À l'est d'Éden 4K : tensions familiales et bibliques dans cette adaptation de Steinbeck par Elia Kazan (en UHD)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
En 1917, Adam Trask exploite ses terres à Salinas Valley, aidé par ses deux fils, Cal et Aron. Tous deux croient que leur mère est morte. Cal est persuadé que son père ne l'aime pas. Un jour, il apprend que sa mère n'est pas morte mais qu'elle tient une maison close. Dès lors, ses rapports avec son père vont se dégrader de plus en plus…
- Titre original : East of Eden
- Support testé : UHD
- Genre : drame
- Année : 1955
- Réalisation : Elia Kazan
- Casting : James Dean, Julie Harris, Raymond Massey, Burl Ives, Richard Davalos, Jo Van Fleet, Albert Dekker, Lois Smith
- Durée : 1 h 57 mn 43
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 2,55/1 CinemaScope (HDR10)
- Sous-titrage : français, allemand, castillan, italien, finlandais, néerlandais, danois, norvégien, anglais, allemand, italien
- Pistes sonores : Dolby Atmos (Dolby TrueHD 7.1) anglais - DTSHD-MA 2.0 original anglais - Dolby Digital 3.0 français, allemand, italien, castillan, espagnol (Amérique Latine), tchèque
- Bonus : commentaire audio de Richard Schickel (VO)
- Éditeur : Warner Bros France
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Commentaire artistique
À l’est d’Éden, scénarisé par Paul Osborn, n’adapte que la quatrième partie du best-seller « East of Eden » aux thèmes profondément bibliques que John Steinbeck publia en 1952 : celle où Cal découvre que sa mère est bien vivante. Le titre est emprunté à un verset de la Genèse : «Caïn se retira de devant l'Éternel, et séjourna dans le pays de Nôd, à l'est d'Éden». Premier long-métrage de James Dean, ce drame allait assurer la réputation de cet acteur de télévision vite qualifié de révolté et de comédien accompli, capable d’interpréter très physiquement les rôles d’ados les plus violents. Il est choisi, après le refus de Marlon Brando, par Elia Kazan, qui l’a repéré dans la pièce « L’immoraliste » jouée à New York : il incarnera Cal dans son film À l’est d’Éden dans lequel le cinéaste prend parti pour la jeunesse et consacre James Dean comme un acteur romantique exacerbé. Le réalisateur avait saisi tout le potentiel d’improvisation de sa vedette, très Actors Studio (marqué par ses rapports distants entretenus avec son vrai père), allant jusqu’à provoquer Raymond Massey qui joue son père Adam : le charisme, la spontanéité et la modernité de James Dean crèvent l’écran, même si ses postures excessives, quasi psychotiques, peuvent aujourd’hui passer plus difficilement. L’acteur n’aura tourné que trois films avant sa mort en septembre 1955 et c’est le seul film qu’il aura vu complètement achevé dans sa version commerciale. Le casting réunit autour de lui Julie Harris, qui est Abra, jeune femme qui comprend les tourments de Cal, Richard Davalos, qui joue son frère Aron le préféré du père et jaloux de Cal, et Jo Van Fleet, qui débutait au cinéma et qui sera Kate, la mère de Cal et Aron. Le tournage à Mendocino et Salinas, les lieux indiqués par le roman, est assuré par Ted McCord qui devra composer avec les balbutiements du CinemaScope 55 et les souhaits d’Elia Kazan qui se traduisent par des cadrages tarabiscotés et une prédominance de la couleur verte. Le cinéaste va s'accommoder des distorsions des optiques pour accentuer les frictions de l’intrigue. Le tournage se révèlera également difficile en raison du comportement imprévisible de James Dean, préférant l’improvisation aux dialogues prévus, et de son extrême tension permanente sur le plateau où il était souvent au bord des larmes. Bien qu'à la limite constante du mélodrame, À l’est d’Éden évite l’écueil du cliché grâce au talent de mise en scène de son réalisateur. À sa sortie, le film va sidérer les spectateurs américains en découvrant qu'un acteur de la trempe de James Dean pouvait être capable d’avoir un jeu à fleur de peau, franco de toute artificialité... ce qui n’a pas convaincu les critiques d’alors mais a enclenché le mythe James Dean. Récit à la symbolique biblique manifeste, analyse pertinente du conflit familial et intergénérationnel, performance d’acteur, À l’est d’Éden demeure un film passionnant qui se revoit, avec encore plus d’intérêt, depuis que le film est disponible en qualité 4K. Saisissant.
Commentaire technique
Image : copie UHD, bonne définition, variable selon les plans, et bon piqué sur les détails mais chutant aux extrémités du cadre suite aux distorsion du procédé CinemaScope 55, texture argentique présente et homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K probablement de 2013), copie très propre, belle gestion HDR10 du contraste, images claires, noirs soutenus, blanc nuancés, étalonnage chaud, colorimétrie chatoyante aux teintes vives bien restituées en HDR10 à tendance brun vert, tons saturés
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Son : mixage anglais Dolby Atmos (remix : film sorti en 1955 avec 4 pistes magnétiques et aussi en monophonie), dialogues clairs et équilibrés au centre, très bonne dynamique sur les ambiances et sur la musique colorée de Leonard Rosenman au niveau sonore très élevée, spatialisation très mesurée, assez frontale, aux effets surrounds très discrets (train, orage) avec des canaux de hauteur rarement sollicités et des LFE plutôt ponctuels ; version originale anglaise monophonique 2.0 : pour les puristes c’est la meilleure, claire, équilibrée, dynamique ; VF 3.0 claire, dynamique, spatialisation très limitée, doublage soigné mais daté, intégration limitée aux ambiances
Notre avis
Image : (4,5/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (2/5)
Packaging : (2,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0048028/
LA SUITE APRÈS LA PUB
|