'amplificateur repousse le bruit de fond et la distorsion à des niveaux inaudibles, tout en mêlant à merveille la puissance, la technicité et le niveau de détails. Un petit miracle pour un DAC/ampli pour casque électrostatique aussi compact.

Le casque Bravura intègre quant à lui une version améliorée du transducteur maison HPEL (High Precision Electrostatic Laminate) développé pour le casque Sonoma M1. Ce transducteur électrostatique ovale de pas moins de 3570 mm² (membrane) de surface se distingue par sa tension de polarisation très élevée (1350 Vdc), mais surtout par la conception très poussée de ses électrodes. Le tout est livré avec un câble haut de gamme (connecteurs LEMO) conçu en collaboration avec le fabricant Atlas Cables. Si la qualité technique de ce câble n'est pas à remettre en question, particulièrement sur des points clés comme la capacitance, nous avons malheureusement expérimenté de légers effets microphoniques (bruits transmis par voie mécanique lorsque le câble touche le bureau, un vêtement, etc).

À l'écoute : des rois du détail

Sur le terrain, il faut rapidement oublier ce que nous considérons comme acquis avec le genre électrostatique, car Warwick s'écarte du chemin emprunté par Stax. L'ensemble Bravura (casque + DAC/ampli) reprend bien quelques caractéristiques sonores propres à cette technologie, notamment la richesse dans les aigus, mais affiche une personnalité unique.
Première surprise, les basses sont bien là, en quantité et surtout en qualité. Sur ce point, le Bravura se rapproche davantage des meilleurs modèles planaires que des habituelles références électrostatiques. Le bas du spectre, tout en étant très équilibré, développe une véritable ampleur, caractérisée par une maîtrise et un impact impressionnants. La moindre nuance ou petite inflexion se retrouve ici, sans effort, sans exagération. Le bas du spectre est tout simplement vivant, sans paraître accentué. La grande réactivité, typique des membranes électrostatiques, est parfaitement exploitée.

Cette impression d'équilibre se retrouve sur l'ensemble du spectre, étonnamment naturel. Nous n'avons pas de sensation de manque ou d'excès, ce qui en fait un système d'écoute au casque parmi les plus neutres, sans tomber dans une pure démonstration technique. L'écoute n'est pas la plus énergique ou extravagante du genre, mais elle sait rester très musicale.
Pour couper court aux interrogations, nous avons probablement affaire à l'ensemble offrant la restitution la plus détaillée du marché après peut-être les références les plus High-End que sont le Sennheiser Orpheus ou l'Hifiman Shangri-la. Chaque petit élément sonore est amené avec justesse et naturel, le tout avec une excellente séparation des instruments. Nous n'avons tout simplement pas le souvenir d'avoir profité d’une écoute au casque aussi précise et révélatrice. Cela est d'autant plus réjouissant qu'on ne retrouve pas la philosophie monitoring, trop analytique, de certains autres casques. Ici, le niveau de détails et la gestion des petites nuances sert justement la musicalité.

Le naturel des médiums et des aigus constitue une sorte de continuité avec les basses. Le casque Bravura ne paraît pas offrir la douceur générale ni l'extension dans le haut du spectre d'un Stax SR-009S, mais il affiche plus de polyvalence, en grande partie grâce à son bas du spectre plus riche et plus impactant et son message plus détaillé. Alors que le casque Stax brille pour écouter du Jazz et du Classique, le système Warwick n'éprouve aucune difficulté face aux genres les plus agressifs, ce qui le rend également plus tolérant à l’égard des enregistrements de qualité moyenne. Une personnalité qui, en restant naturelle et technique, s’apparente plus qu'on ne le croit à celle d’un caméléon.
La gestion de la scène sonore est, sans doute, la seule chose qui peut laisser un sentiment d'inachevé. Là encore, un certain naturel se dégage. Mais, à l'image d'un casque planaire, le Warwick Bravura propose une scène sonore certes assez large, mais qui se projette peu vers l'avant, n'a pas l'ampleur presque surréaliste offerte par un Sennheiser HD 800 ou la profondeur proposée par un Meze Elite.

En résumé

Ensemble électrostatique de nouvelle génération, le Warwick Bravura, composé du casque Bravura et du DAC/ampli Sonoma M1, secoue clairement ce petit univers. En misant sur des produits de conception moderne, en exploitant efficacement les forces des transducteurs électrostatiques et en comblant ses faiblesses, le constructeur britannique parvient à un résultat exceptionnel. Pour qui recherche le casque le plus détaillé et technique possible, cet ensemble peut faire figure de Graal. Une quasi-perfection qui n'est entachée que par une ergonomie un peu spartiate.

Le Warwick Bravura sur le banc de mesure

Ci-dessus, la réponse en fréquences du casque Warwick Bravura. En vert, la réponse compensée. En marron, non compensée. Sans être d'une linéarité parfaite, le Bravura est un casque extrêmement équilibré, dont la force repose sur la technicité de ses transducteurs.

L'ensemble Warwick Bravura décortiqué par ON-mag

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Spécifications

DAC/ampli Sonoma M1 (Model One)

• Type : DAC/ampli pour casque électrostatique Warwick
• Entrées numériques : USB-B, S/PDIF sur RCA
• Entrées analogiques : RCA stéréo, jack 3,5 mm
• 2 niveaux d'entrée analogiques : 2,1 VRMS (haut), 0,85 VRMS (bas)
• Conversion des signaux analogiques en signaux numériques via ADC AK5574 (32 bits/384 kHz) à buffers symétriques
• Traitement du signal numérique via DSP 64 bits
• Dual-DAC de puces ESS
• Amplification : transistors discrets type FET, architecture en classe A à haute tension de polarisation
• DHT + B : <0,05%
• Bande passante : >65 kHz
• Châssis usiné en aluminium 6063
• Alimentation : module externe 24 Vdc ; étage de régulation interne à très bas bruit (isolé du reste du circuit)
• Dimensions : 57 x 190 x 290 mm
• Poids : 2,45 kg

Casque Bravura

• Type : casque Hifi ouvert à transducteurs électrostatiques
• Coussinets circum-auriculaires
• Transducteur électrostatique HPEL (High Precision Electrostatic Laminate)
• Surface de la membrane : 3570 mm²
• Masse mouvante : <0,2 g
• Capacitance du transducteur : 105 pF
• Impédance du transducteur : >5 GOhms
• THD : 0,1% (100 dB à 1 kHz)
• Réponse en fréquences : 10 Hz – 60 kHz
• Tension de polarisation : 1 350 Vdc
• Câble de 2 m à très basse capacitance, conçu par Atlas Cables
• Poids (sans câble) : 403 g
• Version : grise (testée), noire
• Prix de l'ensemble Warwick Bravura (casque Bravura + Sonoma M1) : 6 900 € (version grise), 7 800 € (version noire)

Notre avis

DAC/ampli Sonoma M1

• Construction :(5/5)
• Ergonomie : (4,5/5)
• Qualité technique :(5/5)
• Musicalité : (5/5)
• Intérêt :(5/5)

Casque Bravura

• Construction : (4,5/5)
• Confort :(3,5/5)
• Qualité technique :(5/5)
• Musicalité : (4,5/5)
• Polyvalence :(5/5)
• Intérêt : (5/5)

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