Console de jeux Xbox One : une révolution révoltante ?
Le 21 mai dernier, Mircrosoft a annoncé la sortie de sa toute nouvelle console de jeux Xbox One, devant remplacer avantageusement la fidèle Xbox 360. Mais déjà après quelques jours, des polémiques s’enflamment sur le net sur cette nouvelle console "tout-en-un", polémiques auxquelles Microsoft ne répond que timidement.
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N.D.L.R. : Le lancement d'une console de jeu de salon n'est jamais anodin pour le marché de l'audio-vidéo, car ce sont des produits qui ont une durée de vie importante et font partie des sources les plus vendues. Outre leur rôle essentiel dans le domaine du jeu vidéo, ces consoles imposent aussi de nouveaux usages pour la consommation audio-vidéo. C'est pour cette raison que notre rédacteur Pierre-Yves Maton a décidé de s'intéresser de prés à la nouvelle console Microsoft Xbox One et a enquêté auprès de plusieurs joueurs invétérés pour comprendre un peu mieux ce qui fait polémique.
Les addicts de la bien connue Xbox 360 étaient très certainement aux aguets devant la sortie d’une nouvelle console de jeux, remplaçant leur 360 préférée par un modèle qui irait plus loin sur pas mal de critères. Mais les changements s’apparentent plus à une révolution dont certains aspects pourraient s’avérer problématiques et ne concerne pas uniquement des évolutions des critères techniques. Mais les joueurs auront-ils d'autre choix que de s'adapter ?
La Xbox One voudrait plus s’apparenter à une sorte de centre névralgique d’un foyer, un centre multimédia où toutes les utilisations seraient possibles comme, bien entendu jouer à ses jeux préférés, regarder la télévision, écouter de la musique, regarder des séries ou films, naviguer sur internet, chatter… Microsoft avec la Xbox One ne ferait qu’aller dans le sens d’un mouvement de plus en plus prégnant où les moyens de diffusion comme de communication vers l’extérieur se condenseraient dans un seul et même appareil.
Des gros plus techniques
Sur le plan technique et de son architecture interne, la Xbox One est sans commune mesure avec la future ancienne Xbox 360. Tout d’abord, elle incorpore un processeur d’origine AMD x86 Jaguar à huit cœurs cadencés à 1,6 GHz (comme la PlayStation PS4) avec 8 Go de Ram (contre 512 Mo avant) et un disque dur interne de 500 Go.
Sur le plan de la connectique, elle comprend deux HDMI Ultra haute résolution (4K) et compatible 3D, deux ports USB 3.0 pour plus de vitesse de flux, un lecteur Blu Ray (et c’est là que certains problèmes commencent), une sortie audionumérique optique Toslink, une connexion Ethernet et elle peut fonctionner en Wifi sous le format 802.11n double bande à grande vitesse.
Le contrôleur Kinect, vendu obligatoirement dans le package, bénéficie aussi d’une cure de jouvence avec une caméra 1080p beaucoup plus performante tant sur le plan de l’angle de captation d’images (il ne sera plus question de bouger les meubles pour jouer) et il fonctionnera aussi avec une luminosité moindre.
La manette, elle, intègre une batterie que l’on pourra recharger directement, fini les changements de piles ou raccordement par fil comme avec la Xbox 360.
Que des plus technologiques donc, Microsoft n’hésitant pas à claironner que sa futur console Xbox One sera plus puissante que les ordinateurs actuels et même futurs.
Les points qui fâchent
Déjà, nous pourrions nous interroger sur la présence du lecteur Blu Ray, le format chouchou de Sony contre le format DVD des anciennes consoles de Microsoft. Mais plus grave pour les grands joueurs, c’est la non "rétro-compatibilité" des jeux qu’entraîne ce choix. Toute votre collection de jeux utilisés sur les box ancienne génération sera bonne à jeter à la poubelle à moins que vous conserviez celle-ci pour y jouer. Et ceci ne serait pas du fait du changement de lecteur, mais de celui du processeur embarqué et de l'architecture interne tout nouvelle. On le sait une mécanique Blu Ray es capable de lire aussi bien les DVD, et même dans certains cas, des disques SACD. En revanche et à ce jour, les profils, avatars et points gagnés sur le Xbox Live seront récupérables.
Mais ce n’est pas le seul point qui fâche. D’après ce que l’on a pu apprendre, pour jouer à un jeu, il faudra absolument l’installer sur le disque dur et il sera associé de façon définitive à votre compte. Inutile donc de penser à prêter ses jeux à d’autres personnes, il faudra dans ce cas que cette même personne se connecte à votre compte pour en profiter ou s’acquitte d’un droit à y jouer.
