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Trois films de Med Hondo (Soleil Ô - West Indies, les nègres marrons de la liberté - Sarraounia) : la face obscure du colonialisme, de l’esclavage à l’immigration (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Med Hondo 3 films 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

Soleil Ô : un immigré africain, en quête de travail, découvre le racisme, le désintérêt des syndicats et l'indifférence des dignitaires africains qui vivent à Paris. Un cri de révolte contre toutes les formes d'oppression, la colonisation et toutes ses séquelles politiques, économiques et sociales ainsi qu'une violente dénonciation des fantoches installés au pouvoir dans beaucoup de pays d'Afrique par la bourgeoisie française.

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West Indies, les nègres marrons de la liberté : cette vaste fresque musicale couvre des centaines d'années d'histoire, de l'esclavage à l'immigration du XXe siècle. Elle se déroule sur un énorme navire négrier et offre un éventail éblouissant de chorégraphies brillantes, de styles musicaux très variés et de satires acérées.

Sarraounia : évocation de la vie de la Reine Sarraounia qui a lutté avec une vigueur incroyable contre une colonne militaire du Soudan français qui devait repousser la marche foudroyante de Rabah, le « Sultan noir » à travers l'Afrique.

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• Titre original : Soleil Ô - West Indies, les nègres marrons de la liberté - Sarraounia
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, animation, musical, historique
• Année : 1967 - 1979 - 1986
• Réalisation : Med Hondo
• Casting : (1) Robert Liensol, Théo Legitimus, Bernard Fresson, Gabriel Glissant, Gilles Segal, Yane Barry, Greg Germain, Armand Meffre, (2) Robert Liensol, Roland Bertin, Hélène Vincent, Fernand Berset (3) Aï Keïta, Jean-Roger Milo, Féodor Atkine, Didier Sauvegrain, Roger Miremont, Luc-Antoine Diquéro, Jean-Pierre Castaldi, Wladimir Ivanovsky, Tidjani Ouedraogo
• Durée : 1 h 43 mn 46 - 1 h 53mn 59 - 2 h 01 mn 34
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc - 1,85/1 Couleur - 2,35/1 Couleur (Technovision)
• Sous-titrage : français, anglais, portugais
• Pistes sonores : LPCM 2.0 monophonique français, créole, fula, dioula
• Bonus : combo avec le Blu-ray et le DVD des trois films - livret « Med Hondo » (40 pages) avec des textes de Maryse Condé, Aboubakar Sanogo, François Catonné, Françoise Pfaff et Abdoul War
• Bonus sur le Blu-ray/DVD du film Soleil Ô : Mes voisins, moyen métrage inédit de Med Hondo (1971, 36 mn 02)
• Bonus sur le Blu-ray/DVD du film West Indies : Making of (1979, 24 mn 40) - bande-annonce originale (1979, 2 mn 51)
• Bonus sur le Blu-ray/DVD du film Sarraounia : bande-annonce originale (1986, 3 mn 02) - entretien avec Med Hondo par François Catonné (extraits) à Montreuil les 15, 22 et 26 novembre 2018 (2023, 13 mn 28)
• Éditeur : Ciné-Archives et Doriane Films

