Je veux vivre ! : Susan Hayward oscarisée dans ce film mémorable contre la peine de mort (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4,5/5)

Synopsis

Accusée du meurtre d'une riche veuve, Barbara Graham comparaît devant le juge et les jurés d'un tribunal hostile. Entre ses fréquentations douteuses et sa vie réputée dissolue, rien ne plaide en sa faveur, pas même son ancien mari qui, sous l'emprise de la drogue, n'a aucun souvenir de sa présence à ses côtés au moment des faits. Barbara aggrave encore son cas en acceptant qu'un enquêteur lui fournisse un alibi. Un piège. Seul Carl Palmberg, expert psychologue, croit en son innocence, bientôt rejoint par un journaliste pourtant convaincu il y a peu de sa culpabilité.

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• Titre original : I Want to Live !
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, biopic
• Année : 1958
• Réalisation : Robert Wise
• Casting : Susan Hayward, Simon Oakland, Virginia Vincent, Theodore Bikel, Wesley Lau, Philip Coolidge, Lou Krugman, James Philbrook, John Marley, Alice Backes
• Durée : 2 h 01 mn 19
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : LPCM 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : présentation du film par Rafik Djoumi, journaliste (40 mn 37)
• Éditeur : BQHL Éditions

Commentaire artistique

Je veux vivre ! a été realisé par Robert Wise, un excellent cinéaste capable de diriger des œuvres prestigieuses dans presque tous les genres : Nous avons gagné ce soir (1949), Le Jour ou la terre s’arrêta (1951), West Side Story (1961), La Maison du diable (1963) et Star Trek, le film (1979). Intégrant habilement les codes hollywoodiens plutôt que de les dénigrer, cet «artisan» talentueux (cf. bonus) a pu alterner les films de divertissement avec des productions plus ambitieuses qui lui tenaient à cœur : Je veux vivre ! est l’une d’entre elles. Inspiré par la vie de Barbara Graham, troisième femme exécutée dans la chambre à gaz en Californie, le scénario original qui avait été écrit par Don Mankiewicz (fils du scénariste Herman J. Mankiewicz) a été révisé, à la demande de Robert Wise, par Nelson Gidding. La nouvelle version, plus resserrée, élimine la description de l’enfance agitée de l’accusée, ainsi que celle du meurtre (uniquement évoqué au tribunal) et des mois passée à la San Quentin State Prison en attendant un procès en appel. Produit par Figaro Inc. (société fondée par Joseph L. Mankiewicz), Je veux vivre ! bénéficie d’une musique de Johnny Mandel, compositeur renommé de jazz. L’intrigue fictionnelle, basée sur les lettres de l’accusée et sur les écrits du journaliste Ed Montgomery (joué par Simon Oakland), présente une version arrangée des faits en laissant planer le doute sur la culpabilité de Barbara Graham, admirablement incarnée par Susan Hayward qui remportera l’Oscar et le Golden Globe 1959 pour son interprétation. S’il est fort probable que Barbara Graham ait été coupable, ce n’est pas le propos principal de Je veux vivre ! parce que ce film est davantage un pamphlet contre le système de la peine de mort indigne de toute démocratie. C’est dans cette intention que le traitement du film est structuré en trois mouvements (cf. bonus) : la vie dissolue de la prostituée, parjure et antisociale Barbara Graham, dépeinte sans indulgence, sa capture et son procès, son exécution. Si le film prend des libertés avec les faits, il est cependant assez fidèle sur certains points, comme par exemple son piégeage par un agent infiltré qui a enregistré ses aveux. Il est d’ailleurs manifeste que très vite la culpabilité de Barbara Graham passe au second plan : le troisième tiers du film, insoutenable, va détailler avec une rigueur documentaire (le réalisateur va même pousser son enquête jusqu’à assister à une réelle exécution capitale) les dernières heures de la condamnée dans le couloir de la mort : la préparation du gaz létal, les multiples attentions des gardiens et des infirmières, les intolérables suspensions d’exécution, tout le rituel de la préparation, etc. De cette douloureuse étape finale, rien ne sera épargné au spectateur. Robert Wise a réussi magistralement à exprimer la question au centre de son pamphlet : comment une nation civilisée et démocratique comme les USA peut-elle, en même temps, appliquer la barbarie de la peine capitale et déployer des trésors de sollicitude pour le condamné ? Difficile ne pas être touché par l’inhumanité de la peine, quel que soit le degré de culpabilité de Barbara Graham, et par la barbarie de la solution ! À sa sortie, le film suscitera l’approbation de nombreux intellectuels opposés à la peine de mort comme Arthur Miller ou Albert Camus. Le Prix Nobel écrira en mars 1959 que l’honneur de Je veux vivre ! est d’avoir contribué à l’avènement du « jour de véritable civilisation ». Hélas, le film reste encore d’actualité dans les divers états américains où l’on applique toujours la peine capitale.

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Commentaire technique

Image : copie HD, belle définition et piqué souvent excellent sur les détails, texture argentique fine et homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K), image propre, excellent contraste qui restitue bien le travail sur les éclairages de Lionel Lindon, images lumineuses aux noirs francs, blancs nuancés, échelle des gris régulière

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs sans distorsion ni bruit de fond, bonne dynamique sur les ambiances (tribunal, journalistes) et sur la musique de Johnny Mandel ; VF 2.0 monophonique, claire, dynamique, doublage soigné et équilibré