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Le Bounty : une version estimable de la célèbre mutinerie (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Le Bounty 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Synopsis

Le 23 décembre 1787, la frégate Bounty de la Royal Navy appareille depuis l'Angleterre en direction de Tahiti où, sur ordre du roi George et de l'Amirauté, elle doit charger des arbres à pain. Si la première partie du voyage se déroule sans incident majeur, les relations se tendent entre le capitaine Bligh et l'équipage à l'issue de plusieurs tentatives ratées de franchir le cap Horn. C'est cependant le retour qui marque la rupture entre les marins et leur commandant, les premiers n'acceptant plus la discipline de fer imposée à bord du navire après avoir passé plusieurs mois au paradis. La révolte gronde, menée par le capitaine en second Fletcher Christian…

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• Titre original : The Bounty
• Support testé : Blu-ray
• Genre : historique
• Année : 1984
• Réalisation : Roger Donaldson
• Casting : Mel Gibson, Anthony Hopkins, Laurence Olivier, Edward Fox, Daniel Day-Lewis, Bernard Hill, Liam Neeson, Phil Davis
• Durée : 2 h 11 mn 06
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,39/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : LPCM 5.1 anglais - LPCM 2.0 français
• Bonus : interview du réalisateur Eric Paccoud (2022, 27 mn 47) - livret « Le Bounty Les galères de la frégate » (32 pages) autour de l’aventure du film.
• Éditeur : BQHL Éditions

Commentaire artistique

L’histoire des révoltés de la frégate Bounty n’a pas cessé de fasciner les écrivains comme les cinéastes. En dehors de la version circonstanciée publiée en 1790 par le capitaine William Bligh lui-même, la relation de la mutinerie a été romancée dans une nouvelle de Jules Verne en 1879 (imaginée à partir d’un texte de Gabriel Marcel) et dans un roman assez fidèle de James Norman et Charles Nordhoff édité en 1932. Au cinéma, on ne compte pas moins de cinq films : Mutiny of the Bounty (1916) de Raymond Longdorf avec Wilton Power et George Cross, In the Wake of the Bounty (1933) de Charles Chauvel avec Errol Flynn et Mayne Lynton, Les Révoltés du Bounty (1935) de Frank Lloyd avec Clark Gable et Charles Laughton, Les Révoltés du Bounty (1962) de Lewis Milestone avec Marlon Brando et Trevor Howard et Le Bounty (1984) de Roger Donaldson avec Mel Gibson et Anthony Hopkins. Dans les versions de 1933 et 1962, les rapports de force entre l’inflexible William Bligh et le fougueux Fletcher Christian sont traités avec un penchant très net en faveur de ce dernier présenté comme un rebelle sympathique, prenant faits et gestes contre l’injustice (apparente) et la tyrannie du capitaine : que ce soit Clark Gable (sans sa moustache) ou Marlon Brando, les acteurs incarnent à leur manière le héros romantique par excellence, un portrait à nuancer pour cet homme qui n’hésite pas, par exemple, à mentir effrontément au roi tahitien Tynah sur le sort de Bligh. En revanche la version de Roger Donaldson Le Bounty, traitée comme un long flash-back (l’officier revenu en Angleterre passe en cour martiale), tempère cette description manichéenne, voir même renverse la tendance (cf. bonus) en accordant à William Bligh, incarné avec subtilité par Anthony Hopkins (acteur encore peu connu à l’époque), une approche un peu plus bienveillante et, somme toute, mieux équilibrée. Il est certain que le franc-parler (cf. « Mr Bligh's Bad Language » de Greg Dening, 1992) et ses colères n’ont pas améliorée l’image du capitaine, mais il faut se rappeler que la discipline était un mal nécessaire pour maintenir la cohésion des équipages de sa Royale Majesté. Après plus de cinq mois de vie alanguie à Tahiti, du 26 octobre 1788 au 4 avril 1789, on peut comprendre, sinon excuser, l’obligation de reprendre en main l’équipage d’une quarantaine d’hommes complétement déconnectés de la vie et de la discipline à bord du navire. Pour le scénario de son film, Roger Donaldson, qui bénéficia de l’adaptation écrite pour David Lean par Robert Bolt du roman de Richard Hough, « Captain Bligh and Mr. Christian » (1973), suit fidèlement les événements : la rencontre avec le roi Tynah (Wi Kuki Kaa), les relations faciles avec les tahitiennes, la mort du docteur, la désertion de trois marins (dont Churchill joué par Liam Neeson encore méconnu), le mariage de Fletcher, interprété par Mel Gibson, avec la jolie Mauatua (Tevaité Vernette), etc. Après le départ de Tahiti, et en moins de trois semaines, les marins nostalgiques de la vie paradisiaque vont se révolter contre leurs officiers. Ils sont menés par Fletcher Christian qui a été brimé par William Bligh qui l’accuse de vol et qui personnifie une autorité désormais mal vécue après le parfum de liberté des îles. Il va alors l’abandonner sur une chaloupe avec 18 marins loyaux qui, au bout de 6710 km et 41 jours, finiront par rallier le port de Coupang (île de Timor en Indonésie) : un exploit naval authentique. Concernant le sort des mutins, le film Le Bounty fait l’impasse sur la tentative de s’installer dans une île proche de Tahiti et sur les péripéties qui suivirent pour ne se concentrer que sur les fidèles de Fletcher restés à bord avec des tahitien(ne)s capturé(e)s jusqu’à l’arrivée à Pitcairn et la destruction du navire (23 juin 1790).
Initialement (cf. bonus) Le Bounty devait être le premier film d’un diptyque réalisé par David Lean, mais le budget insuffisant prévu par Dino de Laurentiis fait capoter le projet. Or la réplique du Bounty, qui venait d’être construite (une coque en acier revêtue de bois) sous la supervision de David Lean en Nouvelle Zélande à Whangarei et avait coûtée quatre millions de dollars, était prête dès 1978… mais invendable. Le film est relancé et confié au cinéaste australien Roger Donaldson qui va profiter de l’exotisme et de la beauté de la Polynésie, captées par Arthur Ibbetson, et par l’atmosphère unique et suggestive de la musique de Vangelis. Si le film possède un superbe casting secondaire avec Laurence Olivier (amiral Hood), Edward Fox (capitaine Greetham) et le débutant Daniel Day-Lewis (John Fryer), il ne laissera pas un grand souvenir à ses stars. Anthony Hopkins se plaindra d’avoir trop préparé intensément son rôle pour un film bâclé : une déclaration à nuancer car son incarnation de William Bligh est remarquable. Mel Gibson, critiqué pour son interprétation peu inspirée, estimait que le film n’allait pas assez loin dans le portrait à charge de Fletcher Christian, un personnage qu’il jugeait opportuniste. Le semi échec du film à sa sortie ne doit pas rebuter : Le Bounty est sans doute la meilleure évocation de la mutinerie, de son contexte polynésien, du caractère contrasté de ses divers protagonistes. Bien joué, superbement photographié et réalisé avec talent, il est grand temps de (re)découvrir cette cinquième version des aventures mouvementées réellement vécue par l’équipage du HMVA (Her Majesty Armed Vessel) Bounty.