Commentaire artistique

Med Hondo, né en Mauritanie et disparu en 2019, était un artiste complet conjuguant divers talents : d’abord acteur de cinéma et de télévision, puis cinéaste-scénariste africain et producteur, il fut aussi un acteur de doublage VF à la filmographie impressionnante qui prêtera sa voix, entre autre, à Eddy Murphy, à Morgan Freeman, à l’âne dans Shrek 1-4 et à Rafiki dans Le Roi Lion 1-3, etc. Mais c’est au cinéma qu’il va le mieux exprimer, avec talent, ses positions sur le colonialisme en général, mais plus particulièrement sur celui exercé par la France, terre de liberté…
En 1965 il écrit et dirige Soleil Ô dont le titre reprend celui d’un chant antillais sur les esclaves caribéens transplantés du Dahomey. Selon le cinéaste, ce film a été un acte de libération à une époque où, vivant en France, il éprouvait les désagréments de la minorité noire en but au racisme et à l’oppression politico-économique. Sans aucun budget, Med Hondo obtient de laboratoires de développement l’avance de pellicule 16 mm inversible pour pouvoir tourner en trois ans son film partiellement autobiographique. L’équipe technique ne compte que cinq personnes et les acteurs/amis sont bénévoles. Le scenario limpide consiste à suivre les pérégrinations d’un immigré africain (Robert Liensol) qui découvre au quotidien la réalité du Noir expatrié. Selon son souhait le cinéaste concentre en un seul personnage plusieurs caractères pour mieux exprimer la logique singulière des cultures noires. Après une ouverture en animation sur la colonisation et sur l’esclavage, Soleil Ô montre comment l’immigré en quête d’emploi est confronté au racisme, puis au constat cynique exprimé par un sociologue sur l’asservissement économique. Ensuite, le film dépeint la détresse des immigrés africains, ouvriers ou étudiants, et les turpitudes engendrées par la Françafrique. Soleil Ô se termine sur les hurlements de désespoir de l’immigré impuissant qui ne peut que se révolter contre le racisme, l’indifférence et l’oppression. Pour brasser autant d’analyses complexes et d’idées fortes, Med Hondo a choisi une forme «narrative» compliquée qui s’exprime par un mélange énergique et constant de techniques et de genres divers générant une œuvre protéiforme très moderne (plus que jamais d’actualité). Présenté à Cannes en 1970 à la Semaine de la critique, le film, qui a remporté divers prix internationaux, est construit sur la distanciation « brechtienne » et le digression lourde de sens. Soleil Ô constitue un manifeste incomparable pour la lutte en faveur de la décolonisation et use du cinéma comme une arme puissante de soutient de l’indépendance
En 1979, si les conditions de production se sont améliorées, West Indies, les nègres marrons de la liberté, ne fait que prolonger la critique du système colonial en racontant, à sa manière - celle d’une comédie musicale « tragi-comique » - l’histoire de l’esclavage aux iles Caraïbes. Le scénario est basé sur la pièce de Daniel Boukman « Les négriers » (1978) qui, à propos du BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer) créé en 1963 pour favoriser l’emploi des Antillais en France métropolitaine, est analysé comme un organisme destiné à faire taire les contestations outre-mer et qui est caricaturé sous la forme de l'édifiant DUBIDON. Ce théâtre anticolonial militant ne pouvait qu’aller dans le sens du cinéma de Med Hondo : West Indies, les nègres marrons de la liberté sera conçu comme un film musical se déroulant dans un décor unique (un navire négrier construit dans une usine Citroën désaffectée du quai de Javel, symbole éminent de l’exploitation ouvrière) dans lequel se déroule tout un pan de l’histoire de l’esclavagisme aux Antilles, du XVIIe siècle aux années 80, racontée et chantée. Comme la pièce, le film insiste sur cette nouvelle traite inversée de migrants antillais affluant en Europe, surtout en France, même si dans l’esprit du cinéaste le message du film est universel et pas uniquement centré sur l’oppression caribéenne. À travers ses divers tableaux musicaux métaphoriques, West Indies, les nègres marrons de la liberté parle tout autant de l’époque de la traite que du colonialisme économique moderne avec une satire musclée de l’administration, du rôle de l’église et des intérêts politico-économiques : une évocation somme toute très moderne des enjeux antillais. Ce sont les mêmes comédiens qui interprètent tous les personnages à travers les âges selon une mise en scène conciliant, avec habileté et la force du plan-séquence, le décor unique et la dynamique des numéros chantés et dansés.
En 1986, en adaptant le célèbre roman d’Abdoulaye Mamani, « Sarrounia : le drame de la reine magicienne » (1980), Med Hondo réalise Sarraounia qui dépeint des faits pratiquement passés sous silence : les massacres perpétrés en 1899 par l’expédition française Voulet-Chanoine au Tchad et le conflit avec la reine des Azna au Niger. À l’époque de la concurrence coloniale des états européens en Afrique, les deux affreux officiers, responsables de milliers de morts et de crimes de guerre avérés, fous d’ambition, comptaient créer leur propre empire ! Dans la réalité, comme dans le film, ils iront jusqu’à tuer le colonel Klobb envoyé à leur poursuite et seront finalement abattus par leurs tirailleurs mutinés. Sarraounia décrit ces faits mais se concentre sur la résistance de la reine face aux français et le respect qu’elle inspire comme animée par un esprit supérieur. Le film, comme le roman, traite la reine africaine avec la dimension du mythe, du symbole de la lutte anticoloniale et de l’émancipation féminine : une fois encore en parlant du passé, Med Hondo regardait vers l’avenir démocratique faisant du choix de cette reine unificatrice un modèle à suivre. Tourné au Burkina Faso avec d’importants moyens et une figuration impressionnante (400 soldats, 2000 figurants), Sarraounia combine le spectacle épique et le message militant. La reine résistante est incarnée avec force et pugnacité par une jeune femme non professionnelle Aï KeIta, tout à fait remarquable dans ce premier rôle et qui n’a cessé depuis d’être actrice. Encensé par la critique et couvert de prix, Sarraounia sera projeté de manière minimaliste en France et vite retiré du circuit : cette édition permettra donc de découvrir dans de bonnes conditions ce film révélateur d’un épisode peu glorieux de la France colonialiste.

