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Partager et diviser par 4 le prix de l'abonnement Netflix, Spotify, Disney+, Tidal... avec Sharit, Spliiit ou Tizzionline

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Avec les confinements, la consommation de streaming a explosé et les partages d’abonnements, qui existaient déjà depuis un moment, aussi. Au lieu de partager simplement les mots de passe entre amis, des plateformes émergent pour les mutualiser en ligne avec qui veut, moyennant paiement et commissions. S’il semble de prime abord très simple d’économiser (ou de gagner) quelques euros par mois grâce à ce système, plusieurs questions techniques et légales, voire morales, se posent.

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Le partage de comptes de services en ligne est très répandu. En 2018, selon Hadopi, environ un internaute sur trois connecté depuis la France utilisait déjà d’une manière ou d’une autre un compte qui n’était pas le sien (voir ici l’étude complète). Pour faciliter la démarche, des start-ups ont vu le jour ; elles mettent en avant des tarifs avantageux pour profiter d’abonnements, non seulement pour des plateformes de streaming mais aussi pour des sites d’achat en ligne, des abonnements culturels, des plateformes de jeux vidéo, etc. Comme nous l’avons déjà mentionné dans notre article présentant la plateforme Sharesub, c’est alléchant (voir l'article ON-mag) mais cela pose toujours une série de questions.

La règle et la pratique

Gagner quelques euros en sous-louant son compte à un service de VOD ou de musique en ligne, cela a l’air plus facile et moins impliquant que de proposer son appartement sur Airbnb ou sa voiture sur OuiCar. Mais une question subsiste encore et toujours : les fournisseurs sont-ils d’accord ? Que dit la loi ? La plupart des conditions générales d’utilisation (ou de vente) restent vagues. Il serait possible d’utiliser un même compte, selon les services, à une, deux, voire quatre personnes. Mais pas avec n’importe qui. Ces personnes doivent, toujours selon les conditions générales, faire partie du même foyer. Cependant, les familles éclatées, les travailleurs détachés ou encore les couples libres peuvent légitimement revendiquer de pouvoir partager le même compte tout en se trouvant dans des lieux différents. 

PartageNetflixSpliiit

La pratique est donc souple. Et dans la jurisprudence française, la définition exacte de ce qu’est un cercle dit "familial" ou "restreint", à qui on pourrait partager ses abonnements, n’est pas établie. En outre, il a été largement relayé dans la presse francophone depuis 2019 (voir ici un article de Numerama) que Netflix est complaisant avec le partage de comptes. Il semble en effet que la direction de la méga plateforme de SVOD voit cela comme un moyen de conquérir de nouveaux marchés. 

D'autres plateformes ont réagi plus discrètement, en élargissant leurs offres de parrainage, comme Amazon Prime, ou au contraire en demandant la géolocalisation de leurs utilisateurs pour éviter le partage à des personnes qui ne seraient pas du même foyer – mesure lancée par Spotify en 2019, puis supprimée suite au mauvais accueil qu'elle a reçu.    

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Mes codes, mon choix

Du côté des plateformes comme Spliiit, Sharit and Stream ou Sharesub (auquel nous avons déjà consacré un article), on en appelle au fait que les partages et les parrainages seraient officiellement autorisés par les plateformes, sous certaines conditions. Il reviendrait donc aux usagers de faire un partage responsable de leurs identifiants et mots de passe. C’est aussi à la responsabilité des utilisateurs, et non des plateformes d’échange de codes, que renvoie un avocat interrogé par Les Echos (voir leur article ici). Cet avocat ajoute que rien dans le droit civil ou pénal ne peut empêcher quelqu’un de partager ses codes avec qui il veut. 

PartageCodesAmazon

N’oublions pas que Spliit, Sharit ou Sharesub ne sont pas des fournisseurs de codes d’accès, de la même manière qu’Airbnb ou OuiCar ne sont pas des services d’hôtellerie ou de location de voitures. Les plateformes de partage de codes demeurent, légalement, des espaces d’échange monétisés entre particuliers. La responsabilité de ce qui y est échangé reposerait donc, juridiquement, encore une fois, sur les utilisateurs. Il est par ailleurs important de distinguer les plateformes de partage de codes, dont l'activité soulève des questions mais n'est pas clairement illégale, des sites totalement illégaux, dits générateurs de codes. Ces derniers génèrent des identifiants via des algorythmes pour des prix dérisoires ou revendent des données volées. Leurs sites peuvent être hébergés jusqu'en Corée du Nord, et ils ouvrent et ferment constamment au gré des ennuis qu'ils peuvent avoir avec leurs fournisseurs d'accès ou avec la justice. Pour revenir aux plateformes d’échange de codes et à leurs usagers, il faut conclure pour l'instant que l'illégalité n'est pas caractérisée en France, ni du côté des uns ni du côté des autres. Mais il y a aussi d’autres enjeux. 

