Tokyo-Ga : dans les pas de Yasujirō Ozu (en Blu-ray)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis 

Tout en nous promenant dans les salles de Pachinko, les stands d'entrainement de golf, dans des cimetières où les enfants jouent au base-ball et des squares où des adolescents dansent le rock, Wim Wenders parle du réalisateur japonais Yasujirō Ozu…

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• Titre original : Tokyo-Ga
• Support testé : Blu-ray
• Genre : documentaire
• Année : 1985
• Réalisation : Wim Wenders
• Casting : Chishû Ryû, Werner Herzog, Yûharu Atsuta, Chris Marker
• Durée : 1 h 33 mn 02
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc et Couleur
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 français
• Bonus : entretien inédit avec Wim Wenders (2023, VOST, HD, 43 mn 13) - scènes coupées avec accompagnement musical (14 mn 03)
• Éditeur : Carlotta Films

Commentaire artistique

Comme le détaille Wim Wenders dans le copieux entretien donné en bonus, Tokyo-Ga est un documentaire qui a été réalisé en attendant le démarrage du tournage décalé de Paris, Texas (1984). Produit dans le cadre de la série des journaux filmés, initiée par Cinéma, Cinéma, Tokyo-Ga est tourné à Tokyo en 1983 avec un équipe ultra réduite comprenant un cameraman, Edward Lachman, muni de sa caméra Aäton 16 mm, et d’un preneur de son, Wim Wenders lui-même. Le film sera monté en parallèle de Paris, Texas mais ne sortira qu’en 1985. Dès l’ouverture du film, la voix monocorde de Wim Wenders prévient que ce film n’est pas un pèlerinage sur Yasujirō Ozu mais une exploration tokyoïte destinée à déceler «…s'il restait quelque chose de son œuvre, des images peut-être, ou même des gens... » et à observer si, depuis la mort d’Ozu en 1963, «…tant de choses ont changé à Tokyo qu'il ne reste plus rien à découvrir ». Disons le tout de suite, la mémoire d’Ozu, que Wim Wenders qualifie comme son maître en cinéma, ne sera honorée que par seulement deux témoignages, mais non des moindres, de l’acteur emblématique Chishû Ryû et du chef opérateur attitré Yûharu Atsuta. Le reste du documentaire est constitué d’impressions de voyage dans la métropole japonaise dans laquelle la mini-équipe filme les rues, les édifices (parfois des lieux filmés par Ozu), les enfants qui jouent, la foule dans les transports, les joueurs de Pachinko ou la passion du golf en chambre, etc., le tout assorti d’un commentaire réflexion sur la confusion du monde et les correspondances sensorielles qui pouvaient encore persister en 1983 avec l’œuvre du cinéaste disparu. Les cinéphiles admirateurs de l’œuvre de Yasujirō Ozu seront sans doute désappointés par l’évocation limitée du grand cinéaste japonais, longtemps cantonné par sa patrie à une exploitation locale en raison d’un style jugé trop national pour être compris hors des frontières. Mais outre deux extraits de ses films, Tokyo-Ga mérite véritablement d’être vu pour  les entretiens poignants de Chishû Ryû et de Yûharu Atsuta. Le premier a été l’acteur fétiche qui, de film en film, s’est conforté totalement aux rigueurs d’interprétation exigées par Yasujirō Ozu de tous ses comédiens, gageure tenue pour cet acteur exceptionnel que l’on voit se recueillir sur la tombe du réalisateur. Le second a toujours accompagné la vision dépouillée du cinéaste qui filmait ses acteurs avec une caméra placée au niveau des visages des personnages accroupis et avec un seul et unique objectif, le 50 mm. Artisan de l’image des vingt dernières années de cinéma du réalisateur, Yûharu Atsuta fait une démonstration de la position très basse de la caméra qui l’obligeait à se munir toujours d’une natte, montre le pied spécial construit sur mesure à la demande de Yasujirō Ozu et nous révèle les outils du maitre (un script avec croquis et un chronomètre unique en son genre) : un témoignage fascinant qui se termine submergé d’émotion. Comme l’explique Wim Wenders dans le bonus, il manque un seul témoin indissociable des années Ozu, l’actrice Setsuko Hara, une opportunité manquée  qui est à déplorer mais qui n’enlève rien à l’intérêt de découvrir Tokyo-Ga, un documentaire sensitif captivant.

Commentaire technique 

Tokyo-Ga a été tourné à Tokyo au printemps 1983, à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort de Yasujiro Ozu. Mais il n’a été monté qu’après la finition de Paris, Texas, au cours de l’année 1984. Il a eu sa première au Festival de Cannes en 1985 à Un Certain Regard. La restauration en 2K a eu lieu en 2014 d’après un scan en 4K du négatif original. Les rayures verticales, la saleté, les taches d'eau et les déformations avaient fortement compromis le matériel et nécessitaient des retouches intensives. Les tons pastel des paysages urbains, qui fascinaient particulièrement Wim Wenders à l’époque, ont pu être récupérés, malgré la forte décoloration du négatif original. Les travaux ont été effectués par ARRI Films & TV Services Berlin et ont bénéficié d'un financement de l'Office fédéral allemand du film pour la numérisation du contenu (FFA)

Image : copie HD, bonne définition et piqué sur les détails malgré une texture argentique épaisse (tournage en 16 mm avec caméra Aäton, Master Format 2K 2014), copie propre, contraste nuancé restituant les éclairages captés par la caméra d’Edward Lachman, basses lumières détaillées, noirs solides, étalonnage chaud en demi-teintes, colorimétrie naturaliste subtile et équilibrée 

Son : mixage VF et multilingue 5.1 (remix : monophonique au cinéma), commentaire en VF par Wim Wenders (VO en anglais) dit en voix off un peu monocorde mais équilibrée, interviews en japonais très claires, bonne dynamique générale sur les ambiances sonores urbaines, pas de souffle ou de saturation, spatialisation contenue mais un plus ouverte qu’en 2.0 stéréo et qui profite surtout à la musique, LFE très occasionnel

Notre avis

Image : (4/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5) 

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0090182/ 

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