Colère noire - Deux flics à abattre - Mister Scarface : trois poliziotteschi efficaces mais superficiels (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : 



(3/5)
Synopsis
Colère noire : deux enfants sont enlevés à la sortie de l'école. L'un est fils d'un riche promoteur, l'autre celui d'un simple garagiste. Après une demande de rançon de 10 milliards, les kidnappeurs exécutent le fils du garagiste. La vengeance du père sera terrible…
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Deux flics à abattre : Alfredo et Antonio luttent contre le crime au sein d'une unité spéciale très particulière, au-dessus de toutes institutions et lois. Ils opèrent dans l'arrogance la plus totale, mais quand ils doivent traquer Roberto Pasquini, un membre éminent du milieu, les choses se compliquent sérieusement…
Mister Scarface : Manzari, un gangster balafré surnommé Scarface, est poursuivi par Ric, qui souhaite se venger de l'assassinat de son père. Pour cela, il tente de fomenter une guerre des gangs…
- Titre original : La Città sconvolta: caccia spietata ai rapitori - Uomini si nasce poliziotti si muore - I Padroni della città
- Support testé : Blu-ray
- Genre : poliziottesco, thriller, action, comédie
- Année : 1975, 1976, 1976
- Réalisation : Fernando Di Leo, Ruggero Deodato, Fernando Di Leo
- Casting : (1) Luc Merenda, James Mason, Irina Maleeva, Marino Masé, Daniele Dublino, Vittorio Caprioli, Valentina Cortese, Marco Liofredi (2) Marc Porel, Ray Lovelock, Adolfo Celi, Franco Citti, Silvia Dionisio, Marino Masé, Renato Salvatori, Sergio Ammirata (3) Jack Palance, Al Cliver, Harry Baer, Gisela Hahn, Enzo Pulcrano, Carmelo Reale, Edmund Purdom, Vittorio Caprioli
- Durée : 1 h 38 mn 16 - 1 h 36 mn 36 - 1 h 35 mn 39
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,85/1
- Sous-titrage : français, anglais
- Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique italien, anglais, français (1)
- Bonus sur les trois Blu-rays : boîtier métal Futurepak limité à 500 exemplaires - livret « Les années de plomb. Volume 1 » rédigé par Alain Petit (24 pages)
- Bonus sur le Blu-ray de Colère noire : le Blu-ray du film (98 mn) et le DVD du film (94 mn) - le film par Gérald Duchaussoy et Romain Vandestichele (24 mn 03) - Fernando Di Leo : L'autre trilogie, documentaire (VOST, 2005, 27 mn 08) - bande annonce (1 mn 54) - Dans la même collection
- Bonus sur le Blu-ray de Deux flics à abattre : le Blu-ray (97 mn) et le DVD du film (94 mn) - le film par Gérald Duchaussoy et Romain Vandestichele (21 mn 00) - Violent Cops, documentaire (VOST, 2005, 40 mn 03) - Ruggero Deodato : ses publicités commentées (19 mn 32) - bande annonce internationale (4 mn 11) - Dans la même collection
- Bonus sur le Blu-ray de Mister Scarface: le Blu-ray (96 mn) et le DVD du film - le film par Gérald Duchaussoy et Romain Vandestichele (18 mn 39) - bande annonce internationale (1 mn 27) - Dans la même collection
- Éditeur : Elephant Films
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Commentaire artistique
Les trois films de cette livraison « Les années de plomb » ont été écrits par Fernando Di Leo dans les années 70, lorsqu’il abandonne la scénarisation des westerns-spaghetti au profit des polars à l’italienne ou poliziotteschi. S’il réalise Colère noire et Mister Scarface, il laisse à Ruggero Deodato le soin de diriger le cynique et violent Deux flics à abattre.
Colère noire a été réalisé durant les « années de plomb » qui ont ensanglanté la société italienne à la fin des années 60 et qui est toujours un souvenir politique sensible en Italie. À cette époque, la plupart des organisations « marxistes » recourent à la violence dont la radicalité est perçue comme une nécessité politique de lutte contre le système. Parmi les modes opératoires privilégiés, celui du kidnapping a été souvent pratiqué : c’est tout le sujet de ce poliziottesco qui est une œuvre de commande du producteur Galliano Juso et qui va devenir un des films de Fernando Di Leo les plus plébiscité par le public. Le sujet est assez scabreux dans la mesure où un enfant est tué, plongeant son père Mario (Luc Merenda) dans une rage destructrice. Il va exercer une vengeance impitoyable en agissant par lui-même tandis que la police locale, dirigée par le commissaire Magrini (Vittorio Caprioli), se complait dans de stériles tergiversations. Par contraste, la famille de l’autre enfant enlevé, réunit l’ingénieur Filippini (James Mason), un père industriel, et son épouse Grazia (Valentina Cortese), une comtesse : des parents qui ne pensent qu’à sauver leur rejeton en payant la rançon. On sera plutôt surpris par la présence du grand James Mason qui joue un rôle antipathique dans un polar italien sans génie. L’intrigue manichéenne ne s’embarrasse pas de subtilité et invite le spectateur à suivre les représailles sanglantes de Mario qui occupent une belle part du métrage. En justicier pratiquant la vendetta sans pitié, ce père, au comportement très douteux, est traité comme un héros romantique, paradant sur sa moto et maniant les armes avec une dextérité de professionnel. Sans minimiser son immoralité foncière, Colère noire brosse aussi le tableau pessimiste d’une société aux ordres et incapable de faire respecter la loi. Un polar, plutôt discutable dans le fond, faisant l’apologie de l’auto-justice expéditive comme prétexte à un divertissement musclé.