 

Blu ray Med Hondo trois films

Commentaire technique

Soleil Ô

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Le film a été restauré en 2017 par The Film Foundation World Cinema Project (WCP) et la Cinémathèque de Bologne, sous la supervision du réalisateur Med Hondo et du directeur de la photographie François Catonné, grâce à l’African Film Heritage Project financé par George Lucas Family Foundation et The Film Foundation

La restauration a été effectuée à partir d'un tirage inversible 16 mm, et de négatifs contretype 16 et 35 mm déposés par Med Hondo à Ciné-Archives (Paris). La copie inversible numérisée en 4K a été restaurée avec élimination des défauts (saletés, rayures, moisissure). Une copie d’époque 35 mm conservée à la Harvard Film Archive a servi de référence. L'étalonnage a été supervisé par le directeur de la photographie François Catonné. Les pistes magnétiques originales 16 mm ont été utilisées pour la restauration audio. Après numérisation, la bande sonore a été nettoyée et la réduction du bruit de fond a éliminé tous les défauts avec une attention à la dynamique et aux spécificités concernant les percussions et les chants. La bobine 4 ainsi que les mixages des génériques manquant ont été restaurés à partir de la bande originale 35 mm, qui a aussi servi pour remplacer les pistes magnétiques 16 mm dans les parties où le mixage différait légèrement de la copie d’époque 35 mm.

Image : copie HD, bonne définition avec quelques plans flous d’origine et un piqué variable, texture argentique prononcée (tournage en 16 mm inversible, Master Format 4K), image propre, contraste variable avec quelques plans surexposés, noirs soutenus, gris bien étagés
Son : mixage français 2.0 monophonique, dialogues clairs et sans distorsion, bonne dynamique sur les ambiances et sur la musique énergique (percussions) et les chants de Michel Portal, George Anderson, etc., restitution sans défaut, ni bruit de fond, du mixage très sophistiqué de Jean-Paul Drouet

West Indies, les nègres marrons de la liberté

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Le film a été restauré par Harvard Film Archive et Ciné-Archives à partir du négatif image original 35 mm et d’une copie magnétique son. Travail effectué par Blackhawk Films et Lumières Numériques. Supervision de François Catonné et Kibebe Gizaw

Image : copie HD, excellente définition et piqué sur les gros détails, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K), image très bien nettoyée, très belle gestion du contraste, éclairages lumineux, noirs francs, étalonnage réaliste, colorimétrie chatoyante aux teintes naturelles et tons nuancés
Son : mixage français/créole 2.0 monophonique, dialogues et chants très clairs et équilibrés, excellente dynamique qui profite à tous les numéros chantés, pas de distorsion

Sarraounia

Le film a été restauré par Harvard Film Archive et Ciné-Archives à partir du négatif image original 35 mm et d’une copie magnétique son. Travail effectué par Blackhawk Films et Lumières Numériques. Supervision de François Catonné et Kibebe Gizaw

Image : copie HD, belle définition et piqué sur les gros plans, texture argentique discrète (tournage en 35 mm, Master Format 4K), image propre, gestion naturaliste du contraste, images lumineuses, noirs soutenus, étalonnage et colorimétrie réalistes, teintes naturelles nuancées
Son : mixage français, fula et dioula 2.0 monophonique, dialogues clairs et sans distorsion, bonne dynamique sur les ambiances (combats) et les musiques mêlant la tradition d’Abdoulaye Cissé et la composition énergique moderne de Pierre Akendenque

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

IMDb
Soleil Ô : https://www.imdb.com/title/tt0062285/
West Indies, les nègres marrons de la liberté : https://www.imdb.com/title/tt0080125/
Sarraounia : https://www.imdb.com/title/tt0091892/

Site de l’éditeur : https://www.capuseen.com/films/8576-coffret-med-hondo

 

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