F for Fake (Vérités et mensonges) : l’art comme illusion par un magicien du cinéma (en Blu-ray)
Note artistique : 
(3,5/5)
Synopsis
À la gare d’Austerlitz, Orson Welles, habillé en prestidigitateur, annonce qu'il va dire toute la vérité sur Elmyr de Hory, un émigré hongrois retiré à Ibiza. C’est un des plus grands faussaires des années 60/70 et ses œuvres imitant Braque, Van Dongen, Picasso, Matisse ou Modigliani, ont trompé les meilleurs experts.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
• Titre original : F for Fake
• Support testé : Blu-ray
• Genre : docu-fiction
• Année : 1973
• Réalisation : Orson Welles et Français Reichenbach
• Casting : Orson Welles, Elmyr de Hory, Clifford Irving, Edith Irving, François Reichenbach, Joseph Cotten, Richard Drewett, Laurence Harvey, Jean-Pierre Aumont, Nina van Pallandt, Howard Hughes, Andrés Vicente Gómez
• Durée : 1 h 29 mn 08
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 Couleur
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
• Bonus : Orson Welles, documentaire de François Reichenbach et Frédéric Rossif (1968, 41 mn 15) - Vies, film d'Alain Cavalier, autour de quatre de ses amis, un chirurgien, un sculpteur, un boucher et Françoise Widhoff qui témoigne de son travail d'assistante et de productrice d'Orson Welles, dans la maison-même du cinéaste, près de Paris (2000, 1 h 26 mn 26)
• Éditeur : Potemkine Films
Commentaire artistique
Sur la vaste question de la « vérité » Orson Welles s’y connait : à l’âge de 23 ans, le 30 octobre 1938, il simule à la radio, sur CBS, une attaque martienne inspirée d’Herbert G. Wells et qui, selon une légende à modérer, aurait suscité la panique des auditeurs. C’est tout naturellement que cet épisode, qui lança sa renommée, ait été reconstitué partiellement dans son film semi-documentaire F for Fake (Vérités et mensonges), un essai sur la mystification cinématographique et l’authenticité artistique qu’il coréalisa avec François Reichenbach. Mélange de fiction, avec Orson Welles en prestidigitateur, et de réalisme, avec les images d’un reportage documentaire tourné en 1969 à Ibiza, F for Fake a pour ambition de dévoiler toute la vérité sur le faussaire hongrois Elmyr de Hory (qui se suicidera en 1976) dont le talent est incontestable puisqu’il avait réussi, un temps, à tromper les experts et les musées. Le film fait intervenir aussi Clifford Irving, journaliste et écrivain, qui rédigea en 1969 une biographie d’Elmyr de Hory, mais qui est également, à sa manière, un « faussaire » puisqu’il rédigea en 1971 une autobiographie d’Howard Hugues totalement inventée. Si ce célèbre magnat, aviateur et producteur apparait d’ailleurs dans le film (avec son mirobolant Spruce Goose), ainsi que les acteurs Joseph Cotten et Laurence Harvey, F for Fake est embelli par la présence séduisante et sexy de la copine d’Orson Welles, Oja Kodar, qui, avec François Reichenbach, a eu une part prépondérante dans la réalisation du film. Documentaire étonnant, dont le thème principal du faux en art et de la vérité anticipe nos actuelles Fake News, le film d’Orson Welles, aussi curieux soit-il, exprime clairement la mystification du 7e Art, une approche chère au cinéaste qui se revendiquait autant de Georges Méliès que des grands magiciens dont il revêt la cape. D’emblée il nous promet de ne dire que la vérité pour mieux nous piéger dans la dernière partie de son documentaire… mais il nous avait prévenu ! Machiavélique tour de passe-passe, F for Fake affirme que la vérité en art est une question insoluble en raison de l’ambiguïté de son créateur qui conjugue la technique de fabrication de son œuvre avec l’artifice intellectuel de sa composition forcément influencée par ses pairs. Mais cette analyse devient vertigineuse quand un faussaire aussi habile qu’Elmyer de Hory crée des originaux à la manière d’artistes reconnus. Avec son génie du montage à tiroirs et de la spéculation intellectuelle, Orson Welles se fait un malin plaisir à égarer son public par un jeu savant de mise en abyme et de juxtapositions retorses qui crédibilisent une vérité qui n’en n’est pas une (séquence des voyeurs) ! In fine, F for Fake pose sans l’épuiser la question de la vérité dans l’art et de la nature de l’artiste mais adhère à la proposition de Picasso pour qui l’artiste était un mystificateur, ce que confirme Orson Welles en certifiant que tout ce qui est relaté dans son film est « absolument vrai » pour avouer ensuite avoir contrefait cette histoire en bon maitre de l’illusion cinématographique. Un film malin dirigé par un «charlatan» de génie qui savait pertinemment que le cinéma n’est que l’art de la mystification.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Commentaire technique
Le film a été restauré par Les Films de l’Astrophore et la Cinémathèque en collaboration avec Documentaire sur grand écran, la Cinémathèque Suisse et l’Institut audiovisuel de Monaco avec le soutien de Hiventy et la Fondation d’entreprise Neuflize OBC. Les travaux de restauration ont été réalisés au labo Hiventy à partir du négatif original et au Studio L.E. Diapason à partir des pistes magnétiques 35 mm
Image : copie HD, bonne définition et excellent piqué sur les séquences en 35 mm, netteté et piqué moyens sur les séquences en 16 mm avec une montée importante de la granulation argentique (tournage en 16 mm avec caméra Éclair 16 NPR et en 35 mm, Master Format 2K), gestion homogène du contraste avec des noirs plus tranchés en 35 mm, étalonnage naturel avec quelques dominantes passagères, colorimétrie chatoyante aux teintes chaudes et tons saturés, image propre
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues et voix off (Orson Welles) claires et sans distorsion, bonne dynamique générale qui profite à la musique de Michel Legrand, bruit de fond irrégulier mais parfois assez sensible
Notre avis
Image : (3,5/5)
Mixage sonore : 
(3/5)
Bonus : (3,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0072962/
LA SUITE APRÈS LA PUB
|