Troisième point gênant : un jeu Blu Ray occupe à peu près 20 Go, et comme le disque dur d’origine ne fait que 500 Go, vous ne pourrez qu’installer qu’une vingtaine de jeux, pas plus. Pour les afficionados, il faut d’ores et déjà penser à acquérir un second disque dur externe (celui de la Xbox One n’étant pas interchangeable) pour un de plus grosse capacité.
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Et le marché de l’occasion ?
Mais si nous allons plus loin ; que va devenir marché du jeu d’occasion qui grossit vu les prix de chaque jeu ? L’occasion est un phénomène tout à fait normal lorsqu’un secteur se porte bien, et faisant ainsi Microsoft ne se tire-t-il pas une balle dans les pieds ? L’acheteur d’un jeu seconde main devra payer une seconde fois, il devra payer en fait le droit d’y jouer car obligatoirement installé et donc relier à son compte. Ce qui veut dire aussi que jouant chez un de vos amis avec votre jeu, ce dernier devra s’acquitter d’une certaine somme s’il désire continuer à y jouer une fois que vous serez parti. Comme nous venons de le dire, un marché en forte croissance entraîne forcément un marché de l’occasion, ne serait-ce que pour assouvir les désirs des addicts quels qu’ils soient. Nous connaissons cela en musique, en enregistrements, en film, séries… C’est plutôt un signe de bonne santé du secteur que le contraire. Là vient la question qui est ; que cherche a faire réellement Microsoft en tentant de tuer ce marché ?
Big Brother : le retour ?
Autre aspect de cette nouvelle console qui mérite toute notre attention. D’après ce que l’on a pu apprendre, on ne peut jouer ou faire marcher la Xbox One sans que la Kinect soit allumée donc connectée. Ce qui signifie à demi-mot que votre console devra être reliée de façon permanente à Internet et, donc la caméra pourra capter, sans que vous y prêtiez garde, des images de chez vous.
Dans plusieurs interviews, Microsoft a apporté des précisions et juré que Kinect n'allait pas jouer les "Big Brothers". «Nous prenons le respect de la vie privée très au sérieux. Nous n'utiliserons pas Kinect pour espionner qui que ce soit. Nous ne transmettons aucune donnée qui pourrait identifier le joueur, à moins qu'il ne l'accepte explicitement», explique Phil Harrison en charge de la division Jeu.
Mais on pourrait aussi penser que la console, comme la plupart des smartphones, transmettra des données soit disant anonymes à Microsoft, ce qui est habituel pour permettre de corriger les bogues et améliorer un service. Sauf que Kinect a le potentiel pour des transmissions d’informations beaucoup plus personnelles : combien de personnes sont devant la télé, pendant combien de temps etc. Face à de nombreuses réclamations d’autorités en la matière à travers la planète, il semble que récemment Microsoft fasse marche arrière où se défile suivant les cas. La société déclare que cette connexion ne sera pas, en fin de compte, permanente mais "régulière" afin de procéder à toutes les mises à jour automatiquement.
Mais que va-t-il se passer réellement, une fois la Xbox One installée chez vous ? Jeff Henshaw, responsable chez Xbox a ajouté tout en voulant se montrer rassurant sur la vie privée des joueurs : "Si vous souhaitez conserver votre vie privée, nous vous donnerons les options qui assureront votre confidentialité. Le système est conçu pour que Kinect fasse partie intégrante de l'expérience. Vous ne serez pas en mesure de retirer l'accessoire, mais vous pourrez bénéficier d'options ou vous serez sûr que l'appareil est éteint et qu'on ne puisse pas vous voir". Beaucoup d’incertitudes, beaucoup de déclarations allant un peu dans tous les sens de façon anarchique en tout cas. Est-ce rassurant ? manifestement non.
Microsoft semble sûre de son coup, et d’après les propos de certains de ses dirigeants : "de toute façon, le monde des joueurs viendra à un moment ou à un autre à la Xbox One". Ce que contredisent certaines d’autres études : pour l’instant, seulement 10% de personnes interrogées iraient vers la box Microsoft contre 90% pour la Playstation 4 de chez Sony. Malgré cela et contre toute attente, cette Xbox One sera proposée à un prix relativement élevé, autour des 500 euros et seulement disponible en fin d’année, à l’occasion des fêtes. Il suffirait donc que les habituels jeux à gros succès comme Call Of Duty ne sortent qu’en format Blu Ray pour pour que le "miracle" Microsoft agisse. Les joueurs serait alors obligés d’y aller... à moins de changer de marque console, ce qui est aussi le risque...
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