Ni Dieu ni maître, une histoire de l'anarchisme - Vol. 2 - 1945-2012 : des Provo aux Indignés (en DVD et VOD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Moribond au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l’anarchisme renaît peu à peu de ses cendres et finit, au cœur des années 60, par réoccuper le devant de la scène grâce aux révoltes ludiques et libertaires menées partout par la jeunesse. Mais l’échec des mouvements pacifistes et des révoltes de 68 laisse un goût amer. Nombreux sont alors les révolutionnaires à vouloir reprendre la voie des armes. De groupes affinitaires en mouvements décentralisés et de résistances numériques en indignations généralisées, les anarchistes ne vont plus avoir d’autres choix que d’avancer masqués.
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Épisodes
1. Des fleurs des pavés (1944-1968) (52 mn 30)
2. Les Réseaux de la colère (1968-2012) (51 mn 44)
• Titre original : Ni dieu ni maître
• Support testé : DVD
• Genre : documentaire, historique
• Année : 2021
• Réalisation : Tancrède Ramonet
• Casting : Audrey Vernon, Ruth Kinna, Michail Tsovma, Eric Durvenvoorden, Servando Rocha, Carissa Honeywell, Franck Mintz, Mathew Addams, Matthew Carr, Thom Holterman, Michael Schmidt, Robert Graham, Kenyon Zimmer, Claire Auzias, Normand Baillargeon, Marianne Enckell, Jean-Christophe Angaut, David Doillon, Tomas Ibanez
• Durée : 1 h 44 mn 14
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,78/1 Noir et Blanc et Couleur
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : Dolby Digital 2.0 français
• Bonus : livret « Vous êtes la révolution. Nouvelle petite anthologie de textes libertaires » (60 pages) - Punk is Dead (15 mn 28) - Love, Peace and Revolution (18 mn 52) - Anarchistes de droite et libertariens, des tentatives de détournement de l’anarchisme (8 mn 20) - Art et anarchie, des artistes libertaires (6 mn 51) - L’affaire Pinelli, le massacre de la Piazza Fontana (2 mn 02) - We are Legion, Hacktivistes at Anonymes (3 mn 34) - Objection de conscience, la dernière bataille de Louis Lecoin (3 mn 55) - En vert et noir, Murray Bookchin et l’invention de l’écologie sociale (14 mn 26)
• Éditeur : Arte Éditions
Commentaire artistique
En 2017, avec l’édition de ses épisodes 1 et 2, la série de Tancrède Ramonet Ni Dieu, ni maître, une histoire de l’anarchisme se révélait captivante et indispensable pour mieux connaitre l’histoire de l’anarchisme. En 2023, la sortie des épisodes 3 et 4 ne modifient pas ce jugement. Dans ces nouveaux épisodes, l’auteur montre comment l’anarchisme, partout battu en brèche à la fin de la Seconde guerre mondiale, va renaitre en fusionnant avec le mouvement pacifiste dans un contexte antinucléaire et anti-belliciste encouragés par la Guerre froide et par la guerre du Vietnam. Puis comment il va s’inscrire dans une critique de la société de consommation en manque d’idéal. Très détaillée et riches en informations historiques, Ni Dieu, ni maître, une histoire de l’anarchisme a la vertu de remettre les idées en ordre : on découvre ainsi que l’anarchisme n’est pas dogmatique, mais évolue et s’adapte sans cesse avec des succès et des échecs. On devine aussi que les combats libertaires ont préparé le terrain nécessaire aux grandes avancées sociales (avortement, écologie, temps de travail) car, pour l’anarchisme, la lutte émancipe, quelle que soit son résultat. Enfin il faut corriger l’idée reçue que l’anarchisme veut supprimer le pouvoir : il s’agit en fait de combattre toute forme de supériorité, institutionnelle, sociale, privée.
L’épisode 3, Des Fleurs et des pavés (1945-1969), décrit comment l’anarchisme d’après-guerre, encore défendu par Albert Camus, est en déclin et comment il va être réactivé par la guerre froide et par la menace nucléaire qui relance les contestations anticommuniste soviétique et anticapitalistes : les opposants et les mouvements de gauche se réunissent dans des organisations plus ou moins structurées. Le sigle anarchiste du A cerclé est inventé en 1964 par Les Jeunes Libertaires de Paris. Dans les années 60, le mouvement renait avec force et passe à l’action. Les Provo, qui secouent les Pays-Bas avec des graffiti et des happenings, montrent l’exemple aux jeunes de tous les pays. Summer of Love en Californie lance la contre-culture hippie. En Europe et en France, en mai 68, les grèves ouvrières sont rejointes par les protestations émeutière étudiantes et le congrès du mouvement anarchiste à Carrare en Italie crée l’Internationale des Fédérations Anarchistes. Mais la révolution n’aura pas lieu : partout, la répression finit par gagner.
Dans l’épisode 4, Les Réseaux de la colère (1968-2012), cet échec se traduit par une tentative de revenir à la lutte armée initiale. Dans les années 70, en Uruguay, les Tupamaros montrent la voie en prônant l’action directe et la guérilla urbaine : ils sont suivi un peu partout par des groupes actifs (Angry Brigades au Royaume Uni, Mouvement du 2 juin en Allemagne, le MIL en Espagne, Action Directe en France, Weather Underground aux USA) n’hésitant pas à pratiquer le braquage et le dynamitage. Une fois encore la répression l’emporte sans compter la concurrence culturelle du mouvement Punk libertaire contre les valeurs établies. Cependant, alors que l’anarchisme semblait condamné à la clandestinité, il va inspirer les nouvelles résistances du courant altermondialiste (EZLN au Mexique, Black bloc contre le G7, mouvement des Indignés). La conclusion de cette série captivante, qui permet de mieux saisir les enjeux des luttes actuelles, est patente : l’anarchisme, comme critique ultime du capitalisme et des pouvoirs en place, est désormais, pour les autorités, le seul véritable ennemi à combattre. Passionnant.
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Commentaire technique
Image : copie SD, définition et piqué moyens en raison du support basse définition DVD et de la qualité des images d’archive de sources très variées, grain argentique souvent prononcé, image assez propre et stable, bon contraste équilibré entre les divers documents, noirs soutenus, gris étagés, étalonnage réaliste pour les interviews récentes avec des couleurs chauds naturelles et des ton saturés
Son : mixage français 2.0, commentaire en voix off et voix des interviews très claires, excellente dynamique sur les bruitages et la musique de Julien Deguines, spatialisation frontale qui favorise la bande originale, pas de distorsion dans les documents d’archive
Notre avis
Image : (3/5)
Mixage sonore : 
(4/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt6790012/
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