Skip to main content
PUBLICITÉ

Kenji Misumi La Lame à l'œil 4K : des as du katana confrontés aux contradictions du Bushido (en UHD et Blu-ray)

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5) 

Synopsis

La Légende de Zatôichi : Le Masseur aveugle : Ichi, un aveugle d'aspect pataud dans la petite province de Shimosa, se fait vite connaître pour ses talents de masseur et pour son habileté surnaturelle aux dés. Mais, en dépit de son handicap, c'est un bretteur hors pair. Et le boss Sukegoro du clan yakuza Iioka entend bien s'attacher ses services…

 

LA SUITE APRÈS LA PUB

Tuer : le héros, Shingo, a été élevé par le samouraï Takakura, après avoir été sauvé à la suite de l'exécution de sa mère. Il est donc son fils illégitime. En outre, il maîtrise une prise de sabre presque invincible, et s'en sert pour se battre contre les ennemis, jaloux, de son tuteur 

  

Le Sabre : le capitaine Kokubu, maître du club de Kendô à l'université de Tôwa, pratique cette discipline comme un sacerdoce. Mibu, un nouveau membre du club, est en admiration devant Kokubu, et pousse le fétichisme jusqu'à l'imiter dans sa manière de vivre, austère et décalée…

 

La Lame diabolique : jeune jardinier très sportif, Hanpei apprend le maniement du sabre. Se révélant alors un redoutable assassin, il devient l'homme de main d'un grand vassal du château…

LA SUITE APRÈS LA PUB

  

  • Titre français : La Légende de Zatoichi : Le Masseur aveugle - Tuer - Le Sabre - La Lame diabolique
  • Titre original :  Zatōichi monogatari - Kiru - Ken - Ken ki
  • Support testé : UHD
  • Genre : jidai-geki, chanbara, gendai-geki
  • Année : 1962, 1962, 1964, 1965
  • Réalisation : Kenji Misumi
  • Casting : Shintarō Katsu, Masayo Banri, Ryuzo Shimada, Hajime Mitamura, Shigeru Amachi, Eijiro Yanagi, Raizō Ichikawa, Yusuke Kawazu, Hisaya Morishige, Noriko Sengoku, Keiju Kobayashi, Akiko Shima
  • Durée : 1 h 36 mn 08 - 1 h 11 mn 14 - 1 h 35 mn 05 - 1 h 23 mn 06
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 2,35/1 Noir et Blanc Daeiscope (1) - 2,35/1 Couleur Tohoscope (2) - 2,35/1 Noir et Blanc (3) - 2,35/1 Couleur Daeiscope (4) (HDR10)
  • Sous-titrage : français
  • Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique japonais
  • Bonus : Digipack édition limitée à 800 exemplaires - boîtier 5 volets avec étui et visuels inédits de Tony Stella - livret de Robin Gatto « Kenji Misumi La lame à l’œil, en quatre films » (52 pages)
  • Bonus sur l’UHD de La Légende de Zatoichi : Le Masseur aveugle: La Naissance du Mythe, entretien avec Fabien Mauro (29 mn 52) - présentation du film par Takachi Miike (VOST, 2 mn 42) - Le Guerrier handicapé : un grand mythe du cinéma martial (2004, 13 mn 38)
  • Bonus sur l’UHD de Tuer : Un chanbara poétiquement affûté, entretien avec Fabien Mauro (27 mn 25) - Kenji Misumi, au fil du sabre, documentaire (VOST, 2004, 32 mn 04)
  • Bonus sur l’UHD de Le Sabre : Conte cruel du Bushido, entretien avec Fabien Mauro (23 mn 07)
  • Bonus sur l’UHD de La Lame diabolique : Les Grands Malheurs du pouvoir, entretien avec Fabien Mauro (21 mn 11)
  • Éditeur : The Jokers

 

Commentaire artistique  

Ce coffret UHD exclusif réunis quatre films historiques réalisés par Kenji Misumi dont le classique La Légende de Zatôichi : Le Masseur aveugle (1962) et trois autres films (chanbara) constituant une «trilogie du sabre» : Tuer (1962), Le Sabre (1964) et La Lame diabolique (1965). Lorsqu’il dirige ces films historiques en costumes, le cinéaste, qui deviendra un des réalisateurs majeur de la Daiei, doit composer avec le changement radical du genre initié par Akira Kurosawa (cf. livret bonus) : désormais le jidai-geki se veut plus noir et plus introspectif même si Kenji Misumi parvient à conserver son ton poétique et ses innovations visuelles.

