Huis clos : une adaptation classique fort bien restaurée (en Blu-Ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5) 

Synopsis 

Un groupe de damnés arrive aux portes de l'Enfer : un hôtel désuet. Trois d'entre eux sont enfermés dans un même salon. Chacun évoque sa vie, mais de brèves apparitions de leur existence, démentent leurs propos. Sur Terre, ils sont bientôt oubliés, et plus rien ne les raccroche à leur passé…

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• Titre original : Huis clos
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1954
• Réalisation : Jacqueline Audry
• Casting : Arletty, Frank Villard, Gaby Sylvia, Yves Deniaud, Nicole Courcel, Jean Debucourt, Suzanne Dehelly, Paul Frankeur, Renaud Mary, Jean Murat, Isabelle Pia, Arlette Thomas
• Durée : 1 h 36 mn 26
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : aucun
• Piste sonore : Dolby Digital 2.0 monophonique français
• Bonus : combo avec le Blu-ray du film et le DVD du film - Huis clos, la vie après la mort par Noël Herpe (37 mn 25) - Sartre par Esther Demoulin (31 mn 03) - L'Enfer c'est les autres, audio par Jean-Paul Sartre (5 mn 53)
• Éditeur : Tamasa Diffusion 

Commentaire artistique

« Huis Clos », troisième pièce de Jean-Paul Sartre, est montée à Paris en mai 1944 au théâtre du Vieux-Colombier, dans une mise en scène de Raymond Rouleau avec Michel Vitold (Garcin), Tania Balachova (Inès), Gaby Sylvia (Estelle) et R.J. Chauffard (le garçon). Écrite avec un minimum de personnages (Garcin, Inès, Estelle et le garçon d’étage) toujours présents sur scène (cf. bonus) et se déroulant dans le lieu clos d’un salon de style second Empire, cette pièce courte et « drôle » symbolise les Enfers, c’est-à-dire « les autres », selon la philosophie existentialiste de l’écrivain. En 1954, Jacqueline Audry réalise Huis Clos, un film librement adapté de la pièce par son auteur et par Pierre Laroche qui ajoutent notamment un long prologue (accueil hôtelier des damnés). Le passage au cinéma innove en imaginant une fenêtre sur les vivants qui révèlent aux damnés la raison de leur présence dans ces enfers décrit comme un hôtel sans sévices ou tortures mais dont les clients sont enfermés, sans faim ni sommeil, pour l’éternité dans leur salon. Les interprètes majeurs de Huis Clos sont des comédiennes et comédiennes de talent : Arletty, joue Inès Serrano, la lesbienne, Franck Villard sera Joseph Garcin, le lâche, et Yves Deniaud, est inénarrable en garçon d'étage posé et ironiquement lucide. Gaby Sylvia, qui incarne Estelle l’infanticide, avait déjà joué ce rôle à la création de la pièce en 1944 et le reprendra en 1977 dans une mise en scène de Robert Hossein. Relativement fidèle au texte et à la dramaturgie de la pièce de théâtre, Huis Clos est un film de studio (Boulogne) qui ne quitte jamais le salon, excepté durant le prologue et au cours des visions extérieures qui aèrent l’intrigue, imposant une mise en scène assez statique et oppressante mais ingénieusement gérée (couloir et porte, statue, canapés) par la réalisatrice. Comme dans la pièce, le film affirme l’existentialisme de l’auteur : les actions engagent les vivants qui, une fois morts, n’ont plus de contrôle sur le jugement post mortem de leurs actes et même si ils clament leur innocence, ils seront démasqués tout en étant condamnés à vivre éternellement sous le regard d’autrui. Sans doute moins troublant que la représentation théâtrale, Huis Clos est servi par d’excellents interprètes, spécialement Arletty en lesbienne implacable et manipulatrice. Si la métaphore philosophique de la pièce est bien préservée, le passage au cinéma, malgré les visions, accentue l’immobilisme de cette suite de dialogues ininterrompus qui a été inutilement allongée pour devenir un long métrage. Mais l’édition blu-ray vaut le détour pour la qualité impressionnante de la restauration récente en 4K.

Commentaire technique 

Film restauré en 4K par TF1 Studio à partir des négatifs 35 mm, image et son. Travaux numériques réalisés par Éclair Cinéma en 2017 

Image : copie HD, excellente définition et piqué sur les détails (visages, décors), texture argentique discrète et homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K restauré en 2017), copie très bien nettoyée, excellent contraste aux éclairages tranchés, blancs nuancés, noirs profonds, gris bien étagés 

Son : mixage  2.0 monophonique français, dialogues clairs, excellente dynamique mais peu de bruitages et musique limitée de Joseph Kosma ainsi que la chanson « Rue des Blancs-Manteaux » interprétée par Arletty, léger souffle 

Notre avis

Image : (4,5/5)
Mixage sonore : (4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/fr/title/tt0047099/

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