Les Ombres persanes : rencontres vertigineuses (en Blu-ray, DVD et VOD)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
À Téhéran, un homme et une femme découvrent par hasard qu'un autre couple leur ressemble trait pour trait. Passé le trouble et l'incompréhension va naître une histoire d'amour… et de manipulation.
- Titre original : Tafrigh (تفریق)
- Support testé : Blu-ray
- Genre : thriller, drame
- Année : 2022
- Réalisation : Mani Haghighi
- Casting : Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh, Ali Bagheri, Vahid Aghapour, Saeed Changizian, Esmail Poor Reza, Farham Azizi, Soheyla Razavi, Gilda Vishki
- Durée : 1 h 48 mn 10
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,85/1
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 farsi
- Bonus VOST : entretien avec Mani Haghighi (2023, 23 mn 45) - bande annonce (1 mn 28)
- Éditeur : Diaphana
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Commentaire artistique
Coproduction franco-iranienne réalisé par Mani Haghighi, Les Ombres persanes est thriller surréaliste fascinant qui explore le thème troublant du double. Écrit en collaboration avec Amir Reza Koohestani, le scénario a été inspiré à la fois par le sujet sensible du clonage et par l’expérience du cinéaste qui s’est accidentellement découvert un double exact sur une photographie dans une exposition (cf. entretien bonus). Les scénaristes ont souhaité aborder différemment ce thème, mainte fois exploité au cinéma, en imaginant la rencontre fortuite de deux couples rigoureusement identique physiquement mais dont la vie quotidienne est très contrastée. Un argument vertigineux sur le plan narratif, une fois explorées toutes les pistes dramatiques qui en découlent sur la sensibilité des protagonistes, leur vie affective et leurs perceptions de l’impensable. On peut comprendre que le travail d’écriture n’a pas été simple puisque Mani Haghighi parle de presque neuf années pour boucler l’histoire qui serait à la base d’un thriller psychologique non «expérimental». Pour réussir ce pari, remporté haut la main, il a pu compter sur deux interprètes extraordinaires Taraneh Alidoosti, qui joue Bita et Farzaneh, et Navid Mohammadzadeh, qui incarne Mohsen et Jalal. Les deux comédiens parviennent à rendre tellement crédible l’existence des quatre protagonistes au point de décontenancer le spectateur qui se demandera s’il n’y a pas quatre acteurs différents ! C’est par la nuance de leur jeu et quelques différences matérielles (maquillage, coiffure, costume) que ces couples jumeaux existent. Ce qui ajoute à la confusion, c’est que tous ces personnages ont des affinités qui les rapprochent contribuant à renforcer l’imbroglio et le suspense d’un film noir qui se dérobe à l’entendement. Si Mani Haghighi explore cette situation saisissante à des fins dramatiques, sans jamais avancer la moindre explication rationnelle, il en profite pour analyser ses conséquences philosophiques, comme la question du libre arbitre et du déterminisme, en laissant entendre que les couples auraient pu être agencés différemment. Cette réflexion n’est pas sans corrélation politique dans un pays où la religion d’état nie toute possibilité d’alternative Pour tisser son suspense et ajouter une profondeur émotionnelle, à son intrigue rythmée de mystères et d’opacités, le récit du film Les Ombres persanes se déroule dans le contexte semi-fantastique d’une métropole de Téhéran perturbée par une pluie diluvienne constante. De quoi amplifier la perplexité du spectateur qui ne sera pas apaisé par la conclusion irréaliste mais poignante de ce film de sosies en souffrance. Avec sa superbe interprétation, sa mise en scène fascinante, usant des codes du film noir entre questions philosophiques et réalités sociales, Les Ombres persanes est un film envoutant qui ne peut laisser indifférent. Original et brillant.
Commentaire technique
Image : copie HD, superbe définition avec un piqué sans faille sur les détails (tournage avec Arri Alexa), très belle gestion nuancée du contraste qui restitue les partis pris du DP Morteza Nafaji et du réalisateur Mani Haghighi vers une image assez dense aux faibles lumières détaillées et aux noirs solides, étalonnage réaliste et colorimétrie nuancée aux teintes subtilement naturelles
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Son : mixage farsi 5.1, dialogues centrés bien équilibrés et très clairs, excellente dynamique sur les ambiances sonores élaborées (trafic, bruits urbains) et la partition suggestive et nuancée de Ramin Kousha, spatialisation immersive aux effets surrounds singuliers (pluie, sons urbains) soutenant l’étrangeté de l’intrigue, LFE ponctuellement efficace
Notre avis
Image : (5/5)
Mixages sonores : (4,5/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (2,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt13920920/
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