L'Homme qui voulait savoir : un thriller singulier unique (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5) 

Synopsis

Sur la route des vacances, Rex et Saskia s'arrêtent sur une aire d'autoroute. L'homme s'éloigne du véhicule pendant quelques minutes. À son retour, sa compagne a disparu. Fou de douleur, il renonce à sa vie professionnelle et sociale pour se consacrer exclusivement à la recherche de la disparue. Après trois années d'une quête infructueuse, il reçoit une étrange carte postale, dont l'auteur prétend connaître la vérité sur la disparition…

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• Titre original : Spoorloos
• Support testé : Blu-ray
• Genre : thriller
• Année : 1988
• Réalisation : George Sluizer
• Casting : Bernard-Pierre Donnadieu, Gene Bervoets, Johanna Ter Steege, Gwen Eckhaus, Bernadette Le Saché, Tania Latarjet, Lucille Glenn, Roger Souza
• Durée : 1 h 46 mn 01
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique multilingue (néerlandais, anglais, français)
• Bonus : Digibook limité à 1000 exemplaires avec le Blu-ray du film (106 mn) et le DVD du film - livret « La Science des rêves » (48 pages) - présentation du film par Samuel Blumenfeld (36 mn 58) - interview de George Sluizer (mai 2014, 19 mn 06) - interview de Johanna Ter Steege (juin 2014, 14 mn 25) - bande annonce VF (1 mn 33)
• Éditeur : Sidonis Calysta 

Commentaire artistique

Coproduction franco-néerlandaise réalisée par George Sluizer en 1988, L'Homme qui voulait savoir est l’adaptation d’un roman célèbre de Tim Krabbé « L’œuf d’or » (Het Gouden Ei, 1984) sur une jeune-femme disparue et un sociopathe. C’est d’ailleurs avec l’écrivain - fameux joueur d’échec et coureur cycliste - que le cinéaste signe le scénario de son film et c’est sur cette base qu’il réalisera ensuite en 1993 un remake américain La Disparue (The Vanishing). L’intrigue du roman est fondée sur l’extrapolation d’un fait divers des années 70 : la touriste qui avait disparue dans une station-service en France sans laisser de trace s’était simplement trompée de bus ! Mais l’argument dramatique de L'Homme qui voulait savoir, considéré comme un des films les plus effrayants jamais réalisés, pourrait être aussi inspiré d’une légende urbaine liée à l’Exposition Universelle de 1901 concernant la disparition d’une jeune femme et exploité par de nombreux thrillers. C’est le film le plus connu du cinéaste néerlandais George Sluizer, qui explique (cf. bonus) les rapports de travail compliqués qu’il a eu avec l’écrivain et le sort étonnant de son film, un an en sommeil faute de distributeur, qui sera finalement primé dans de nombreux festivals et recevra l’aval de Stanley Kubrick. Si le rôle du sociopathe Raymond Lemorne est tenu par Bernard-Pierre Donnadieu, acteur français reconnu qui remplace, après son refus, Jean-Louis Trintignant, c’est un des premiers films de l’acteur belge Gene Bervoets qui incarne Rex Hofman et le tout premier de l’actrice néerlandaise Johanna ter Steege (cf. bonus), actrice de théâtre choisie pour sa blondeur pour jouer Saskia et qui se heurta à la forte personnalité de Bernard-Pierre Donnadieu. L'Homme qui voulait savoir est un thriller singulier doté d’une dimension fantastique dans la mesure où il s’écarte d’une narration linéaire et alterne la plongée dans l’esprit de Rex recherchant obsessionnellement sa Saskia disparue et dans celui de Raymond ressassant ses délires. Le montage, très habile, avec sa structure et ses flashbacks, propose au spectateur de découvrir le couple amoureux de Rex et Saskia partant en vacances, puis la personnalité du sociopathe Raymond, mari paisible… préparant scientifiquement son forfait. Ultérieurement, trois ans passent : Rex recherche inlassablement Saskia tandis que Raymond n’est jamais loin de lui. La dernière partie, la plus longue, décrit enfin la rencontre des deux protagonistes, l’épanchement de Raymond sur sa vie et sur l’enlèvement, et ce qui s’ensuit avant une conclusion terrifiante. Toute la tension du film réside dans le portrait du sociopathe claustrophobe : analyse minutieuse de ses mobiles et description de ses préparatifs méthodiques avec la riguer d’un scientifique. L'Homme qui voulait savoir démontre toute l’intelligence de sa mise en scène qui a su trouver les équivalents visuels, ce qui n’était pas du tout évident, à l’onirisme et au symbolisme qui sous-tendent le roman.  Le film est en apparence un thriller, autrement dit un film à suspense, mais qui dévoile le coupable presqu’immédiatement au spectateur et qui réserve toute sa puissance dramatique aux rapports entre le mari et le sociopathe exposés dans une intrigue, entre psychologie et métaphore, qui nous prive, comme Rex, de certitudes. Si la trivialité du récit narré dans L'Homme qui voulait savoir semble flagrante au premier degré, le machiavélisme de son propos philosophique démarque totalement ce film du genre. La puissance évocatrice de son excellent casting, la préparation glaçante de « l’expérience » menée par Raymond, le questionnement existentiel constant, les séquences oniriques et la conclusion aussi implacable qu’inoubliable font de ce thriller une pépite à ne manquer sous aucun prétexte.

Commentaire technique

Ce film a été scanné et restauré en 2K par le laboratoire de Eyefilmmuseum à Amsterdam d’après le négatif original 35 mm 

Image : copie HD, définition variable selon les plans et piqué honorable sur les détails, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K nouvelle restauration), copie bien nettoyée aux imperfections minimes, contraste homogène assez mesuré qui renforce les scènes de jour, basses lumières détaillées, noirs soutenus, étalonnage chaud, colorimétrie naturelle aux teintes manquant parfois de vivacité, tons saturés 

Son : mixage multilingue 2.0 monophonique, dialogues clairs et sans distorsion, bonne dynamique sur les ambiances (station-service, voitures, pluie) et sur la musique suggestive d’Henry Vrienten, pas de souffle 

Notre avis

Image : (4/5)
Mixage sonore : (4/5)
Bonus : (3,5/5)
Packaging : (3,5/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0096163/ 

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