R.A.S. : un film fort sur l’abus de pouvoir (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Trois amis rejoignent la troupe des mobilisés pour la guerre d'Algérie. Les événements poussent l'un d'eux à vouloir déserter puis à tuer. Il finit par comprendre l'absurdité du massacre qu'il a perpétré.

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Titre original : R.A.S.
Support testé : Blu-ray
Genre : guerre, drame
Année : 1973
Réalisation : Yves Boisset
Casting : Jacques Spiesser, Jacques Villeret, Jacques Weber, Claude Brosset, Jean-François Balmer, Michel Peyrelon, Philippe Leroy, Roland Blanche, Jean-Pierre Castaldi, Jacques Chailleux
Durée : 1 h 49 mn 07
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,66/1
Sous-titrage : aucun
Piste sonore : Dolby Digital 2.0 monophonique français
Bonus : L'envie d'en découdre, interview du réalisateur (2013, 43 mn 10) - R.A.S. raconté par Jacques Weber (novembre 2023, 31 mn 18)
Éditeur : Tamasa Diffusion

Commentaire artistique

Filmé en Tunisie mais se déroulant en Algérie, R.A.S. a été réalisé par Yves Boisset en s’inspirant d’une histoire de Roland Perrot, un militant pacifiste et de l’action du commandant Jean Pouget (devenu Lecoq dans le film et incarné par Philippe Leroy-Baulieu) qui en novembre 1956 prend la tête du 228^e bataillon d’infanterie chargé de former un bataillon d’élite avec les rappelés contestataires, action qu’il racontera plus tard dans son livre « Bataillon RAS » (1981). C’est la reprise en main de ces soldats récalcitrants dans une compagnie disciplinaire qui est le sujet du film dont le message antimilitariste n’a pas empêché les observateurs, y compris Jean Pouget, de reconnaitre l’authenticité de la reconstitution. R.A.S. est un film engagé et une des premières fictions à s’intéresser à la guerre d’Algérie (1954-1962), un sujet sensible dans les années 70 et objet à la controverse avec censure (atténuation d’une scène de torture) et perturbations en projections publiques. Mais malgré une programmation en plein été, R.A.S. attire le public et remporte un succès inattendu, preuve de sa qualité artistique et de l’intérêt de son traitement d’un thème délicat. Outre son sujet brulant, le film démontre le discernement avec lequel le cinéaste a choisi son jeune casting puisque la plupart des jeunes comédiens débutaient au cinéma avant de devenir par la suite de grands acteurs, en particulier le trio formé par Jacques Villeret, Jacques Weber (cf. bonus) et Jean-François Balmer. Selon le réalisateur (cf. bonus), qui indique que Gérard Depardieu sera écarté pour incompatibilité avec ses camarades, le film a gagné avec le temps la qualification d’œuvre représentative de la génération ayant effectuée son service militaire pendant la guerre d’Algérie. Il insiste sur l’idée que R.A.S. est plus une critique des dérives du pouvoir de l’institution militaire qu’un film antimilitariste, même si son message pacifiste ne fait aucun doute, passant incidemment en revue les sujets qui fâchent (enrôlement obligatoire, brimades, torture, massacre, problème des harkis, etc.) dans cette guerre coloniale injustifiable. Le film est entièrement consacré aux « rappelés », ainsi qu'à leur encadrement, plongés dans la tourmente : les habitants et combattants algériens (fellagas), brièvement montrés, ne sont pas les protagonistes majeurs de l’intrigue. Cinquante après sa sortie, R.A.S. garde intact son engagement et sa puissance évocatrice, servie par la belle photographie lumineuse de Jacques Loiseleux et par la mise en scène sans fard d’Yves Boisset qui, après avoir dépeint l’entrainement des recrues en France, expose les attitudes physiques et mentales de quelques fortes têtes confrontées à la réalité du terrain. Un film fort et mémorable.

Commentaire technique

Image : copie HD, belle définition et très bon piqué sur les détails, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), excellent contraste, image lumineuse aux éclairages francs, ombres détaillées, noirs soutenus, étalonnage chaud, colorimétrie réaliste aux teintes vives et tons nuancés

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Son : mixage français 2.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion, bonne dynamique surs les ambiances (entrainement, tirs) et sur la musique de François de Roubaix