Avoir un accès partagé, c’est comme avoir un vrai abo ? 

Penchons-nous maintenant sur les services proposés. Ce qui est mis en avant, c’est la possibilité d’avoir accès à des services en ligne, pour un prix plus abordable que les tarifs officiels. C’est populaire chez les jeunes et les foyers à bas revenus, voire dans les colocations où on se satisfait de payer moins cher sans avoir à organiser les remboursements entre colocs. Les plateformes sont généralement gratuites pour les personnes qui partagent leurs codes et prennent une commission fixe ainsi qu’un pourcentage à chaque mensualité versée par un utilisateur. Chez Sharit et Spliiit, ce sont des frais mensuels de respectivement 0,25 € et 0,35 €auxquels on ajoute une commission de 5 % par mensualité.

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Les mensualités sont par exemple de 4,5 € pour Netflix et 1,88 € pour Disney+ chez Sharit et Spliiit pratique à peu près les mêmes tarifs. C'est bien moins cher que les tarifs standard. Les abonnements proposés sont souvent ceux sur lesquels les plateformes autorisent une configuration multi-utilisateur. En tant que "preneur" de codes, on aura donc quasiment accès à la même chose qu’avec un abonnement payé plein pot. Il n'y a généralement pas tromperie sur la marchandise. 

Risques limités pour les preneurs

En tant que preneur, les risques demeurent limités. Il en existe principalement un : celui que l’abonné principal résilie l’abonnement avant la fin de la période de souscription qu’il aura cédée moyennant paiement. Des critiques ont émergé, notamment lors du lancement de la plateforme Together Price basée en Grande Bretagne, concernant des abonnements payés puis interrompus par les utilisateurs principaux qui n’auraient pas remboursé les sommes avancées. C’est pourquoi certaines plateformes comme Sharit ne versent l’argent aux titulaires de comptes qui partagent leur abonnement qu’à la fin de la période de souscription partagée.

Si on est preneur de partage d'abonnement, il faudra par ailleurs faire attention à la localisation du compte principal si on prévoit de déménager ou de l’utiliser à l’étranger. Certaines plateformes pourront détecter un usage simultané dans plusieurs pays et assimiler cela à un non-respect des conditions générales. Mais dans le pire des cas, on ne risque qu'un accès bloqué au service et la perte de quelques euros. La plupart des offres sont sans engagement. 

Abonnements étrangers moins chers

Le cas de la plateforme Tizzionline est un peu particulier. Elle ne propose pas de partage de codes, mais de faire l’intermédiaire pour souscrire des abonnements de streaming ou de musique en ligne dans des pays où ils sont moins chers. Ayant personnellement vécu dans plusieurs pays, il m’est arrivé de conserver un compte de streaming souscrit dans une zone où il était moins cher tant que le moyen de paiement et l’adresse de facturation dans ledit pays restaient valides. Tizzionline propose de systématiser l’opération pour que ses utilisateurs fassent des économies. L’avantage de Tizzionline est ainsi de garder les tarifs compétitifs en éliminant les risques de sécurité liés au partage de codes. L’utilisateur a donc son propre compte, qu’il gère seul. 

Tizzionline informe que les contenus loués seront bien en Français et utilisables sur tous les appareils connectés depuis la France. Ce qui est exact par exemple dans le cas de Netflix. Ce dernier service se base sur le pays où l’on a souscrit l’abonnement pour fixer ses tarifs, mais met toujours à disposition le catalogue du pays dans lequel on se trouve au moment de la connexion. Sur les pages d’aide de Netflix, on constate que le géant du streaming autorise tout à fait un utilisateur à déménager et à garder son abonnement souscrit dans un autre pays. Puisque Netflix ne demande de pas de justifier de sa résidence, la démarche de Tizzionline équivaut à celle d’un déménagement. Là encore, on est à la limite de ce qui est permis - ou non explicitement interdit. Reste à savoir comment Tizzionline gère ses rapports avec Netflix et combien de temps cette start-up pourra continuer de monnayer ses prestations d’intermédiaire sans que cela ne prenne trop d’ampleur et/ou que la règlementation ne la mette hors-jeu.

