La Vengeance est à moi : portait sans fard d’un tueur en série (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
En octobre 1963, la police découvre les cadavres de deux collecteurs de taxes dans la campagne. Le suspect est l'un de leurs collègues : Iwao Enokizu, un escroc plusieurs fois condamné. Réfugié dans une auberge d'Hamatsu, Enokizu se fait passer pour un professeur d'université et poursuit ses méfaits alors que son portrait est affiché dans tout le Japon…
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• Titre original : Fukushû suru wa ware ni ari (復讐するは我にあり
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1979
• Réalisation : Shôhei Imamura
• Casting : Ken Ogata, Mayumi Ogawa, Rentaro Mikuni, Mitsuko Baisho, Nijiko Kiyokawa, Chocho Miyako, Chocho Miyako, Taiji Tonoyama
• Durée : 2 h 20 mn 43
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,96/1 Vistavision recadré en 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique japonais
• Bonus : combo avec le Bluray et le DVD du film - Shohei Imamura, la revanche est à lui, par Clément Rauger et Fabrice Du Welz (8 mn 12)
• Éditeur : The Jokers
Commentaire artistique
Précédant plusieurs chefs-d’œuvre, La Ballade de Narayama (1983, remake du film de 1958 de Keisuke Kinoshita), Pluie noire (1989) et L’Anguille (1997), La Vengeance est à moi fait suite à divers films mémorables du réalisateur Shôhei Imamura qui, avec une rigueur scientifique digne d’un entomologiste, décrivaient sans concession les réalités de la société japonaise. À la suite de l’échec de son docu-fiction au titre évocateur de son contenu, Histoire du Japon racontée par une hôtesse de bar (1970), le réalisateur, ruiné, délaissa le cinéma pour la télévision. La Vengeance est à moi marque son retour au 7e Art en 1979 avec un acteur promis à un bel avenir Ken Ogata qui avait débuté au théâtre et à la télévision. Le scénario de Masaru Baba adapte un roman de Ryūzō Saki de 1976 qui décrivait les méfaits du tueur en série Akira Nishiguchi, escroc et auteur de cinq assassinats, exécuté en décembre 1970. Avec sa mise en scène efficace et rigoureuse et son casting d’exception, La Vengeance est à moi se classe d’emblée parmi les meilleurs films consacrés aux serials killers. Présenté à partir de l’arrestation du meurtrier, l’intrigue implacable déroule toutes les turpitudes attribuées au tueur dont la cavale de 78 jours racontée par la presse a fasciné le public nippon. Plus que ses meurtres atroces, ce sont ses escroqueries qui stupéfient : dans La Vengeance est à moi, le tueur, rebaptisé Iwao Enokizu, se fait passer pour un avocat, puis pour un professeur d’université, pour abuser ses victimes : toute la force du film est de présenter frontalement, sans aucun fard ni jugement, les atroces méfaits physiques et psychologiques perpétrés, tout en restant très fidèle à la réalité. Le déroulement du récit est traité avec une certaine complexité à travers divers flashback de manière à témoigner avec nuance du contexte qui a forgé la personnalité du tueur, comme l’évocation d’un traumatisme enfantin et celle des relations troubles entre son père (Rentarō Mikuni) et sa propre épouse (Mitsuko Baishō), qui ne suffisent pas néanmoins à tout décrypter. Pour incarner le serial killer, Ken Ogata est l’interprète parfait, capable d’interpréter l’impassibilité de cette personnalité énigmatique et hautaine de psychopathe sans barrière, dont l’apparente banalité lui permettra de commettre vols, viols et tueries. Cette frénésie destructrice, même si elle connait une pause avec l’épisode de la femme aubergiste (Mayumi Ogawa) et de sa vieille mère perverse (Nijiko Kiyokawa), donne lieu à une description clinique d’une grande noirceur, baignant dans l’amoralité et sous-tendue par l’idée de péché (les protagonistes sont catholiques), dont le film ne se départit jamais jusqu’à la séquence finale. Déstabilisant, La Vengeance est à moi est un drame très sombre dont la vision désespérante de l’humanité passe par un portrait de sociopathe sans émotion et sans état d’âme : glaçant.
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Commentaire technique
Restauration en 4K en 2020 par Shoshiku MediaWorX Inc.
Image : copie HD, bonne définition et piqué variable, texture argentique homogène (tournage en 35 mm Vistavision, Master Format 4K restauré en 2020), format 1,85/1 retenu (film aussi exploité en 1,66/1 qui pourrait être le cadrage originel mais le doute subsiste), image propre et lumineuse, bon contraste dans les scènes en basse lumière, noirs solides, étalonnage chatoyant, colorimétrie aux couleurs vives et tons saturés
Son : mixage japonais 2.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion, excellente dynamique sur les ambiances et la musique typée signée Shin'ichirō Ikebe
Notre avis
Image : (4/5)
Mixage sonore : (3,5/5)
Bonus : (2/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0079182/
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