Le Prince esclave : entre la fable et le film de chevalerie, une réalisation méconnue de Pietro Francisci (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Un jeune garçon enlevé par des pirates puis vendu comme esclave se retrouve échanson à la cour de Constantinople, alors assiégée par les Turcs. Alors qu'un accord de paix est enfin trouvé, le jeune garçon a une vision, provoquée par un astrologue : il serait le fils du roi de Durazzo, enlevé jadis par le fils du Duc de Bourgogne. Il va se lancer dans une quête initiatique qui l'amènera à reconquérir son trône.

>>> ACHETER SUR AMAZON
- LE COMBO BLU-RAY/DVD

LA SUITE APRÈS LA PUB

Titre original : Le Meravigliose avventure di Guerrin Meschino
Support testé : Blu-ray
Genre : aventures
Année : 1952
Réalisation : Pietro Francisci
Casting : Gino Leurini, Leonora Ruffo, Aldo Fiorelli, Anna Di Leo, Camillo Pilotto, Tamara Lees, Ugo Sasso, Antonio Amendola
Durée : 1 h 23 mn 55
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
Sous-titrage : français
Pistes sonores : LPCM 2.0 monophonique italien, français
Bonus : Digipack avec étui le Blu-ray du film (83 mn 55) et le DVD du film (80 mn 34) - le livre « Les Merveilleuses Aventures de Guerrin Meschino » par François Amy de la Bretèque (62 pages) - L'Homme sans nom, présentation du film par Christian Lucas (2023, 23 mn 31) - diaporama d'affiches et photos (1 mn 06)
Éditeur : Artus Films

Commentaire artistique

Réservé aux inconditionnels des films de chevalerie, Le Prince esclave est une version italienne fauchée du genre dominé par la production américaine en Technicolor des années 50 (Ivanhoé, 1952, Les Chevaliers de la table ronde, 1953, Prince Vaillant, 1954). Comme, effectivement (cf. bonus) le film n’est jamais sorti en vidéo en France, cette édition hexagonale est unique, même si techniquement et artistiquement elle aura bien du mal à convaincre les cinéphiles les plus bienveillants. Le scénario, concocté par six auteurs différents, tire parti du premier des huit volumes du roman d’Andrea de Barberino, « Il Meschino da Durazzo », publié en 1473. Le récit, oscillant entre la fable et le récit chevaleresque, se déroule sous le règne de Charlemagne avec pour héros le jeune Guerrino, prince d’Aspromonte, élevé comme le serviteur Meschinus à la cour de Constantinople (un thème rarement abordé dans le genre) alors assiégée par les Turcs. Pietro Francisci, qui va en assurer la réalisation, débuta dans le documentaire avant de passer à la fiction en 1934 et de s’orienter vers le film historique avec Saint Antoine de Padoue (1949) ou Le Prince pirate (1950). Il devient ensuite un des meilleurs spécialistes du péplum italien avec La Reine de Saba (1952), Attila, fléau de Dieu (1954) et ses deux meilleurs œuvres, Les Travaux d’Hercule (1958) et Hercule et la reine de Lydie (1959). C’est donc au moment où il s’affirme comme un excellent artisan du genre qu’il dirige Le Prince esclave mais cette percée vers l’épopée chevaleresque ne lui réussit pas totalement. La faute d’abord au scénario, qui hésite entre merveilleux (sorcière, saurien monstrueux) et film de chevaliers (tournoi, prince et princesse, château), ainsi qu’à un budget si réduit, signe d’une production indépendante, que le film sera tourné à l’économie en noir et blanc avec des décors minimalistes et des figurants peu nombreux. Même si l’on peut apprécier une certaine qualité de la photographie et des cadrages assurés par Giovanni Ventimiglia qui a su magnifier les décors extérieurs romains (Castel Sant’Angelo, murs de la Viale del campo Boario), l’aspect le plus luxueux du film reste cantonné aux superbes costumes. L’autre faiblesse du film réside dans son casting : ni le jeu de Gino Leurini (double rôle de Meschino et son père), alors âgé de 17 ans, ni celui de Leonora Ruffo (Elisenda) ne parvient à faire croire à leur passion amoureuse, plombée par l’impassibilité de leur interprétation. Finalement ce sont les rôles secondaires qui emportent l’adhésion comme celui de la belle magicienne Alcina jouée par Tamara Lees et du turc truculent Pinamonte incarné par Giacomo Giuradei. La prestation du couple comique formé par Anna Di Leo (Costanza) et Alessandro (Aldo Fiorelli) évite de justesse la pantalonnade. Fort heureusement les péripéties nombreuses de l’intrigue, parfois fantastiques, suppléent au manque de charisme des acteurs et l’aspect délibérément kitsch de la production peut procurer ce « charme nostalgique » parfois avancé pour ce film (cf. livre bonus) qui sera à regarder au premier degré comme il a été conçu. Si l’état de la copie est loin d’être irréprochable, cette édition Blu-ray/DVD aura le mérite de faire connaitre Le Prince esclave rarement projeté en France et surtout de l’accompagner d’un livret extrêmement bien documenté sur la production du film et son contexte. Intéressant.

Commentaire technique

Image : copie HD, manque constant de définition et image douce sans aucun piqué sur les détails (tournage en 35 mm), image stable mais avec des défauts (rayures) et trop souvent dépourvue de contraste, noirs manquant sérieusement de densité, gris peu nuancés

LA SUITE APRÈS LA PUB

Son : mixage italien monophonique 2.0, dialogues clairs mais saturés, défauts sonores, dynamique correcte sur les ambiances (combats, cavalcades) et sur la musique de Nino Rota ; VF 2.0 monophonique, claire mais parfois assourdie, doublage daté et artificiel, défauts sonores et souffle très marqué