En 1962, il amorce la saga Zatôichi avec La Légende de Zatôichi : Le Masseur aveugle. Zatôichi,, héros japonais très populaire, est un masseur aveugle vivant à l’époque d’Edo, imaginé par Ken Shimozawa, à partir d’un personnage réel, dans une nouvelle parue en 1961. Ses aventures ont été racontées dans 26 films sortis entre 1962 et 1989, sans compter la version récente réalisé par Takeshi Kitano (2003). En 2004-2005, un choix de onze de ses aventures avait été édité en France en DVD : Le Masseur aveugle, Mort ou Vif, Voyage meurtrier, Voyage en enfer, Le Justicier, La Route sanglante, Le Défi, Tambours en colère, Zatôichi contre Yojimbo, Le Shogun de l’ombre, Zatôichi contre le sabreur manchot. Zatôichi y est invariablement incarné par Shintarō Katsu qui définit son aspect emblématique avec ses cheveux rasés, son kimono voyant et sa canne-sabre (shikomi-katana). Le personnage Ichi est un masseur aveugle itinérant qui est membre subalterne zatō de la corporation des aveugles, d’où son patronyme de Zatō no Ichi. Virtuose du katana, ses fréquentations mafieuses (yakuzas) le plongent invariablement dans des luttes de clans dans lesquelles il se fait fort de protéger les innocents. L’idée d’adapter la nouvelle au cinéma aurait été proposée par le réalisateur Horoshi Shimizu, mais c’est Kenj Misumi qui réalisera le film avec l’acteur du studio Shintarō Katsu qui, à l’époque, cherchait à se démarquer des rôles traditionnels en jouant le méchant typé dans un film de Kazuo Mori. Mais c’est avec La Légende de Zatôichi : Le Masseur aveugle qu’il deviendra l’acteur archétypal de Zatôichi, l’anti-héros aveugle qui n’est pas à l’abri des bavures involontaires. Dès ce premier film, le talentueux Kenji Misumi porte le mythe à la perfection en pouvant compter sur ses excellents collaborateurs attitrés comme Chikashi Makiura pour la photographie et Akira Naito pour les décors. C’est à leurs compétences artistiques que le film doit son esthétique semi-expressionniste fascinante qui accompagne l’analyse fouillée de la psychologie singulière de ce personnage marginal agissant avec sa moralité toute particulière. Malgré sa lenteur, le film eut un tel succès que la Daiei va capitaliser sur cette valeur sûre et amorcer une saga des plus rentables. Cependant les films qui suivent, mettant en scène Zatôichi, ne sont pas dirigés par Kenji Misumi : il faudra attendre le douzième titre de la saga, La Légende de Zatôichi : Voyage en enfer (1965) pour que le cinéaste retrouve le sabreur aveugle.