Deux flics à abattre a été réalisé par Ruggero Deodato, cinéaste réputé pour avoir surtout dirigé des films d’horreur très gore comme Le Dernier monde cannibale (1977) et surtout le choquant Cannibale Holocauste (1980). Deux flics à abattre tourné en 1976, donc avant ces films, est le seul poliziottesco à l’actif du cinéaste. En raison de sa violence, certaines scènes seront censurées mais le film est néanmoins un succès en salle dès sa sortie. Le casting réunit Ray Lovelock et Marc Porel dans le rôle d’Antonio et d’Alfredo, des deux flics incontrôlables dont Ruggero Deodato a supprimé toute allusion à l’homosexualité qui était bien présente dans le scénario. Il confie les rôles féminins à Silvia Dioniso, sa femme d’alors, et à la sœur de celle-ci Sonia. Adolfo Celi, acteur très populaire abonné aux rôles de méchants, incarne cette fois-ci le chef de l’unité spéciale et Renato Salvatori le mafieux « Bibi ». Le film ne manque pas de scènes cultes comme cette scène d’ouverture mémorable avec sa longue et impressionnante poursuite en moto dans les rues de Rome tournée sans autorisation ou les divers meurtres « légaux » perpétrés par le duo de flics impertinents et amoraux. La surenchère révoltante de la violence et du sadisme totalement machiste place ce film dans la catégorie des polars hypertrophiés que rien n’arrête (excepté la censure avec neuf minutes enlevées et pas complètement réintégrées) et dont le cynisme de l’intrigue, menée par deux flics psychopathes, a bien du mal à pouvoir être justifiée. Deux flics à abattre révèle néanmoins la corruption qui imprègne tous les niveaux de la société et possède toute l’énergie nécessaire pour garantir le divertissement.
Mister Scarface est réalisé par Fernando Di Leo après l’expérience malheureuse de son polar Gli amici di Nick Hesard (1976). Le scénario, qu’il coécrit avec Peter Berling, recourt sans grande subtilité au thème classique de la vengeance : pour y parvenir Ric (Al Cliver), qui veut venger son père, va, avec l’aide de Tony (Harry Baer), déclencher accidentellement une guerre des gangs opposant le clan dirigé par Manzari « Scarface » (Jack Palance) à celui de Luigi Cerchio (Edmund Purdom). Outre la présence de ces acteurs américains connus dans des rôles furtifs, Mister Scarface opte pour un contexte plutôt surprenant : l’essentiel de l’intrigue met aux prises des seconds couteaux dont la réalisation se plait à décrire les agissements. Ici pas de parrain notoire mais des voyous basiques issus de la classe défavorisée qui tentent de subsister dans les combines plus ou moins louches. Filmé entièrement à Rome, dans les décors urbains souvent peu reluisants (abattoirs, salle de billard), Mister Scarface est proche de la chronique triviale qui dépeint le fossé séparant les petits truands fauchés, oisifs et en quête de coups lucratifs et les leaders visant la respectabilité bourgeoise. Le film démontre, avec une réelle efficacité et un sens consommé de l’action énergique, que les agissements de ces divers malfrats sont loin d’être concertés et s’opèrent au gré des opportunités. Si dans son film la violence est bien réelle, Fernando Di Leo traite ce poliziottesco avec une ironie décalée qui le démarque des polars italiens à la mode. Filmé avec intensité par Enrico Menczer, Mister Scarface souffre cruellement de l’absence d’acteurs significatifs : les stars américaines ne font que passer et le reste du casting manque souvent de présence et, surtout, de femmes fatales. Distrayant mais guère mémorable.
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Commentaire technique
Colère noire
Image : copie HD, bonne définition et beau piqué sur les gros plans, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), copie propre mais pas exempte de défauts (taches, lignes), excellent contraste avec une image très lumineuse en extérieur, noir soutenus, étalonnage chaud, colorimétrie réaliste aux teintes vives naturelles et tons nuancés
Son : mixage italien 2.0 monophonique, dialogues postsynchronisés (James Mason est doublé par Giorgo Piazza) clairs mais niveau trop élevé, très bonne dynamique sur les ambiances d’action et sur la musique typée de Luis Bacalov, pas de distorsion ; version anglaise 2.0 monophonique postsynchronisée plus sourde et moins dynamique ; VF 2.0 monophonique claire, dynamique limitée, doublage pas assez intégré aux ambiances
Deux flics à abattre
Image : copie HD, assez bonne définition et texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), image propre, contraste naturaliste, étalonnage chaud, colorimétrie réaliste aux teintes nuancées
Son : mixage italien 2.0 monophonique, postsynchronisation claire et sans distorsion, niveau élevé, excellente dynamique sur les scènes (nombreuses) d’action et la musique d’Ubaldo Continiello ; version anglaise 2.0 monophonique claire, bonne dynamique, doublage correct mais peu intégré aux ambiances
Mister Scarface
Image : copie HD, bonne définition et très bon piqué sur les détails, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), copie propre, excellent contraste avec des noirs denses, étalonnage chatoyant chaud, colorimétrie naturaliste aux teintes vives
Son : mixage italien 2.0 monophonique, dialogues postsynchronisées (Jack Palance est doublé par Pino Locchi et Edmund Purdum par Sergio Graziani) clairs et énergiques, très bonne dynamique sur les scènes d’action (tirs, poursuites en automobile, coups de poing) et sur la musique allègre de Luis Bacalov, pas de distorsion ; version anglaise 2.0 monophonique claire, dynamique, doublage soigné avec la vraie voix de Jack Palance
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : (3/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3,5/5)
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IMDb
Colère noire : https://www.imdb.com/title/tt0072786/
Deux flics à abattre : https://www.imdb.com/title/tt0075375/
Mister Scarface : https://www.imdb.com/title/tt0076518/
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