Saint Omer : un infanticide révélateur (en DVD et VOD)
Note artistique : 
(3,5/5)
Synopsis
Rama, jeune romancière, assiste au procès de Laurence Coly à la cour d'assises de Saint-Omer. Cette dernière est accusée d'avoir tué sa fille de quinze mois en l'abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France. Mais au cours du procès, la parole de l'accusée, l'écoute des témoignages font vaciller les certitudes de Rama et interrogent notre jugement.
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• Titre original : Saint Omer
• Support testé : DVD
• Genre : drame
• Année : 2022
• Réalisation : Alice Diop
• Casting : Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville, Aurélia Petit, Xavier Maly, Robert Cantarella, Salimata Kamate, Thomas de Pourquery
• Durée : 1 h 57 m 54
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 français
• Bonus : entretien avec Alice Diop par l'association De la suite dans les images (9 mn 47)
• Éditeur : Blaq out
Commentaire artistique
Pour son premier film de fiction, Saint Omer, César du premier film, la documentariste Alice Diop s’inspire d’un infanticide : celui d’une jeune mère sénégalaise, vivant dans le déni et le mensonge, qui a laissé la marée montante noyer sa fillette de 15 mois sur la plage de Berck (Pas-de-Calais). Pour expliquer cet acte sidérant, contre-nature, elle affirmera être envoûtée (maraboutage), ce que les experts qualifieront de « psychose délirante chronique ». Alice Diop, elle-même sénégalaise et mère d’une fillette métisse, fascinée par cette jeune mère au QI d’exception, va suivre son procès à Saint Omer, avec son « rituel documentaire de la justice », qui va rendre justice à la petite disparue. Soulignant certaines affinités avec la jeune mère, la réalisatrice a entrepris de donner une version toute personnelle de l’affaire avec une dimension plus universelle d’un événement qui dépasse les stéréotypes d’enfermement du regard blanc porté sur la négritude. Alice Diop l’affirme, son film, aussi intime que politique, est de « réparer l’invisibilité » des femmes noires mères. Toute la mise en scène de Saint Omer répond à cette intention en cherchant à restituer la complexité du personnage : cela passe par une esthétique picturale des visages de Rama (Kayije Kagame), la romancière, et de Laurence (excellente Guslagie Malanda), l’accusée, photographiées par Claire Mathon et par le souci de ne pas nier la colère et la violence de cette Médée moderne par une explication simpliste de sorcellerie qui disculperait l’inexcusable. La réflexion personnelle de la cinéaste, bien que compréhensible, parasite le mélange des genres de Saint Omer qui est tout autant un documentaire fiction (salle du tribunal) qu'une fiction documentaire (protagonistes). Nonobstant le personnage de la romancière, qui distancie émotionnellement le spectateur de l’enjeu du procès, Saint Omer a tout du film méticuleux reconstituant méticuleusement les audiences à quelques nuances près : les décors et certains dialogues ont été modifiés. Si on ne connait pas, au préalable, les intentions profondes de la réalisatrice, son film de procès parait souvent terriblement technique, voire un peu froid avec ses dialogues très littéraires fort bien joués par un excellent casting. Cependant l’intensité de ce film d’auteur minimaliste, combinant des plans-séquences très longs et de fascinants gros plans, est quelque peu altérée par les pauses « narratives » personnelles liées à l’observatrice écrivaine noire s’interrogeant sur sa maternité. Saint Omer dépasse le simple compte rendu de procès pour ouvrir vers l’universel qui seul peut expliquer la décision de cette femme : c’est tout un substrat social et politique qui sous-tend le portrait de cette nouvelle Médée, infanticide à la dimension mythique. Saint Omer se garde bien de toute position moraliste pour mieux laisser entrevoir les causes profondes. Poignant par instant, comme la plaidoirie de l’avocate (Aurélia Petit), et extrêmement sophistiqué, Saint Omer est un film intellectuel ambitieux coécrit avec l’écrivaine Marie Ndiaye, qui use du fait divers et d’une personnalité équivoque pour interroger sur la complexité de l’être et l’altération culturelle.
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Commentaire technique
Image : copie SD, excellente définition et piqué très correct pour un support DVD (tournage en numérique avec caméras RED Gemini), gestion très calculée des contrastes avec insistance sur les visages, image aux lumières nuancées sur les gros plans, noirs soutenus, étalonnage et colorimétrie naturalises, teintes naturelles chaudes, tons nuancés
Son : mixage français 5.1, dialogues clairs et équilibrés, excellente dynamique sur les ambiances, spatialisation naturaliste aux effets surrounds immersifs sans excès, LFE ponctuellement efficace
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : 
(4/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt15376894/
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