Les Herbes sèches : discussions existentielles dans une région reculée de Turquie (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (3,5/5) 

Synopsis

Samet est un jeune enseignant dans un village reculé d'Anatolie. Alors qu'il attend depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul, une série d'événements lui fait perdre tout espoir. Jusqu'au jour où il rencontre Nuray, jeune professeure comme lui…

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• Titre original : Kuru Otlar Üstüne
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 2023
• Réalisation : Nuri Bilge Ceylan
• Casting : Deniz Celiloğlu, Merve Dizdar, Musab Ekici, Ece Bağcı, Erdem Şenocak, Yüksel Aksu, Münir Can Cindoruk, Onur Berk Arslanoğlu
• Durée : 3 h 17 mn 27
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,39/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 5.1 turc
• Bonus : aucun
• Éditeur : Memento Distribution

Commentaire artistique  

Récompensé par le prix d’interprétation féminine obtenu au Festival de Cannes par Merve Dizdar, Les Herbes sèches du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan s’inscrit pleinement dans la lignée de ses films précédent qui proposent une vision dépouillée, voire austère, des problèmes existentiels qui animent la société turque. Ce nouvel opus ne fait pas exception à sa manière esthétisante de filmer, avec un manque assumé d’action et avec un étirement dans la durée, ni à son inspiration autobiographique. En coécriture avec son épouse Ebru Ceylan et avec Akin Aksu, le réalisateur a adapté le journal intime de ce dernier rédigé au cours des trois années d’un service civil obligatoire accomplies en Anatolie en tant qu’enseignant. Pour renforcer le sentiment isolement du protagoniste central Samet (Deniz Celiloğlu), Les Herbes sèches a été tourné dans un lieu retiré de la Turquie, près d’Erzurum, couverte plus de six mois par an par les neiges hivernales qui en renforcent l’âpreté. C’est aux directeurs de la photographie Cevahir Şahin et Kürşat Üresin que le film doit la beauté austère de ses cadrages en scope. L’intrigue tourne autour de trois personnages : Samet, professeur dans une école primaire, Kenan (Musab Ekici), son collègue et colocataire, et Nuray (Merve Diznar), une enseignante au collège voisin. Outre la rudesse des conditions locales, la tension du film Les Herbes sèches est liée aux relations qui s’établissent entre les trois enseignants et le contraste marqué qui différencie leurs caractères. Une très longue scène de dialogues échangés entre Samet et Nuray va préciser leurs personnalités, le premier très individualiste ne songe qu’à retrouver la civilisation (Istanbul), la seconde activiste est persuadée du bienfondé de son combat politique. La mise en scène, qui privilégie les séquences dialoguées et l’humanisme des situations, doit beaucoup à la qualité de jeu des interprètes et à un montage très maitrisé qui peut déboucher sur des moments surprenants, comme ces inserts de portraits artistiques fixes ou cette séquence surréaliste lorsque brusquement le film brise le « quatrième mur » ! Les Herbes sèches est un film sur l’extraordinaire complexité relationnelle qui se développe entre les individus en fonction du contexte social, économique et politique et en raison des sentiments qui les animent. Sans porter de jugement, le film cherche à  évoquer l’ambiguïté des motivations et des agissements des uns et des autres, notamment avec le personnage de l’élève Sevim (Ece Bağcı) au comportement déstabilisant pour Samet ou avec celui, plus étoffé et admirablement incarné de Nuray, une jeune prof d’anglais diminuée physiquement mais au moral d’acier. Cependant malgré son scénario sensible, Les Herbes sèches a les défauts du « style Ceylan », c’est-à-dire une approche trop cérébrale desservie par un manque fâcheux d’action et une lenteur déplaisante d’échanges interminables autour de verres de thé. Certes l’impressionnisme émotionnel et la mise en scène élaborée chers au cinéaste sont au rendez-vous, mais son approche bavarde et intellectualisée pêche souvent par excès d’affectation.       

Commentaire technique 

Image : copie HD, bonne définition et piqué solide sur les gros plans (tournage numérique  avec caméra Sony CineAlta Venice, Master Format 4K), gestion naturaliste du contraste avec de nombreuses scènes détaillées en basse lumière, niveau de noir élevé, étalonnage froid sauf dans les scènes finales, colorimétrie naturaliste aux teintes réalistes nuancées 

Son : mixage turc 5.1, belle clarté des nombreux dialogues, excellente dynamique sur les ambiances (école, tempête de neige, etc.) et sur la musique de Philip Timofeyev (Adagio for Bassoon) et sur l’adaptation au piano par Christos Lekkas de l'aria Addio del passato de l'opéra La Traviata de Verdi, spatialisation immersive naturaliste aux effets surrounds discrets, LFE très ponctuel

Notre avis

Image : (4/5)
Mixage sonore : (4/5)
Bonus : (0/5)
Packaging : (3/5) 

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IMDb : https://www.imdb.com/title/tt13231544/

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