Mémoires d'un escargot : la « stop-motion » au service de l’émotion (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

À la mort de son père, la vie heureuse et marginale de Grace Pudel, collectionneuse d'escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d'accueil à l'autre bout de l'Australie. Suspendue aux lettres de son frère, ignorée par ses tuteurs et harcelée par ses camarades de classe, Grace s'enfonce dans le désespoir. Jusqu'à la rencontre salvatrice avec Pinky, une octogénaire excentrique qui va lui apprendre à aimer la vie et à sortir de sa coquille…

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Titre original : Memoir of a Snail
Support testé : Blu-ray
Genre : animation, drame
Année : 2024
Réalisation : Adam Elliot
Casting : (Voix VO) Sarah Snook, Jacki Weaver, Kodi Smit-McPhee, Dominique Pinon, Magda Szubanski, Eric Bana, Adam Elliot, Nick Cave (Voix VF) Barbara Probst, Frédérique Cantrel, Antonin Icovic, Dominique Pinon, Anne Loiret, Pierre Forest, Luc-Antoine Diquéro, Nicolas Vogel
Durée : 1 h 34 mn 43
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,85/1
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 anglais, français
Bonus : dans les coulisses du studio (1 mn 34) - dans les coulisses du tournage (4 mn 42) - bande annonce VOST (1 mn 28) - bande annonce VF (1 mn 28)
Éditeur : Wild Side Video

Commentaire artistique

Avec son second long-métrage d’animation sorti en 2024, Mémoires d’un escargot, qu’il a écrit et réalisé, le réalisateur australien oscarisé Adam Elliot conserve le style singulier qui avait fait de Mary et Max (2009) une réussite : technique de la stop-motion, histoire dramatique pour adultes, personnages forts et pittoresques, esthétique typée « bancale et grossière » privilégiant la patine et l’imperfection. Mémoires d’un escargot a nécessité huit ans de production car la technique de la stop-motion est chronophage, même avec divers plateaux et plusieurs animateurs (cf. bonus) et le tournage s’est effectué à Melbourne en 2023. Le scénario s’inspirant de la vie et de personnages réels connus d’Adam Elliot narre l’existence de Grace Pudel et de son jumeau Gilbert qui vivent dans une maisonnette de Melbourne dans les années 70 avec leur père français Percy. A la mort de celui-ci, ils vont être séparés : c’est ce que raconte Grace en voix off (ce qui évite les coûteuses animations des lèvres) à l’escargot nommé Sylvia en détaillant les déboires de son existence solitaire, sa passion pour les gastéropodes et son amitié avec Pinky, une dame âgée excentrique. Cette histoire fascinante est admirablement servie par son traitement visuel en marionnette animées, un travail colossal de 33 semaines et 135 000 images ayant nécessité la création de 200 décors, de centaines de personnages et de milliers d’accessoires, le tout avec de l’argile et du fil de fer ! Filmé et éclairé par le directeur photo Gerald Thompson, Mémoires d’un escargot est radicalement artisanal : il n’y a aucun effet numérique 3D, tout est fait à la main, ce qui indéniablement ajoute au charme particulier de l’animation. Quant à l’histoire assez sombre et tragique de Grace, elle est digne d’un film classique mêlant désespoir et humour, observations naturalistes et séquences poignantes, une incursion inhabituelle dans un genre trop souvent connoté infantile. L’intrigue et la caractérisation réaliste des personnages confèrent une dimension très mature à l’animation et une réelle réflexion existentielle qui ne perd jamais de vue l’approche humaniste de ses héros avec la complexité de leurs relations et de leurs singularités. Si Mémoires d’un escargot porte un regard aiguisé sur les imperfections de la condition humaine et sur la tragédie du quotidien, il laisse cependant percevoir par sa bienveillance que l’espoir n’est jamais loin : cette comédie douce-amère, comme la définie son auteur, réussit à concilier une esthétique visuelle étonnante à une histoire profondément humaine. Remarquable.

Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition avec du piqué sur la multitude d’objet qui occupent l’espace et belle profondeur de champ (tournage numérique avec Canon EOS, Master Format 4K), excellente gestion du contraste, images lumineuses et noirs soutenus, étalonnage chaud, colorimétrie vive aux teintes chatoyantes et tons saturés

Son : mixage 5.1 anglais (Dolby Atmos au cinéma), voix claires et centrées, très bonne dynamique sur les nombreux effets sonores et sur la musique élégante d’Elena Kats-Chernin, spatialisation efficace aux effets surrounds immersifs et démonstratifs, LFE énergique ; VF 5.1, claire, dynamique, doublage soigné et bien intégré

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