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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : des compositrices inspirées

Compositrices

  • ''Compositrices à l'aube du XXème siècle''
  • Mel Bonis : Sonate pour flûte et piano. Pièce, op.189. Scherzo (finale), op. posthume 187
  • Lili Boulanger : Nocturne. D'un matin de printemps
  • Clémence de Granval : Suite pour flûte et piano
  • Cécile Chaminade : Sérénade aux étoiles, op.142
  • Augusta Holmès : Trois petites pièces
  • Juliette Hurel (flûte), Hélène Couvert (piano)
  • 1 CD Alpha : Alpha 573 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : 64 min 26 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)

Ce disque offre une immersion dans l'œuvre de cinq compositrices du tournant du XXème siècle, bien trop négligées. Et pourtant inspirées, surtout en musique de chambre, singulièrement dans la combinaison instrumentale si séduisante de la flûte et du piano. Des moments rafraîchissants et d'un charme fou. 

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Clémence de Granval (1828-1907), élève en composition de Saint-Saëns, s'est imposée dans le paysage musical français de son époque. Chanteuse et pianiste, elle offre une carrière de compositrice notamment dans les domaines symphonique et de la musique de chambre. Sa Suite pour flûte, créée en 1872 par Saint-Saëns et le flûtiste Paul Taffanel, est constituée de cinq parties. ''Prélude'' introduit un climat choisi. ''Scherzo'', de ses pirouettes aussi bien à la flûte qu'au piano, divertit par son côté légèrement cocasse et son humour joliment différencié dans son trio. ''Menuet'' est d'une grâce non affectée dans son thème plaisant que des accords fortissimo enjolivent d'un sous-bassement plus dramatique. ''Romance'' est une page d'un lyrisme contenu dans la mélodie sinueuse de la flûte, le discours s'animant au piano. L'œuvre se termine par un ''Final'' enjoué où les deux instruments s'unissent ou se répondent en des volutes pleines de charme au fil d'un semblant de variations.

Augusta Holmès (1847-1903), également pianiste et chanteuse, élève de Franck, rejoint le groupe initié par lui, aux côtés de d'Indy et de Chausson. Elle connaît vite le succès avec ses symphonies et ses mélodies dont elle écrit elle-même les poèmes, et même un opéra. De 1896, ses Trois petites pièces sont dans le goût populaire irlandais, puisant dans ses origines celtiques. Comme dans ''Chanson'' et ''Gigue'', de style assuré, cette dernière notamment par son écriture virtuose très scandée au piano tandis que la flûte déroule des mélismes enjôleurs. Le morceau central ''Clair de lune'' séduit par son caractère nocturne, le piano y tenant un rôle déterminant et la flûte traçant une douce cantilène. Cécile Chaminade (1857-1944) enfant prodige, étudie la composition avec Benjamin Godard. Sa production est importante, notamment dans le répertoire chambriste. Sérénade aux étoiles, op.142, qui appartient à sa dernière période créatrice (1911), centrée sur une musique plus intimiste pour amateurs éclairés, est une délicieuse romance.

Mel (née Mélanie) Bonis (1858-1937), élève de Franck et de Giraud, a laissé un catalogue important de musique de chambre, dont plusieurs pièces pour la flûte. De la Sonate pour flûte, publiée en 1904, émane un charme immédiat que renforce quelque mode orientaliste. Comme il apparaît dès le premier mouvement Andante con moto dont l'écriture pour chacun des instruments est empreinte de légèreté. Le Scherzo-vivace est plein d'esprit dans un rythme bondissant. L'Adagio, modérément expansif, laisse percer une pointe de nostalgie. Et le Finale-moderato renoue avec le calme du début de l'œuvre, promouvant un style dansant et une extrême maîtrise, notamment à travers des traits de belle facture gallique, presque debussyste. La Pièce, op.189 est une romance mélancolique, mais non pas triste, de par la douceur de la mélodie d'une ineffable saveur de la flûte. Scherzo (finale), op. posth. 187, offre une liquidité dans son rythme balancé et sa jolie progression. On entend encore deux œuvres de Lili Boulanger (1893-1918), sœur cadette de la compositrice et pédagogue Nadia Boulanger. Son Prix de Rome, en 1913, lui ouvre la voix de la célébrité. Ses compositions comprennent des mélodies et surtout des pièces pour chœur. Nocturne (1911) possède un profond lyrisme qui n'est pas sans évoquer, là encore, Debussy. D'un matin de printemps (1917), succédané d'un trio pour violon, violoncelle et piano, se pare d'un rythme dansant. La combinaison des deux voix est traitée avec originalité, le piano enveloppant celle de la flûte. Un climax est vite atteint dans une éclosion de joie.

La flûtiste Juliette Hurel et la pianiste Hélène Couvert jouent toutes ces pièces avec le plaisir évident de la découverte et du partage, les dotant d'un parfum on ne peut plus séduisant. L'alliance de la sonorité éthérée comme charmeuse de la flûte et de celle plus charnue, voire grave, du piano est peu résistible. L'enregistrement, dans une église en Hollande, offre une ambiance aérée parfaitement en situation, les deux instruments restitués dans un bel équilibre.

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Texte de Jean-Pierre Robert 

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