Entretemps, entre 1962 et 1964, il va diriger sa trilogie du sabre dont deux des films son basés sur les écrits de Renzaburō Shibata qui s’intéresse aux samouraïs, individualistes et fatalistes, habités par la kyomu ou vacuité du monde et sur la symbolique fatale du katana accaparant toute l’intrigue des trois intrigues.
Tuer (1962), qui suit en partie la nouvelle « Ume isshi » adaptée par Kaneto Shindo, se déroule dans le Japon de l’époque d’Edo dans lequel Shingo Takakura, incarné par Raizō Ichikawa, un samouraï frappé par le destin cherche en vain à retrouver son assurance. Mais son idéalisme dans le respect du Bushido va se heurter à l’hypocrisie et aux combines politiques de ses pairs qui l’enferment dans la spirale de la vengeance. Filmé en scope couleur par Shôzô Honda, Tuer est splendidement mis en scène par Kenji Misumi qui prouve encore une fois sa maitrise du genre.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Le Sabre, adapté d’une nouvelle publiée par Yukio Mishima en 1963, appartient au genre gendai-geki puisqu’il se passe à l’époque moderne dans le contexte d’un Japon pitoyable et réactionnaire. Dans ce film saisissant, Raizō Ichikawa interprète l’entraineur intransigeant d’une école de Kendo, Jiro Kokobu, qui est le prétexte pour Kenji Misumi à fustiger les archaïsmes de la société nipponne encore marquée par son passé féodal concrétisé par la posture rigide et désuète de ce personnage hors du temps. La réalisation hardie et ingénieuse de Kenji Misumi parvient à restituer à l’écran la teneur torturée de la nouvelle. Et, une fois encore, pour l'exprimer, le cinéaste accorde toute son attention au cadre avec une image superbement travaillée par son DP Chikashi Makiura qui joue intensément sur les lumières tranchées et sur la profondeur de champ pour mieux signifier la dimension psychologique des protagonistes.

Le dernier film de la trilogie, La Lame diabolique, renoue avec le jidai-geki : Kenji Misumi, pour la troisième fois, dirige Raizō Ichikawa dans cette intrigue adaptée de « Hitokiri Hanpei » de Renzaburō Shibata. L’acteur incarne Hanpei, un jardinier enfant-chien doté de pouvoirs surnaturels qui devient un redoutable sabreur et cherche à obtenir la considération du clan. Dans la lignée de Tuer,  La Lame diabolique illustre la vision critique de Kenji Misumi sur l’illusion du Bushido et sur l’hypocrisie d’un code de l’honneur qui masque les pires turpitudes d’une humanité dont la guerre est l’unique motivation. Dans ce contexte singulier, Hanpei ne pourra maintenir son idéal de sérénité horticole et sombrera dans la spirale sans fin du  crime gratuit. Filmé brillamment en scope couleur par Chikashi Makiura, ce portrait sans concession, tirant vers l’expressionniste sous influence du Kabuki, flirte parfois avec le fantastique et ne nous épargne aucune scène sanglante, métaphore de cette omniprésence de la mort dans un monde codifié et rétrograde. Dans un final ambigu, le héros, qui n’a plus sa place dans une société qui le rejette, n’a d’autre alternative que de devenir une légende.

 

UHD Kenji Misumi L Arme a loeil

Commentaire technique

Films restaurés en 4K par Kodawa

Image : copies UHD, excellente définition et très bon piqué sur les gros plans (tournages en 35 mm, Master Format 4K), bonne gestion des contrastes en HDR10 avec un surplus de luminosité sur les films en couleurs (2,4), basses lumières bien détaillées, très bon niveau des noirs, blanc nuancés et gris bien étagés (1,3), étalonnage naturaliste chatoyant (2,4) avec une palette variée en HDR de couleurs réalistes vives et de tons nuancés 

LA SUITE APRÈS LA PUB

Son : mixages japonais 2.0 monophoniques, dialogues très clairs bien équilibrés, pas de distorsion ou de saturation, excellente dynamique sur les ambiances (scènes de combats) et sur les diverses compositions musicales d’Akira Ifukube (1), Ichirô Saitô (2), Sei Ikeno (3) et Hajime Kaburagi (4), pas de défaut ou de souffle prononcé

 

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

Coffret UHD chez l'éditeur

IMDb
La Légende de Zatoichi : Le Masseur aveugle : https://www.imdb.com/title/tt0056714/
Tuer : https://www.imdb.com/title/tt0056144/
Le Sabre : https://www.imdb.com/title/tt0366668/
La Lame diabolique : https://www.imdb.com/title/tt0200769/

 

Digipack UHD et Blu-ray disponibles sur Amazon



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