Pour les curieux : le modèle construit pour ce film (qui navigue quelque part aujourd’hui en Thaïlande) s’inspire des plans de l’original conservé aux Royal Museums Greenwich. La frégate, qui était à l'origine le charbonnier Bethia, a été construite en 1784 par Blaydes Yard à Kingston upon Hull (Yorkshire). La Royal Navy l'a acheté le 23 mai 1787, remis en état et renommé. Le navire de 215 tonnes était relativement petit (27,7 m de longueur, 7,4 m de haut, tirant d’eau de 3,5 m) et a été équipé de 14 canons. Il a été réaménagé pour sa mission de transport des plants d’arbres à pain (faux pont, doublage du plancher, système d’arrosage).

 

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Blu ray Le Bounty

Commentaire technique

Image : copie HD, bonne définition, piqué sur les détails, texture argentique homogène et discrète (tournage en 35 mm avec caméra J-D-C, Master Format 2K), image pas assez nettoyée (taches blanches), excellent contraste, image très lumineuse, noirs soutenus, étalonnage naturaliste, colorimétrie chatoyante aux teintes vives réalistes et tons nuancés

Son : mixage anglais 5.1 (au cinéma Dolby Stereo), dialogues très clairs et équilibrés, excellente dynamique sur les ambiances (mer, danse à Tahiti) et sur la très belle partition aérienne de Vangelis, spatialisation mesurée aux effets surrounds discrets qui profitent surtout à la musique, LFE très ponctuels ; VF 2.0 stéréo, claire, bonne dynamique, ouverture frontale, doublage artificiel car trop décollé des ambiances

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0086993/

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