La Scandaleuse de Berlin : une fausse comédie sublimée par ses actrices (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
En 1948, une délégation du Conges américain arrive à Berlin pour enquêter sur le moral des GI en Allemagne. Phoebe Frost, membre de la commission, puritaine et intransigeante, découvre les dessous de la réalité berlinoise, le marché noir et la prostitution. Elle apprend notamment qu'une chanteuse de cabaret et ancienne membre du parti nazi, Erika von Schluetow, bénéficie de la protection d'un officier américain, le capitaine John Pringle dont elle va s’éprendre…
- Titre original : A Foreign Affair
- Support testé : Blu-ray
- Genre : comédie dramatique
- Année : 1948
- Réalisation : Billy Wilder
- Casting : Marlene Dietrich, Jean Arthur, John Lund, Millard Mitchell, Peter von Zerneck, Stanley Prager, William Murphy, Raymond Bond
- Durée : 1 h 56 mn 19
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,37?/1 Noir et Blanc
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
- Bonus : combo en édition limitée avec le Blu-ray du film (116 mn) et le DVD du film (111 mn) - livret « Uniforme, sexe et marché noir » (24 pages)
- Bonus sur le Blu-ray : entretien avec Frédéric Mercier (Positif) et Mathieu Macheret (Le Monde) (2024, 26 mn 53) - Le Crépuscule d'un ange de Dominique Leeb (2012, 51 mn 50)
- Éditeur : Rimini Éditions
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Commentaire artistique
Billy Wilder est un réalisateur depuis plus d’une décennie lorsqu’il réalise La Scandaleuse de Berlin en 1948. Il est déjà un cinéaste adulé qui avait récolté en 1945/46 cinq oscars et la Palme d’or à Cannes pour son drame sur l’alcoolisme, Le Poison. Venu en Europe à la fin de la guerre pour retrouver sa famille et honorer une commande de l’armée pour un documentaire sur les camps de concentration (Death, Mills, 1945), le réalisateur décide de faire une comédie pour sensibiliser les allemands à cette question. Dès 1947, il vient filmer des plans de Berlin en ruines qui seront intégrés au film pour lui donner une touche plus réaliste, même si certaines transparences trahissent qu’une partie du tournage avec les acteurs s’est fait en studio… à Hollywood. Adaptant une histoire de David Shaw, le scenario est coécrit par Billy Wilder, Charles Brackett et Richard L. Breen. La Scandaleuse de Berlin sera Marlene Dietrich, actrice allemande qui s’est farouchement opposée au nazisme quand elle est devenue citoyenne américaine en 1939 et qui a soutenu les soldats au front par ses tours de chant durant la campagne de libération. On comprend que le rôle d’Erika von Schlütov, espionne nazie, dans le film de Billy Wilder n’allait pas de soi, d’autant quelle avait refusé de jouer une collaboratrice dans Les Portes de la nuit (1946) de Marcel Carné ! Mais la nécessité de travailler, la confiance dans le réalisateur et la présence du compositeur Friedrich Hollander (visible dans le film comme son pianiste) arrivent à la convaincre. Splendidement éclairée par Charles B. Lang Jr. l’actrice capte toute l’attention dans sa robe pailletée crée par Irène et Edith Head lorsqu’elle chante au cabaret, lointaine réminiscence de son rôle emblématique dans L’Ange bleu (1930). Pourtant la star n’aura pas le rôle principal de la chef de la délégation du Congrès Phoebe Frost qui est confié à Jean Arthur tandis que celui du capitaine John Pringle est incarné par un acteur méconnu, John Lund. Milard Mitchell, interprète hollywoodien typé, interprètera Rufus Plummer, le colonel dépassé par les évènements. Mélange de gravité, d’humour et de trivialité, La Scandaleuse de Berlin surprend toujours par l'audace de ses situations qui pourraient prêter à rire dans les décors d’une ville dévastée où la prostitution et le marché noir sont devenus les meilleurs avantages des soldats américains en garnison, au grand dam de l’enquête menée par Phoebe. Avec son regard affuté habituel, le cinéaste ne craint pas de critiquer la propagande de la politique américaine (cf. premiers plans du film : le baseball comme remède au déconditionnement de la jeunesse) en mettant en lumière le fossé qui sépare les nobles intentions du Congrès et la réalité sordide d’une ville dans laquelle chacun cherche égoïstement à tirer profit. Par son scénario, sa mise en scène et son casting, La Scandaleuse de Berlin est une comédie brillante et, quoi qu’en dise Marlene Dietrich dont l’interprétation demeure fascinante même en espionne nazie peu empathique, elle doit beaucoup aussi à la composition amusante de la charmante Jean Arthur. En nous plongeant dans le quotidien peu reluisant des berlinois survivants dans les ruines de leur capitale, Billy Wilder réussit à parler de choses graves sur un mode léger. Souvent comparé au mémorable Ninotchtka (1939) d’Ernst Lubitsch, avec Greta Garbo, La Scandaleuse de Berlin est un film bien plus ambigu qui dénonçait avec un sourire l’hypocrisie d’une situation politique et économique inconfortable au lendemain de la guerre. Du pur Wilder à savourer sans attendre.
Commentaire technique
Image : copie HD, excellente définition et très bon piqué sur les détails, texture argentique épaisse mais homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré en 2019), une copie qui n’est pas exempte de plusieurs plans affectés de rayures verticales, superbe contraste respectant les éclairages tranchés, noirs profonds, blanc nuancés, gris harmonieux
Son : mixage 2.0 monophonique anglais, voix tres claires et équilibrés, niveau sonore élevé, excellente dynamique sur les effets et sur la musique de Friedrich Hollander et sur les chansons interprétées par Marlene Dietrich, léger souffle ponctuel, pas de distorsion ; VF 2.0, claire, souffle important, doublage ancien (Lita Recio double Marlene Dietrich) pas assez bien intégré aux ambiances
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Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : (3,5/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0040367/