Les Colons : un film sans compromis sur l’éradication au Chili des indiens Selk’nam (en DVD et VOD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
La Terre de Feu dans la République du Chili en 1901 est un territoire immense, fertile, que l'aristocratie blanche cherche à « civiliser ». Trois cavaliers sont engagés par un riche propriétaire terrien, José Menendez, pour déposséder les populations autochtones de leurs terres et ouvrir une route vers l'Atlantique. Sous les ordres du lieutenant MacLennan, un soldat britannique, et d'un mercenaire américain, le jeune métis chilien, Segundo, découvre le prix de la construction d'une jeune nation, celui du sang et du mensonge.
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- Titre original : Los colonos
- Support testé : DVD
- Genre : drame, western
- Année : 2023
- Réalisation : Felipe Gálvez Haberle
- Casting : Sam Spruell, Mark Stanley, Marcelo Alonso, Alfredo Castro, Mariano Llinás, Benjamin Westfall, Luis Machín, Camilo Arancibia, Mishell Guaña
- Durée : 1 h 35 mn 58
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,50/1
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 espagnol
- Bonus : entretien avec Felipe Gálvez Haberle et Antonia Girardi (27 mn 35)
- Éditeur : Blaq out
Commentaire artistique
Premier long métrage du cinéaste chilien Felipe Gálvez Haberle, Les Colons traite, dans l’esprit d’un western chilien, de l’extermination peu glorieuse des populations indiennes des Selk’nam (ou Onas) habitant de la Terre de feu. Ce génocide, occulté par les livres scolaires au Chili, a été perpétré à partir des années 1880 pour privatiser les terres au profit des éleveurs de moutons, les estancieros. Avec la complicité par inertie des gouvernements locaux, notamment du président chilien Manuel Montt, ces éleveurs vont engager des milices chargées d’exterminer les populations autochtones dans un bain de violence et de sang. C’est ce massacre qui est évoqué dans la première partie du film : le scénario de Felipe Gálvez Haberle et Antonia Girardi (cf. bonus) concrétise cette période en décrivant comment un riche estanciero, José Menendez (Alfredo Castro) missionne un ex-lieutenant britannique MacLennan (Mark Stanley), accompagné de Bill, un mercenaire américain (Benjamin Westfall) et de Segundo, un métis habile au fusil (Camilo Arancibia), pour accaparer les terres indigènes après avoir éliminé tous les indiens. Les Colons mêle des personnages historiques, comme José Menendez (cf. générique final), MacLennan ou Francisco Moreno (Mariano Llinás), et des personnages de fiction (Segundo, Kiepja) qui incarnent les idées de la culture populaire sur les faits de cette période. Le film ne prétend pas montrer une reconstitution fidèle des évènements mais donner un regard nouveau sur un phénomène ignoré et volontairement occulté. On découvre alors que la colonisation de cette partie de l’Amérique Latine a été réalisée par des chiliens ordinaires. Que de turpitudes accomplies entre le début du film qui décrit sans complaisance les horreurs du trio conquérant (tueries, viols) et la fin du film qui quitte les grands espaces pour les habitats ! C’est alors le temps de la parole, une qualification orale des massacres assumés par José Menendez, dans sa riche propriété bourgeoise, comme par le représentant du gouvernement Vicuña (Marcelo Alonso). Celui-ci, dans un esprit de « réconciliation » préfère ignorer les faits pour mieux les réécrire et les mettre en scène (caméra) dans un souci de propagande politique. Le contraste est saisissant avec le sort du métis Segundo qui vit isolé sur l’île de Chiloé en compagnie de son épouse indienne Kiepja (Mishell Guaña). Mais contrairement au métis, qui s’est compromis avec les colons et a participé au génocide dont il est un des témoins directs, Kiepja, n’est pas dupe : elle se figera dans une posture édifiante, obstinée et réprobatrice devant l’objectif. Les Colons a été filmé en décors naturels, en Terre de Feu et en Patagonie, dans des conditions naturelles difficiles et sur des propriétés actuelles de la famille Menéndez car personne ne fut inquiété par la suite pour le massacre des Selk’nam… Le casting, qui associe des acteurs professionnels et des débutants, est un excellent atout de la production qui a aussi bénéficiée de la très belle photographie de Simone D'Arcangelo, à la manière des autochromes, et de la brillante partition façon western d’Harry Allouche. Ces deux éléments renvoient au cinéma, en partie responsable de la création du mythe de la colonisation épique et du vilain indien. Ce média, capable de transformer l’Histoire, est ici intelligemment utilisé puisqu’à l’inverse il va servir à corriger les errements de l’imagerie coloniale manipulée. Par sa profondeur et par son style dépouillé singulier, Les Colons est un film qui vaut le détour malgré sa violence sans concession.
Commentaire technique
Image : copie SD, définition correcte et piqué limité à cause du support DVD basse définition, texture travaillée dans l'esprit du procédé autochrome (tourné en numérique avec caméra Sony CineAlta Venice, Master Format 4K), contraste privilégiant une certaine densité des éclairages, basses lumières parfois bouchées, noirs très intenses, étalonnage froid, colorimétrie aux teintes nuancées particulières évoquant la saturation et les teintes des autochromes
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Son : mixage 5.1 espagnol, dialogues très distincts et équilibrés, excellente dynamique sur les ambiances et sur la musique intense et épique d’Harry Allouche, spatialisation immersive aux effets surrounds très enveloppants (cavalcade, ambiances naturelles, musique), LFE très énergique
Notre avis
Image : (3,5/5)
Mixages sonores : (4,5/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt10370812/
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