Virgin Suicides 4K : une œuvre référentielle superbement restaurée en 4K (en UHD et Blu-ray)

Note artistique : (4,5/5)

Synopsis

Dans une ville américaine tranquille et puritaine des années soixante-dix, Cecilia Lisbon, treize ans, tente de se suicider. Elle a quatre sœurs, de jolies adolescentes. Cet incident éclaire d'un jour nouveau le mode de vie de toute la famille. L'histoire, relatée par l'intermédiaire de la vision des garçons du voisinage, obsédés par ces sœurs mystérieuses, dépeint avec cynisme la vie adolescente. Petit à petit, la famille se referme et les filles reçoivent rapidement l'interdiction de sortir. Alors que la situation s'enlise, les garçons envisagent de secourir les filles.

Titre original : The Virgin Suicides
Support testé : UHD
Genre : drame
Année : 1999
Réalisation : Sofia Coppola
Casting : James Woods, Kathleen Turner, Kirsten Dunst, Josh Hartnett, Michael Paré, Scott Glenn, Danny DeVito, A.J. Cook, Hanna Hall, Leslie Hayman, Chelse Swain
Durée : 1 h 36 mn 45
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,66/1 (HDR 10)
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 anglais, français
Bonus : combo avec l’UHD et le Blu-ray du film
Bonus sur le Blu-ray en VOST : Making of (2000, 23 mn 04) - Soundtrack by Air, entretiens avec Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin (Studiocanal, 2022, 25 mn 11) - Revisiting The Virgin Suicides, entretiens avec Sofia Coppola, Kirsten Dunst, Josh Hartnett et Ed Lachman (Criterion, 2018, 26 mn 12) - Strange Magic, analyse du film par Tavi Gevinson (Criterion, 2018, 13 mn 13)
Éditeur : Pathé !

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Commentaire artistique

Après avoir été actrice, en débutant dans les films de son père comme Le Parrain (1972) et Le Parrain 2 (1974), et après avoir dirigé un court métrage Lick the Star en 1988, Sofia Coppola devient en 1999 réalisatrice de longs métrages avec Virgin Suicides. Ce film devenu culte et référentiel la fait connaitre au grand public et à la critique comme une cinéaste de talent, ce que va confirmer brillamment l’oscar remporté l’année suivante pour Lost in Translation. Le scénario de Virgin Suicides, qu’elle écrit avec l’intention de le réaliser elle-même (cf. bonus), est adapté du premier roman de Jeffrey Eugenides. Selon la réalisatrice, c’est la mort accidentelle de son frère Gio, qui l’aurait inconsciemment poussée à rédiger cette histoire dans laquelle l’auteur parvient à exprimer les troubles de l’adolescence. Le film, plutôt respectueux du roman, va parvenir à évoquer cette période essentielle de la vie avec une attention sur la découverte de la sensualité et de l’émancipation. L’intrigue, fidèle, est racontée par un adulte (voix de Giovanni Ribisi) qui se souvient de son adolescence dans les années 70 dans un quartier aisé de la banlieue de Détroit. Le narrateur et ses trois copains vont devenir amoureux de leurs voisines, les Lisbon, cinq jolies filles élevées par une mère strictement puritaine, Sara (Kathleen Turner) et par un père professeur de maths au tempérament peu hardi, Ronald (James Wood). Le suicide de la cadette des Lisbon, Cecilia (Hanna R. Hall), va plonger les amis dans la réflexion et les conduire à voler son journal intime pour tenter de comprendre son acte. L’arrivée au lycée d’un coureur de jupons, Trip Fontaine (Josh Hartnett), qui séduit Lux (Kirsten Dunst) va déclencher l’emprisonnement dans la maison familiale des quatre sœurs : Lux, Therese (Leslie Hayman), Mary (Andrea Joy Cook) et Bonnie (Chelse Swain) dont le destin tragique est annoncé d’emblée dans le titre du film. Accompagnée par son père, producteur, et par son frère Roman, directeur de seconde équipe, Sofia Coppola bénéficia pour son tournage à Toronto de la photographie mélancolique d’Edward Lachman et de la participation de stars comme Danny DeVito (le psychiatre) et Scott Glenn (le curé). Très sensible à la photographie, la cinéaste indique s’être inspirée des clichés de banlieue de Bill Owens et du japonais Takashi Homma. Montré en première mondiale à Cannes en mai 1999, Virgin Suicides ne récolte aucun prix mais fait forte impression avant de connaitre, depuis, un succès amplement mérité. Entre onirisme et trivialité, l’adaptation parvient à transmettre l’esprit du roman, bien que son auteur ait indiqué que sa conception des filles Lisbon était abstraite et donc difficilement transposable à l’écran. Entre la magie de l’amour que fantasment les garçons et le désenchantement de la réalité, parfaitement concrétisé par la scène du terrain de sport, Virgin Suicides est construits sur d’infimes détails qui oscillent sans cesse entre une vision idéalisée des émois adolescents et la dureté de l’encadrement familial pudibonde qui ne laisse rien passer. La réussite du film de Sofia Coppola réside dans son parti pris de ne jamais donner d’explications tangibles à l’énigme du choix des sœurs Lisbon qui laissera perplexe jusqu’à leur maturité les garçons qui les ont aimées comme des êtres chimériques. S’il est question de la perte de l’innocence, de la fin d’une époque enchantée et d’une certaine revendication féministe, Virgin Suicides affirme clairement que l’univers des ados, filles et garçons, ne peut être pleinement compris par les adultes pétris de préjugés (mère, psychiatre, curé). Avec sa délicatesse extrême et son art de l’impalpable, fondé sur le portrait des sœurs vues comme des déesses éthérées et sur le charme mélancolique du basculement, Virgin Suicides laisse planer le doute sur les motivations suicidaires de ce clan de jeunes filles. Ces sœurs alanguies et désespérées symbolisent toute une génération étouffée et sexuellement réprimée par le paternalisme prude des adultes, un sentiment certainement partagé par la jeune réalisatrice alors âgée de 28 ans. Virgin Suicides avait su anticiper les scléroses et les mutations de la société : ce film séduisant pourra être découvert ou revu grâce à la très bonne copie 4K restaurée de cette édition, accompagnée de suppléments repris et sous-titrés de l’édition Criterion de 2022, plus une intéressante interview des musiciens du groupe Air. Fascinant.

Commentaire technique

Film restauré en 4K à partir d’un scan produit avec un Lasergraphics Director du négatif original 35 mm sous la supervision de la réalisatrice Sofia Coppola qui a décidé du nouveau format 1,66/1 (le film avait été projeté en 1,85/1 à sa sortie) et du directeur de la photographie Edward Lachman. Le son a été restauré à partir de la piste magnétique 35 mm Dolby SR

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Image : copie UHD, très belle définition et piqué magnifique sur les gros plans, texture homogène fine et homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K 2022 restauré), image propre nettoyée de toute imperfection, excellente gestion HDR10 des contrastes, image lumineuse mais bien détaillée en basse lumière, noirs soutenus, étalonnage chaud dans l’esprit des années 70 avec une colorimétrie dotée d’une légère dominante magenta, couleurs extrêmement nuancées en HDR10, compression très fluide

Son : mixage anglais 5.1 (remix), dialogues très clairs et équilibrés, excellente dynamique sur les ambiances assez retenues, sur les chansons de la BO et sur la musique composée par Air, spatialisation mesurée aux effets surrounds naturalistes discrets, LFE très ponctuels ; VF 5.1, claire, dynamique, doublage soigné et bien intégré