En attendant, Tizzionline offre un combo de base à 20 €/mois. Celui-ci comprend un abonnement quatre écrans à Netflix (Premium avec Ultra HD), un abonnement pour trois personnes à Amazon Prime Video (Premium avec Ultra HD) ainsi qu’un abonnement à Tidal Family Premium pour cinq personnes. Je vois d’ici les fans de schémas pyramidaux qui s’imaginent déjà mettre en location les écrans supplémentaires de leurs abonnements Tizzionline sur Sharehub, Spliit ou encore Sharit, voire sur Together The Price !

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Partager ses codes, est-ce "safe" ? 

Venons-en maintenant à l’interrogation récurrente qui fait couler le plus d’encre à propos des services d’échange de codes : est-il sûr de balancer ses identifiants sur une plateforme ? Pas mal de gens bien plus geeks que moi se sont penchés sur la question et ont tendance à conclure que cela ne serait pas prudent. Outre Tizzionline, qui ne propose pas de partage de codes mais de l’abonnement à distance, Sharit, Spliiit ou Sharesub se parent d'argumentaires sur la sécurité informatique dans leurs FAQ, qui se veulent rassurantes sur la confidentialité des codes échangés sur leur plateforme.

PartageComptesTizzionline

D’abord il y a les parrainages comme celui proposé par Amazon Prime, où il n’est pas nécessaire de partager un mot de passe. Mais il y a aussi les plateformes qui nécessitent, pour être utilisées à plusieurs, de partager un mot de passe. La transmission est-elle toujours cryptée et protégée ? Comment pouvoir le vérifier ? Aussi, même lorsqu’un mot de passe n’est pas nécessairement échangé, il faut parfois donner son adresse mail, sa date de naissance, ou laisser des personnes inconnues accéder à un espace où sont stockées d’autres données personnelles. Sur les espaces personnels de certains sites dont on partagerait l’accès, des données de cartes bancaires ont même pu être enregistrées dans le passé pour faciliter les achats. 

Il y a donc deux risques au niveau de la sécurité des données quand on partage ses accès. Premièrement, celui de voir son mot de passe lui-même compromis par une faille de sécurité du prestataire d’intermédiation. Écrire son mot de passe, où que ce soit, comporte toujours un risque - encore plus pour les nombreuses personnes qui utilisent le même mot de passe pour tous leurs accès. Et ce risque est augmenté lorsque le mot de passe est transmis sur un espace en ligne qui peut être mal protégé, le niveau de protection offert étant difficile à évaluer. Deuxièmement, il y a le risque de compromettre d’autres données (date de naissance, adresse, une partie d'un numéro de carte bancaire…) qui pourraient être revendues ou mal utilisées. Selon certains articles de la blogosphère, il est très difficile de protéger un mot de passe tapé sur une plateforme d’échange. Et il existe un commerce si important de données volées sur le (dark) web que la plus grande prudence serait de mise (si vous m’avez lu jusqu’ici et que vous vous voulez en savoir plus sur la sécurité des données et la revente d'identifiants Netflix et Spotify, vous pouvez lire deux billets de blog intéressants ici et ).

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Et les artistes alors ? 

Malgré les risques qui y sont attenants, et au moins jusqu’à ce qu’une régulation claire ne les encadre, les plateformes d’échange de codes vont apparemment continuer de se multiplier à court terme. Par ailleurs, que Sharit, Spliiit, Sharesup, Tizzionline continuent ou non d'exister, le partage de codes est une pratique qui, comme le téléchargement pirate à une certaine époque, semble vouée à se pérenniser. Outre une évolution de la législation en la matière, l’officialisation du partage d’abonnement par Netflix, Spotify et consorts via une évolution de leurs conditions générales pourrait faire partie d'un scénario futur. Mais dans tous les cas, on peut penser que cela aboutira à une contribution financière moindre, par utilisateur et par usage, du contenu artistique. Est-ce que cela augmentera le revenu des artistes, leurs œuvres étant ainsi diffusées à davantage de monde ? Ou est-ce que cela conduira à une baisse de revenus des artistes, la diffusion des œuvres se faisant à moindre bénéfice ? La question reste ouverte. 



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